©Storengy/Antoine Meyssonnier
La consommation mondiale de gaz connait une forte hausse en 2024 mais la croissance limitée de l'offre de GNL et les tensions géopolitiques rendent la sécurité d'approvisionnement plus délicate, indique l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans un rapport publié ce 3 octobre(1).
Un « équilibre fragile » au niveau mondial
Au cours des 3 premiers trimestres de l'année 2024, la consommation mondiale de gaz a augmenté de 2,8% par rapport à la même période en 2023, selon les données préliminaires de l'AIE (la croissance annuelle moyenne était de 2% par an entre 2000 et 2010).
Compte tenu du ralentissement de la croissance au 3e trimestre, la demande mondiale de gaz pourrait croître de 2,5% sur l'ensemble de l'année 2024 et atteindre un nouveau pic de près de 4 200 milliards de m3. La région Asie-Pacifique devrait compter pour 45% de cette hausse de la consommation.
Et l'AIE estime ainsi que que la demande mondiale pourrait encore s'élever de près de 2,3% en 2025, toujours tirée par les besoins asiatiques.
Quid de l'offre après le choc d'approvisionnement en 2022-2023 ? Le GNL (gaz naturel liquéfié), souvent présenté comme une alternative pour diversifier les approvisionnements gaziers, progresse mais de façon limitée (de « seulement 2% » au cours des 3 premiers trimestres de l'année, contre une hausse moyenne de 8% par an entre 2016 et 2020). Et les tensions géopolitiques engendrant une volatilité des prix créent des incertitudes sur les marchés, contribuant à un « équilibre fragile » selon les termes de l'AIE.
Une « incertitude majeure » en Europe
Si les sites de stockage gaziers sont bien remplis en Europe à l'approche de l'hiver, l'AIE souligne que le futur du transit du gaz russe par l'Ukraine (dont le contrat expire fin 2024), constitue une « incertitude majeure en prévision de l'hiver 2024/25 ».
Dans ses projections, l'AIE table sur une absence totale de livraisons de gaz russe par gazoducs via l'Ukraine à partir de janvier 2025. Ce qui place en particulier la Moldavie en situation de grande vulnérabilité, nécessitant une coopération étroite entre ce pays d'Europe orientale « et les partenaires régionaux et internationaux pour assurer la sécurité de l'approvisionnement énergétique pendant la saison hivernale ».
La fin du transit du gaz russe via l'Ukraine pourrait priver l'Europe entière « d'environ 15 milliards de m3 par rapport à 2024 », selon l'AIE, imposant dans cette zone un recours accru aux importations de GNL en 2025 et créant de fait une tension supplémentaire sur l'approvisionnement mondial.
Les installations de liquéfaction de gaz actuellement en attente d'une décision d’investissement financier ou en construction pourraient toutefois apporter « plus de 270 milliards de m3 par an de capacités supplémentaires d’exportation d’ici à la fin de 2030 », note l'AIE. De quoi « assouplir les fondamentaux du marché et apaiser les inquiétudes concernant la sécurité de l’approvisionnement en gaz dans la seconde moitié de la décennie ».