- Connaissance des Énergies avec AFP
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La nouvelle stratégie du gouvernement pour l'hydrogène, attendue depuis des mois par les industriels œuvrant dans ce secteur lié à la transition énergétique de l'industrie lourde et des transports, pourrait être annoncée jeudi, a-t-on appris mercredi de source proche de l'exécutif.
Une première stratégie hydrogène en 2020
Alors que le secteur de l'hydrogène décarboné, sur lequel la France s'est positionnée très tôt, traverse une crise liée à une trop faible demande et à son prix encore beaucoup trop élevé pour être rentable, le gouvernement envisage d'annoncer des modifications de sa feuille de route, indique-t-on de même source.
Le Premier ministre François Bayrou doit présider jeudi au Centre Pompidou à Paris un comité interministériel de l'innovation, où l'hydrogène tient une place importante.
La France avait publié en 2020 sa première "stratégie hydrogène", mettant sur la table 9 milliards d'euros, dont une partie issue du plan d'investissement France 2030, pour développer ex nihilo une filière industrielle de l'hydrogène décarboné, soutenue aussi par Bruxelles.
Sa priorité était alors la décarbonation de l'industrie lourde et le développement d'une filière de l'électrolyse en France, c'est-à-dire de fabricants d'électrolyseurs, les machines nécessaires pour fabriquer de l'hydrogène à partir de l'eau, afin de produire de l'hydrogène sans émettre de CO2.
Des startups françaises d'électrolyseurs comme McPhy, Elogen ou Genvia ont vu le jour, et certaines ont même ouvert des usines, mais la demande en électrolyseurs ne suit pas du côté des usagers. Les industriels du secteur subissent un "trou d'air", y compris au niveau mondial. De nombreux projets sont retardés ou n'ont pas vu le jour.
« Il ne s'est rien passé en 2024 sur le plan institutionnel »
La filière qui tente de se développer en France côté transports (bennes à ordure ou utilitaires à hydrogène..), est en attente depuis plusieurs mois de soutiens budgétaires, et d'un ajustement de la stratégie du pays.
"Il ne s'est rien passé en 2024 sur le plan institutionnel, nous attendons toujours la révision de la stratégie hydrogène nationale, ainsi que les soutiens budgétaires prévus à la production", avait dit fin janvier le président de France Hydrogène, Philippe Boucly, qui coordonne le secteur, en ouverture du salon Hyvolution.
Mercredi, le directeur général du fonds d'investissement spécialisé dans l'hydrogène Hy24, Pierre-Etienne Franc, interrogé par l'AFP, a souhaité que l'Etat soutienne financièrement "le déploiement des usages de l'hydrogène dans les transports intensifs et lourds, sur la route, dans l'aérien et le maritime", notamment "les flottes de véhicules et les réseaux de recharge".
"Sinon nous risquons un désastre pour la filière des équipementiers français soutenus dans les vagues précédentes d'aides publiques à l'hydrogène", a-t-il déclaré à l'AFP.
"La France risque ainsi d'être irréversiblement mise à l'écart des développements de filières en cours sur ce segment de transports, notamment en Asie du Nord-Est et en Chine avec l'appui des plus grands acteurs mondiaux", a-t-il fait valoir.
"Bien sûr ce n'est pas facile, mais on sait bien qu'on ne peut pas uniquement dépendre de la batterie pour l'électrification des transports", a-t-il ajouté, en souhaitant également la réalisation des interconnexions entre la France et l'Espagne pour permettre l'émergence de réseaux de distribution d'hydrogène en Europe.