- Source : Ifri
Dans le cadre de la « transition énergétique », une attention croissante est portée au fait que les pays européens risquent de « passer d'une dépendance strictement énergétique (pétrole, gaz) à une dépendance multiple, allant de la matière première à l’outil de la production d’énergie (batterie, panneau solaire…) en passant par les technologies de production ».
Dans l'étude ci-après publiée le 31 août par le Centre Énergie & Climat de l'Ifri, Raphaël Danino-Perraud(1) s'interroge sur « la notion de géopolitique des chaînes de valeur appliquée à la filière des batteries lithium-ion et notamment sur les principales substances qui y sont utilisées, à savoir le cobalt, le lithium, le nickel, le manganèse et le graphite ». Il y détaille les problématiques liées à l’exploitation et l’utilisation de ces matières premières ainsi que les défis de l'Union européenne face à la « stratégie de puissance » de la Chine.
L'auteur décrit entre autres les phénomènes de concentration liées à ces ressources minérales (tout au long de la chaîne de valeur : localisation des réserves, extraction, raffinage, etc.) qui suscitent l'inquiétude des acteurs européens. Il souligne notamment que 72% de la production minière de cobalt dans le monde provient de la République démocratique du Congo et que la Chine « maîtrise, pour les cinq substances étudiées, en moyenne 80 % du raffinage destiné à la production des batteries ».
L’étude aborde également la question des impacts environnementaux et éthiques de l'exploitation minière et rappelle les initiatives dédiées (non contraignantes dans la grande majorité des cas(2)). Dans ce contexte, le recyclage est « annoncé comme un moyen de réduire les dépendances aux approvisionnements extérieurs, mais également l’empreinte environnementale », souligne l'auteur. Les taux de recyclage des ressources minérales en question peinent toutefois à progresser (« au niveau mondial, moins de 1% du lithium est effectivement recyclé et 6% pour le graphite » selon l'étude) et les défis restent nombreux : absence de système de collecte efficace, coût du recyclage (supérieur à celui de l'extraction), consommation d'énergie associée, etc.
Sources / Notes
- Raphaël Danino-Perraud est docteur en économie des ressources et chercheur associé au Laboratoire d’économie d’Orléans (LEO). Il a réalisé sa thèse entre octobre 2016 et février 2021 au LEO et en partenariat avec le BRGM sur la thématique des approvisionnements en minerais critiques.
- À l'exception du Dodd Franck Act aux États-Unis « et prochainement de la Loi européenne sur les minerais de sang ».