Prototype du navire de Farwind (©Farwind)
La start-up Farwind Energy a présenté le 2 juillet son voilier hydrolien qui a vocation à constituer un « site de production massive d'énergie verte en haute mer ». Explications.
Le concept
La société Farwind, créée au sein l'École Centrale de Nantes, a conçu un voilier visant à produire de l'électricité là où les ressources sont les plus favorables. Autrement dit, en haute mer : « l’éolien en haute mer présente la meilleure qualité de vent, en force comme en constance » mais ce gisement est aujourd'hui encore « complètement inexploité car les technologies éoliennes conventionnelles, raccordées au réseau, ne peuvent pas être déployées en haute mer », indique la société.
Les vents captés en haute mer par le navire de Farwind permettront de le propulser grâce à des rotos Flettner(1), « cylindres verticaux en rotation autour de leur axe qui convertissent l’énergie du vent en force propulsive grâce à l’effet Magnus(2) ». Le navire en mouvement fera tourner des hydroliennes situées sous la coque du navire qui convertiront l'énergie cinétique en électricité.
Cette électricité pourra, selon les besoins, « être stockée dans des batteries, ou convertie en hydrogène par électrolyse ou en carburant liquide (méthanol) par une installation de Power-to-X », indique les porteurs du projet.
Un prototype à l'échelle 1/14
Farwind teste déjà son concept sur un prototype à l'échelle 1/14 : un Hobie Cat de 5,5 m de long. Celui-ci doit permettre de simuler les conditions de navigation du navire final qui mesurera quant à lui 80 mètres de long. Ledit navire envisagé disposera d'une « puissance de production attendue comprise entre 2 et 3 MW pour 2 hydroliennes », indique Arnaud Poitou, président de Farwind. La capacité des batteries embarquées sera comprise « typiquement entre 15 et 40 MWh ».
Selon les porteurs du projet, le coût, dépendant « de la capacité des batteries et de l’expérience » pourrait s'élever à « 18 millions d'euros pour le premier navire à l’échelle et 10 à 12 millions d'euros en production ». Selon le calendrier actuel, le navire à l’échelle 1 devrait être mis à l’eau « courant 2024 »(3).
Une centrale énergétique sur l'eau
L'originalité de ce navire est qu'il aura vocation à constituer une centrale énergétique plus qu'un moyen de transport. En effet, il pourrait permettre de restituer l'électricité stockée dans ses batteries à des zones insulaires lointaines n'ayant pas d'interconnexion avec un réseau électrique (et dépendant généralement de générateurs au fioul, au charbon ou au gaz, s'accompagnant d'importantes émissions de gaz à effet de serre). « Dans sa version électrique (batteries), le navire a vocation à décharger son électricité (ou ses batteries) 1 ou plusieurs fois par jour », précise Arnaud Poitou.
Les navires sont « prévus pour être téléopérés [...] un navire accompagnateur pourra téléopérer plusieurs navires ». Le nombre de batteries et de navires sera ajusté pour « répondre aux besoins de communautés de tailles diverses (de 100 habitants à plus de 100 000 habitants) », estime Farwind qui indique que « chaque voilier-hydrolienne permettra d’économiser jusqu’à 5 000 tonnes de CO2 par an en comparaison avec une centrale à fioul ».