L'énergie solaire est plébiscitée par les Français dans les différentes enquêtes. (©EDF-Laurent Vautrin)
À quelques jours du premier tour des élections législatives, France Renouvelables (association porte-parole des énergies renouvelables électriques en France) publie ce 24 juin les résultats d'une enquête(1) sur le rapport des Français à ces filières.
Seule 3% de la population opposée à leur développement
Selon l'enquête commandée par France Renouvelables, 79% des Français sont favorables au développement des énergies renouvelables sur leur territoire. Un gros tiers(2) de la population souhaiterait même que ce développement se fasse « de manière prioritaire et urgente ».
À l'inverse, 6% des Français estimeraient que « ce n'est pas urgent » et 3% estiment qu'il ne faut pas développer les énergies renouvelables (12% sans avis). Au-delà de cette considération générale, 61% des Français indiquent, dans cette enquête, « que leur région devrait être plus ambitieuse sur le développement des énergies renouvelables », tandis que seuls 8% estiment au contraire que « leur région n’a pas besoin d’être plus ambitieuse sur le sujet ».
« Fantasme »
Selon Michel Gioria, délégué général de France renouvelables, « l’opposition des Français au développement des ENR électriques, à savoir l’éolien et le solaire, est tout simplement un fantasme que certains cherchent à déguiser en fait : la très grande majorité des Français attend de leur territoire qu’il aille plus loin et plus vite ».
Et cette attente serait plus marquée encore dans les régions particulièrement concernées par les équipements en énergies renouvelables selon France Renouvelables, à l'image du Grand Est (où 67% des habitants attendent plus d'ambition). Les Hauts-de-France, « région championne de l’éolien français, sont dans la moyenne (60%) ».
Carine Sebi, professeure à la Grenoble Ecole de management (GEM) confirme ce constat (à l'aune de plusieurs études de la chaire Energy for Society dont elle est coordinatrice) d'un soutien réel toutes filières confondues aux énergies renouvelables. Des écarts existent certes entre les filières : si le solaire et l'hydroélectricité sont plébiscités par les Français (filières soutenues respectivement par 84% et 72% de la population), l'éolien bénéficie d'un soutien moins important, « de l'ordre de 25 à 15 points de pourcentage de moins », mais dispose toutefois encore d'une image favorable de la part de 60% des Français.
In fine, si la forte opposition à l'éolien est bien « un mythe au niveau national », c'est la véhémence de l'opposition qui lui donne un écho particulier : la part de partisans de l'éolien en France et en Allemagne est ainsi assez similaire selon Carine Sebi mais les personnes se déclarant contre le développement de cette filière sont plus nombreuses dans l'hexagone (de l'ordre de 20%, contre 14% en Allemagne, selon le dernier baromètre réalisé par le DFIU-KIT et GEM).
La réponse de France Renouvelables au RN
L'énergie « n'est plus un sujet vendeur politiquement », déplore Carine Sebi qui appelle à « changer le discours » qui ne peut plus se limiter à souligner l'impact positif des énergies renouvelables dans la lutte contre le changement climatique.
Ce nouvel effort pédagogique exige « de se baser sur des faits et des données scientifiques », souligne Mattias Vandenbulcke, Directeur de la stratégie de France renouvelables. « Dans ce contexte, étant donné que la principale mesure du RN sur le pouvoir d'achat concerne l'énergie, il est crucial que les électeurs comprennent que bloquer le développement des énergies solaire et éolienne entraînera une augmentation des factures énergétiques pour les Français ». Se priver de ces sources d'énergie transformerait « la France (traditionnellement exportatrice nette d'électricité) en un pays fortement dépendant des importations » d'électricité, avec une augmentation des importations de gaz par ailleurs.
De surcroît, « placer la France dans une position de dépendance énergétique vis-à-vis de pays comme la Russie, tout en augmentant les coûts pour les consommateurs » constitue une information qui, « si elle parvenait largement aux oreilles des électeurs, pourrait potentiellement changer la donne » selon Mattias Vandenbulcke.
Ce dernier rappelle en outre le rôle crucial des énergies renouvelables dans la protection du pouvoir d’achat pendant la crise énergétique : « en 2022, les ENR ont contribué à reverser 30 milliards d’euros aux finances de l’État, finançant ainsi 75% du bouclier tarifaire selon Bruno Le Maire. En 2023, cette contribution s'est élevée à 13,5 milliards d’euros, et les projections pour 2024 avoisinent encore les 3 milliards d’euros selon la CRE », avec l’éolien terrestre (« cible d'un moratoire dans la campagne électorale »), comme principal contributeur, et de loin.
Une piste pour favoriser l'acceptabilité : un tarif préférentiel
Pour une meilleure acceptation de l'installation d'un parc éolien ou photovoltaïque proche des riverains, des pistes sont à trouver. France Renouvelables cite en particulier « la possibilité de bénéficier d’un tarif préférentiel sur l’électricité arrive en tête (63% sont en accord avec cette idée) ».
« C'était une idée présente à l'origine dans le projet de loi d'accélération des énergies renouvelables qui a été retirée », rappelle Carine Sebi en raison de différentes travers (concurrence déloyale notamment). Et, même en apportant cet avantage financier, une opposition - minoritaire - se fait toujours entendre, toujours corrélée à l'affiliation politique et plus généralement à la confiance dans la politique.