Situé à 130 km au large du port de Haïfa, le site de Léviathan abriterait le plus grand gisement de gaz naturel découvert depuis 10 ans : ses réserves sont estimées à 450 milliards de m3. Annoncée le 29 décembre 2010, cette découverte vient s’ajouter à celle de du gisement de Tamar en 2009 situé à proximité, contenant près de 238 milliards de m3. Cet événement pourrait avoir un impact important sur la donne géostratégique de la région.
Vers un État d’Israël exportateur de gaz
A partir de 2012, date à laquelle son exploitation débutera, le gisement de Tamar devrait suffire à assurer les besoins israéliens en gaz pendant 35 ans. De plus, si les ressources du gisement de Léviathan annoncées par l’opérateur américain Nobel Energy se confirment, Israel pourrait devenir exportateur. L’indépendance énergétique de l’Etat serait assurée, car ce dernier produit son électricité à partir de centrales thermiques à gaz. De ce fait, il pourrait se passer des importations de gaz égyptiens qui répondaient jusqu’ici à un tiers de ses besoins.
Les droits sont divisés entre quatre compagnies : la compagnie Noble Energy détient 39,6%, Delek Drilling et Avner Oil Exploration en possèdent 22,67% chacune, et Ratio Oil Exploration est actionnaire de la part restante.
Des tensions politiques et géopolitiques
Au-delà des considérations économiques, ces découvertes successives suscitent également des tensions. La bataille pour la réévaluation du taux de royalties (fixé aujourd’hui à 12,5%) divise le gouvernement. Une commission mandatée par le gouvernement a déjà proposé qu’il soit rehaussé à hauteur de 66%.
Autre frein important, la zone dans laquelle le gisement se trouve est contestée. Les frontières maritimes avec le Liban faisant l’objet de conflits, le gouvernement libanais estime que, tant qu’aucun accord n’aura été trouvé, aucune firme ne pourra exploiter les ressources des zones situées dans les eaux territoriales frontalières des deux pays.
Officiellement en guerre, l’État d’Israël et le Liban s’apprêtent donc à devoir résoudre un important point de désaccord susceptible de raviver les tensions diplomatiques. La Turquie attise également le débat : alors qu’elle occupe la partie Nord de Chypre depuis 1974, elle refuse de valider l’accord de délimitation des zones économiques exclusives conclues le 17 décembre 2010 entre Israël et Chypre. Ces zones seraient susceptibles d’entrer dans le périmètre d’exploration ou d’extension du gisement à l’avenir
En attendant la résolution de ces conflits et la mise en service du gisement prévue d’ici à 2017 selon les analystes, cette découverte représente potentiellement une nouvelle source d’approvisionnement pour l’Europe qui cherche à diversifier ses partenaires.