Le dispositif Bio-Sun se compose d'un panneau photovoltaïque fixé sur une borne d'assainissement de l'eau. (©BIO-UV)
L’accès à l’eau potable constitue une problématique majeure de développement, mise en exergue mi-mars lors du 6e Forum mondial de l’eau. Des innovations permettent d’assainir cette ressource grâce à des sources d’énergie alternatives. Zoom sur l’une d’entre elles.
2 000 litres d’eau potable par jour
Une société française basée près de Montpellier, BIO-UV, a développé(1) une borne photovoltaïque de distribution d’eau potable baptisée Bio-Sun.
Le dispositif type est constitué d’un panneau solaire photovoltaïque (53 cm de haut et 120 cm de large) fixé sur une borne mesurant 1,20 m de haut et pesant près de 100 kg. Celle-ci intègre un filtre, une lampe UV et une batterie reliée au panneau photovoltaïque.
De l’eau brute est injectée de manière manuelle ou via un réseau sous pression (de 1,5 bar à 3 bars) dans la partie supérieure de la borne. Celle-ci possède un réservoir tampon de faible volume (20 litres) qui permet de stocker l’eau avant de l’assainir. L’eau transite ensuite à travers un filtre sur zéolithe. Il s’agit d’un « tamis moléculaire » utilisé dans d’autres domaines comme la séparation de produits pétroliers, qui permet de supprimer les matières en suspension. La lampe UV permet enfin de décontaminer près de 99,9% des bactéries, notamment le choléra, et virus présents dans cette eau filtrée.
A l’issue de ce processus, l’eau est directement potable. Le réacteur peut traiter l’équivalent de 500 litres par heure et a été conçu pour fonctionner environ 4 heures par jour. La borne Bio-Sun peut donc délivrer 2 m3 d’eau potable par jour, l’équivalent des besoins vitaux quotidiens de près de 80 personnes d’après l’OMS.
Pour quelle application ?
De telles bornes photovoltaïques visent à alimenter en eau potable des zones isolées : en montagne près des refuges, dans les zones rurales de pays en voie de développement ou encore dans des grandes mégalopoles où les réseaux de distribution n’arrivent pas à satisfaire les besoins de la population locale en eau potable.
L’Afrique constitue une zone prioritaire dans ce domaine : près de 40% des Africains n’ont pas un accès correct à l’eau potable et 70% à un assainissement correct. Des bornes Bio-Sun y ont d’ores et déjà été installées au Gabon, en Côte d’Ivoire et au Cameroun.
Si cette borne ne règle pas le problème de la ressource « eau », elle présente l’intérêt de produire de manière autonome de l’eau potable à partir de ressources non exploitables en l’état. Les différents modèles de bornes Bio-Sun sont commercialisés entre 5 000 et 9 000 euros. Le coût d’assainissement de l’eau est estimé par la PME à moins de 27 centimes d’euros pour 1 000 litres d’eau traitée.
Rappelons que 2012 a été déclarée « Année européenne de l’eau » et que la préservation de cette ressource fera partie des grands thèmes de la conférence sur le développement durable « Rio +20 » en juin prochain.