En 2019, la production d'électricité des centrales à gaz en France métropolitaine a augmenté de 23,8%. Ici la centrale à cycle combiné de Bouchain dans le Nord. (©EDF-Xavier Popy)
Une baisse de 2% de la production d’électricité
La production d’électricité en France métropolitaine s’est élevée à 537,7 TWh en 2019, soit 2% de moins qu’en 2018. Cette baisse de production est liée au recul des deux principales filières contribuant au mix électrique français : le nucléaire et l’hydroélectricité.
Le mix de production électrique en France métropolitaine est dit « décarboné » à près de 92%. (©Connaissance des Énergies, d'après RTE)
La production nucléaire française a baissé de 3,5% « du fait d’une moins bonne disponibilité du parc » mais la filière a encore compté pour 70,6% de l’ensemble de la production électrique en France métropolitaine. EDF a produit 379,5 térawattheures. En cause notamment, l'arrêt en fin d'année, pour contrôles, de la centrale de Cruas (Ardèche) après le séisme du Teil.
Rappelons que la loi énergie-climat adoptée en septembre 2019 fixe pour objectif de réduire cette part à 50% à l’horizon 2035.
En 2019, les filières renouvelables ont couvert 23% de la consommation d’électricité en France métropolitaine, soit +21,3% par rapport à 2018. La puissance cumulée du parc électrique « EnR » (toutes filières renouvelables confondues) en France métropolitaine a atteint 53 609 MW. Avec près de 2 347 MW de nouvelles capacités renouvelables raccordées, les installations éoliennes et solaires photovoltaïques comptant pour 96% de ce total.
Ces données de capacités installées sont utilisées afin de mesurer la progression des installations de chaque filière. Elles doivent toutefois être rapportées aux facteurs de charge – qui varient sensiblement d’une filière à une autre (mais aussi d’une installation à une autre et d’une période à une autre en fonction des ressources disponibles) – pour connaître in fine la production associée.
La puissance du parc éolien raccordé en France métropolitaine a augmenté de 1 361 MW pour atteindre près de 16,5 GW en fin d’année (+ 9% par rapport à fin 2018). L’éolien a compté pour 6,3% de la production électrique en France métropolitaine, consolidant ainsi sa place de principale filière renouvelable après l’hydroélectricité.
Le parc solaire photovoltaïque en France métropolitaine a pour sa part augmenté de 890 MW l’an dernier, portant sa puissance cumulée à 9,4 GW à fin 2019. Le solaire photovoltaïque et les bioénergies ont par ailleurs respectivement compté pour 2,2% et 1,8% de la production française d’électricité en 2019.
Le parc hydroélectrique – dont la puissance installée n’évolue plus que très légèrement (25 557 MW à fin 2019, soit 21 MW de plus qu’à fin 2018) – reste de loin la principale filière renouvelable productrice d’électricité. La filière hydroélectrique a légèrement moins contribué à la production électrique française (11,2% du mix en 2019, contre 12,5% en 2018) « en raison de conditions météorologiques défavorables ». Elle a baissé de 12,1% par rapport à 2018.
En 2019, il a compté pour 50,9% de la production française d’électricité d’origine renouvelable (contre 31,3% pour l’éolien, 10,7% pour le solaire et 7,1% pour les bioénergies).
Cette baisse des productions nucléaire et hydraulique a « entraîné une hausse de la production thermique à combustible fossile (+9,8%) malgré un très fort recul de la production des centrales à charbon », indique RTE : les centrales à charbon qui sont censées fermer d'ici à 2022 (avec toutefois des dérogations concernant la centrale de Cordemais) n’ont compté que pour 0,3% de la production électrique française en 2019 (contre 1,1% en 2018) mais les centrales à gaz (7,2% du mix électrique français en 2019) et au fioul (0,4%) - dont la production est pilotable - ont apporté une bien plus forte contribution.
En pourcentage, c’est même la production au fioul qui a connu la plus forte progression en 2019 (+ 26,5%), devant le gaz naturel (+ 23,8%) et l’éolien (21,2%). Alors même que la puissance cumulée des centrales au fioul en France métropolitaine a baissé de 96,6 MW en 2019. En volume de production, c'est le gaz qui a la plus progressé en 2019 (+ 7,2 TWh), devant l'éolien (+ 6,3 TWh).
La consommation d’électricité au plus bas depuis 10 ans
En 2019, la consommation brute d’électricité en France métropolitaine a atteint près de 474 TWh, soit 1% de moins qu’en 2018. RTE indique que cette baisse « s’explique par des températures globalement plus douces en début d’année et par une croissance économique moins soutenue qu’en 2018 ». Le gestionnaire de réseau souligne que la France connaît une phase de « relative stabilité » de sa consommation électrique depuis 2010, entre autres en raison d'un renforcement des actions d’efficacité énergétique (notamment dans les bâtiments), d'un ralentissement de la croissance économique (et démographique) et d'une tertiarisation de l’activité.
Selon RTE, « une tendance à la stabilisation de la consommation totale d’électricité s’observe depuis plusieurs années et traduit globalement une meilleure maîtrise de la consommation malgré une utilisation croissante d’appareils électriques ». (©Connaissance des Énergies, d'après RTE)
En 2019, la France est restée « le pays le plus exportateur d’électricité d’Europe », avec un solde exportateur net avec les pays voisins de 55,7 TWh (contre 60,2 TWh en 2018). Le gestionnaire de réseau rappelle que les échanges d’électricité dépendent « directement des écarts de prix entre la France et ses voisins » et qu’il « est parfois plus favorable économiquement d’importer de l’énergie de nos voisins plutôt que d’activer des moyens de production coûteux sur le territoire ».
En 2019, c'est vers la Suisse et l'Italie que la France a exporté le plus d'électricité. (©Connaissance des Énergies, d'après RTE)
Consommation et production gazière
GRTgaz fait état d’une consommation gazière de 451 TWh en 2019 sur son réseau (France hors quart sud-ouest du pays géré par Teréga). Cette consommation est en hausse de 2% par rapport à 2018, en raison de « la forte sollicitation des 13 sites français de production d’électricité à partir du gaz ».
Selon les dernières données de RTE, les centrales à gaz ont compté pour 6,7% de la production d’électricité en France métropolitaine au cours des 10 premiers mois de 2019 (contre 5,7% en 2018). GRTgaz précise que la filière gazière a « profité du recul conjoncturel des productions d'électricité hydraulique et nucléaire en 2019 », ainsi que d'un prix « attractif » du gaz.
Depuis novembre 2018, la France dispose d’une seule zone de marché pour le gaz, dite « TRF » (Trading Region France), avec un unique prix de marché du gaz en France, « sans distinction entre le Nord et le Sud » (PEG).
Le prix du gaz sur le marché de gros a connu une forte baisse : le prix moyen du MWh de gaz était de « 13,6 €/MWh en 2019 contre 23,2 €/MWh en 2018, passant même sous la barre de 8 €/MWh au mois de septembre ».
En 2019, les entrées de gaz naturel liquéfié (GNL) en France ont augmenté de 87% par rapport à 2018, atteignant 219 TWh selon GRTgaz, « soit le niveau d’importation le plus important de ces 10 dernières années ». La France a notamment servi de pays de transit, avec une augmentation de 72% des flux gaziers vers les pays voisins (115 TWh exportés en 2019, contre 67 TWh en 2018).
Au niveau européen, les importations de GNL ont augmenté de 465 TWh en 2019 (+ 88%). Près de 90% des importations de GNL en Europe de l’Ouest provenaient l’an dernier de 6 pays : le Qatar (21%), la Russie (20%), les États-Unis (15%), le Nigéria (15%), l’Algérie (11%) et Trinité-et-Tobago (8%).
À fin 2019, GRTgaz fait état de « 123 sites de biométhane qui injectent dans les réseaux » gaziers en France. Le gestionnaire de réseau précise que « plus de 1 000 projets sont par ailleurs inscrits au registre des capacités, ce qui représente l’équivalent de 5% de la consommation de gaz en France ».
Léger recul des émissions de gaz à effet de serre
Les émissions ont fléchi de 1% en 2019 comparé à 2018.
Le poids des secteurs d'activité dans les émissions de gaz à effet de serre varie : "en 2018, 31% des émissions de GES sont liées au secteur des transports, 19% à l'agriculture, 19% au secteur résidentiel tertiaire, 18% à l'industrie manufacturière et à la construction, 10% à l'industrie de l'énergie, et 3% aux déchets", énumère le Citepa.
Mais "seuls six sous-secteurs sont responsables de la moitié des émissions de GES : les véhicules particuliers diesel (11,7%), le résidentiel (chauffage..., 10,9%), le tertiaire (chauffage, réfrigération... 7,8%) ; l'élevage bovin (7,7%) ; les poids lourds diesel (6,4%) et les véhicules utilitaires légers diesel (5,4%)", ajoute-t-il.
Les diminutions les plus importantes d'émissions de GES ont été réalisées entre 2017 et 2019 par le secteur de l'énergie (- 29% pour la production d'électricité), du résidentiel-tertiaire (- 9%), des déchets (- 5%) et de l'agriculture (- 2%).
Les émissions de CO2 liées à la production française d’électricité ont atteint 19,2 Mt en 2019 (hors autoconsommation), soit 6% de moins qu’en 2018. Cette baisse est liée à la structure de la production thermique à combustible fossile avec une « forte baisse de la production à partir de charbon au profit de celles fonctionnant au gaz significativement moins émettrice de CO2 ».
Une majorité de consommateurs d’électricité toujours soumis au tarif réglementé
En matière de fourniture d’énergie, tous les ménages français ont la possibilité de choisir, depuis juillet 2007(2), entre les tarifs réglementés de vente (TRV) fixés par les pouvoirs publics et proposés par les seuls fournisseurs « historiques » (principalement EDF pour l’électricité et Engie pour le gaz mais aussi les entreprises locales de distribution dites « ELD ») et des offres « de marché » dont le prix est librement fixé par contrat auprès du fournisseur de leur choix (historique ou alternatif).
À fin mars 2019, plus des trois quarts des ménages français disposaient toujours d’un contrat au tarif réglementé pour leur fourniture d’électricité (environ 25 millions sur un total de 32,8 millions). Plus de 95% des consommateurs d'électricité « résidentiels » ayant souscrit une offre de marché sont clients chez un fournisseur alternatif. En matière de consommation, la part des fournisseurs alternatifs sur le marché résidentiel de l’électricité reste de seulement 20,6% (en consommation annualisée entre fin mars 2018 et fin mars 2019).
Précisons ici que la concurrence est beaucoup plus développée sur le marché de détail du gaz naturel : 61% des consommateurs résidentiels en France (près de 6,5 millions sur un total de 10,7 millions) ont choisi une offre de marché pour leur fourniture (« quasiment à part égales entre fournisseurs historiques et alternatifs » selon la CRE).
Que ce soit pour l’électricité ou le gaz naturel, les fournisseurs alternatifs « progressent plus que les fournisseurs historiques » (avec, pour l’électricité, 373 000 nouveaux clients auprès de fournisseurs alternatifs au 1er trimestre 2019). Le taux de « switch » augmente tendanciellement : au 1er trimestre 2019, 2,7% des consommateurs résidentiels d’électricité ont changé de fournisseur ou demandé une mise en service (ce taux était de moins de 2% par trimestre en 2016).
À fin mars 2019, près de 7,9 millions de sites « résidentiels » avaient un contrat de fourniture d’électricité en offre de marché en France. (©Connaissance des Énergies, d’après CRE)
La facture annuelle moyenne d’un client résidentiel au tarif réglementé (tarif bleu « Base », puissance de 6 kVA, consommation de 2 400 kWh/an) a augmenté de 41,2% entre août 2008 et août 2018 selon les données de la CRE(6). À fin mars 2019, cette facture type était composée pour environ 34% des coûts de fourniture (production et commercialisation), pour 31% des coûts de réseaux (TURPE), le reste correspondant à diverses taxes et contributions (TVA, CSPE, TFCE, CTA).
Le tarif réglementé de l’électricité couvre trois grands postes de coûts : la fourniture, le transport et les taxes et contributions. (©Connaissance des Énergies, d’après CRE)
Pour rappel, les tarifs réglementés de l’électricité ont déjà été supprimés pour les « gros » consommateurs (grands sites industriels, grands immeubles, etc.) de façon progressive entre juin 2014 et janvier 2016. La loi Pacte, adoptée début avril, autorise désormais le gouvernement à programmer la fin des tarifs réglementé du gaz naturel au 1er juillet 2023.
69 466 nouveaux véhicules légers rechargeables vendus
En 2019, 69 466 nouveaux véhicules légers rechargeables ont été immatriculés en France métropolitaine selon l’Avere, ce qui correspond à une hausse de 29% par rapport à l’année 2018. Ce total inclut 42 763 véhicules particuliers 100% électriques (+ 38% par rapport à 2018), 7 958 véhicules utilitaires 100% électriques (- 2%), 18 582 véhicules hybrides rechargeables (+ 38%) ainsi que 163 véhicules électriques avec prolongateur d’autonomie/range extender (- 86%).
Sur l’ensemble de l’année 2019, l’Avere signale par ailleurs la mise en circulation de 13 965 deux-roues motorisés électriques (+ 43% par rapport 2018) et de 63 véhicules hydrogène (contre 36 en 2018). Le baromètre n’évoque pas l’évolution des vélos à assistance électrique.
En 2019, 42 763 nouveaux véhicules particuliers 100% électriques ont été vendus en France, soit près de 11 700 voitures en plus qu'en 2018. (©Connaissance des Énergies, d'après Avere)