Barrage hydroélectrique de Roselend et sa retenue d'eau. (©EDF-Dominique Guillaudin)
Les 6 premiers mois de 2024 « se sont inscrits dans la continuité de l’évolution amorcée en 2023, avec une nette hausse de la production nucléaire, une production hydraulique au plus haut et une consommation encore faible », a indiqué le gestionnaire de réseau RTE le 30 juillet dernier.
Une production hydraulique « au plus haut »
Au cours du premier semestre 2024, la production d'électricité en France métropolitaine s'est élevée à 272 TWh, soit « son plus haut niveau depuis 2019 » selon RTE.
Cette forte production est en particulier liée à la situation favorable des deux principales sources d'électricité en France : le nucléaire (65% de la production française au 1er semestre 2024 et une hausse de 19 TWh par rapport à la même période en 2023) et l'hydroélectricité (+ 11,1 TWh, soit + 37% par rapport au 1er semestre 2023 et + 11% par rapport à la moyenne des premiers semestres de 1991 à 2020) qui a bénéficié de « précipitations abondantes en hiver et au printemps ».
Les productions éolienne et solaire ont également progressé mais dans des proportions plus faibles. Soulignons le fait que le parc éolien en mer français a en particulier produit 1,8 TWh au 1er semestre 2024 (contre 0,8 TWh au 1er semestre 2023) grâce à la mise en service complète des parcs de Fécamp et Saint-Brieuc qui s'ajoutent à celui de Saint-Nazaire(1).
La production d'électricité des centrales à combustible fossile n'a pour sa part « jamais été aussi faible depuis les années 1950 », comptant pour près de 4,2% du mix électrique français au 1er semestre (avec une production de 11,5 TWh).
Une consommation toujours « en retrait »
RTE indique par ailleurs que la consommation d'électricité en France métropolitaine corrigée des effets météorologiques a été, au cours des 6 premiers mois de l'année, « très légèrement supérieure à celle de la même période en 2023 (+0,4 %) tout en restant bien plus faible (-5 % à -10 % selon les mois) que celle d’avant les crises sanitaire et énergétique ».
Autrement dit, la chute de la demande électrique consécutive aux crises sanitaire et énergétique (avec une baisse de l'activité économique et des efforts d'économies d'énergie) « produira des effets durables » selon le gestionnaire de réseau.
Pour autant, RTE prévoit toujours une hausse de la consommation dans les prochaines années dans le contexte d'électrification des usages. Reste à préciser « l'ampleur et l'horizon » de cette évolution.
Avec la faible demande et la forte remontée de la production électrique, le solde des échanges d’électricité de la France a « considérablement augmenté pour s’établir à un niveau record » (+ 43 TWh au 1er semestre 2024 contre + 18 TWh au 1er semestre 2023), se félicite le gestionnaire de réseau.
Un record d'heures à prix négatifs
Compte tenu de cette « amélioration des fondamentaux de l’équilibre offre demande » et de la chute des prix du gaz (- 32% au 1er semestre 2024 par rapport aux 6 premiers mois de 2023(2)), les prix de l'électricité sur les marchés de gros ont poursuivi leur baisse, avec une moyenne des prix spot en France de 46 €/MWh sur les 6 premiers mois de l'année.
Cette évolution est particulièrement marquante sur les prix à terme : « les cotations moyennes du premier semestre 2024 pour une livraison au premier trimestre 2025 ont atteint 98,4 €/MWh, une division par trois par rapport à l’année précédente (307,6 €/MWh au premier semestre 2023 pour une livraison au premier trimestre 2024) », indique RTE.
Le gestionnaire de réseau signale par ailleurs une multiplication des épisodes de prix négatifs, avec « 233 heures à prix négatif au 1er semestre 2024 contre 53 au 1er semestre 2023 », compte tenu de la faible demande et du volume important de production non pilotée (en Espagne, ces épisodes à prix nul ou négatif s'élèvent même à 620 heures sur les près de 4 400 premières heures de l'année).
À ce titre, RTE souligne en particulier l'importance du développement des solutions de flexibilité de la consommation et de stockage (recharge de véhicules électriques ou de chauffe-eau notamment).