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Le réseau électrique européen interconnecté pâtit depuis la mi-janvier d'un problème d'alimentation au Kosovo qui affecte la distribution du courant dans 25 pays, a indiqué mercredi l'ENTSO-E, l'organisme bruxellois qui fédère les gestionnaires de réseaux en Europe.
Cette sous-alimentation d'une durée inhabituelle entraîne des retards sur les horloges d'appareils reliés au réseau électrique, comme par exemple les fours à micro-ondes ou les radios-réveils, comme cela a été constaté depuis quelques jours dans plusieurs pays, dont la Belgique.
Concrètement, la fréquence électrique de 50 Hertz (Hz), qui permet au réseau interconnecté de fonctionner correctement n'est actuellement plus respectée, la moyenne enregistrée depuis la mi-janvier étant de 49,996 Hz, selon l'ENTSO-E (European Network of Transmission System Operators for Electricity). "Les petites déviations de fréquence ça arrive tout le temps, sauf que là ça s'est éternisé depuis la mi-janvier parce qu'il y a ce problème de déséquilibre au Kosovo", a expliqué à l'AFP Claire Camus, une des porte-parole de cet organisme.
Les horloges des appareils électriques qui n'auraient pas été modifiées depuis la mi-janvier affichent actuellement un retard proche de six minutes, toujours d'après l'ENTSO-E. "Il n'y a pas de risque en termes de sécurité d'approvisionnement, mais la qualité de la fréquence pâtit de ce problème d'alimentation", a encore dit la porte-parole, pointant du doigt "un problème politique" entre la Serbie et le Kosovo.
La Serbie ne reconnaît pas l'indépendance que le Kosovo, son ancienne province méridionale, a proclamée en 2008. Avec le soutien de la Russie, Belgrade s'oppose avec succès à l'entrée du Kosovo à l'ONU et dans diverses organisations internationales. Ainsi, le Kosovo n'est pas membre de l'ENTSO-E. Son accès à ce réseau passe par la Serbie. Vingt-cinq des 36 pays européens partenaires au sein de l'ENTSO-E sont associés dans ce réseau interconnecté de lignes à haute tension.
La compagnie serbe de transport d'électricité EMS a admis un manque de 113 GWh d'électricité dans le réseau commun, au cours de cette période, en accusant l'opérateur kosovar (KOSTT) de s'en être alimenté de façon "illicite", c'est-à-dire au-delà des quantités "convenues". En étant responsable aussi de la zone du Kosovo, l'EMS affirme déployer tous les efforts pour mettre fin à cette situation, précisant aussi que l'opérateur kosovar s'était remis à respecter les règles du jeu depuis le 3 mars.
Selon un responsable de l'Agence serbe de l'énergie, Aca Markovic, l'opérateur serbe couvrait au départ le manque généré par le Kosovo. "Mais on ne peut pas couvrir à long terme car il s'agit de l'énergie, de l'argent, il s'agit d'un écart d'environ 5,5 millions d'euros", a-t-il déclaré à l'AFP.
A Pristina, le directeur adjoint du KOSTT, Kadri Kadriu, a expliqué le problème par l'approvisionnement en électricité non facturé du nord du Kosovo, une zone peuplée par quelque 40.000 Serbes et qui échappe au contrôle des autorités de Pristina.
Selon le gouvernement kosovar, la perte annuelle en raison de ces factures non payées s'élève à 9 millions d'euros. "L'électricité consommée dans le nord n'est pas facturée. Comme l'équilibre production/consommation a été enfreint, il a provoqué aussi le déséquilibre du système" commun, a dit Kadri Kadriu.
Belgrade et Pristina étaient convenus en 2015, dans le cadre du dialogue qu'il mènent sous la houlette de l'Union européenne, de mettre fin à cette situation, mais n'y sont toujours pas parvenus.