TotalEnergies : un groupe d'actionnaires, satisfait des réponses sur le climat, retire un projet de résolution

  • AFP
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Un groupe d'actionnaires de TotalEnergies, qui réclamaient une meilleure information concernant la stratégie climatique du groupe, estime avoir été entendu et a retiré vendredi son projet de résolution en vue de l'assemblée générale.

"Ce projet de résolution est désormais caduc", annonce une coalition d'une douzaine d'investisseurs (dont La Banque Postale Asset Management, Meeschaert Amilton AM ou OFI AM).

Le projet en vue de l'assemblée générale du 25 mai "visait à obtenir une plus grande transparence sur la stratégie climatique afin de donner la capacité à l'investisseur d'évaluer en toute objectivité l'alignement de la société avec un scénario scientifique". Or les investisseurs estiment avoir été entendus, puisque l'entreprise s'est engagée à publier un certain nombre d'indicateurs.

Dans un courrier au groupe d'investisseurs Climate Action 100+, rendu public par TotalEnergies, son PDG Patrick Pouyanné s'engage notamment à publier les objectifs de réduction absolue et relative des émissions de gaz à effet de serre à court (2025) et moyen terme (2030), couvrant toutes les activités de l'entreprise.

Cela concerne tous les périmètres d'activité, y compris les émissions indirectes dites de "scope 3", qui concernent l'utilisation des produits vendus par le groupe par ses clients, comme l'essence brûlée dans les moteurs de voitures.

La société s'engage aussi à soumettre annuellement sa stratégie climat au vote consultatif de l'assemblée générale.

"Ayant pris connaissance de ces nouveaux engagements, le groupe d'investisseurs salue les avancées réalisées, fruit d'un dialogue continu et approfondi entre la société et différentes coalitions d'investisseurs, qui devra se poursuivre", indiquent les investisseurs.

"TotalEnergies a la volonté de favoriser le dialogue actionnarial et la transparence", a pour sa part commenté l'entreprise.

Les assemblées générales annuelles des groupes d'hydrocarbures sont de plus en plus dominées par la question climatique. L'an dernier, les actionnaires de TotalEnergies avaient largement approuvé la stratégie climatique de la direction, malgré la rébellion d'une minorité.

Un autre groupe d'investisseurs, emmené par le gestionnaire d'actifs néerlandais MN, a déposé un projet de résolution en vue de la prochaine AG de TotalEnergies. Ils n'avaient pas communiqué dans l'immédiat vendredi à la suite des annonces de l'entreprise.

Commentaires

PierB
Je ne comprends pas la logique du scope 3: un producteur d'énergie serait responsable de l'usage qu'en font les consommateurs ! Dans ce cas l'automobile n'émet plus de GES puisqu'ils sont déjà alloués aux pétroliers. Où est l'erreur?
Michaël
Bonjour PierB, je vous propose quelques éléments de réponse : - Les bilans carbone ne se somment pas. Autrement dit, des émissions comptées dans un scope 3, peuvent être également compter dans le scope 3 d'une autre entreprise. Pour reprendre l'exemple de la combustion d'essence dans un véhicule thermique : il peut se retrouver dans "l'utilisation des produits vendus" (une des catégories du scope 3) d'un vendeur d'hydrocarbure, ET dans la même catégorie du scope 3 d'un constructeur auto. -> la méthode interdit de sommer des bilans carbone, on ne retrouve pas de double compte (les inventaires nationaux pour les pays ne fonctionnent pas avec ce systèmes de scope). -> sachant cela, il devient intéressant que des acteurs d'une même chaîne de valeur travaillent ensemble pour déterminer la "fair share" de chacun pour se partager certains émissions. Exemple simpliste : si fournisseur de pétrole A et constructeur auto B travaillent ensemble, ils peuvent s'accorder à dire que 60% des émissions des véhicules qui tournent avec des autos de B et du pétrole de A sont imputables à A, et 40% à B. Cela fait, si demain A vend aussi de l'électricité dans ces stations, et B des voitures électriques, ils pourront également dire que les "émissions évitées" par le fait de permettre à une voiture électrique plutôt qu'une voiture essence de circuler, sont imputables à 60% à A et 40% à B (on peut revendiquer les évitements d'émissions que l'on est prêt à supporter dans son calcul d'empreinte carbone) -> les travaux de la Net Zero Initiative sur le sujet pourraient vous intéresser. - Le scope 3 (vrai aussi dans une moindre mesure pour les scope 1 et 2), ne pointent pas les émissions dont vous êtes "responsable" mais celles dont vous êtes "dépendant". Exemple : si TotalEnergie dont il est ici question prenait des engagements fermes sur ses scope 1 et 2, et parviennent, même si c'est utopique, à les réduire à 0. La communication du groupe pourrait être : "'nous avons fait notre part". Mettons que dans le même temps, ce qui est le cas, la vente de véhicules thermiques devienne interdite ou très taxée. Si TotalEnergie omet de regarder son scope 3, elle serait complètement aveugle aux émissions dont elle dépend, et serait incapable d'adapter sa stratégie convenablement à un monde qui se décarbone, indépendamment de ses émissions propres (scope 1 & 2). Autre exemple : si une entreprise veut évoluer dans un monde bas carbone mais omet de considérer son fret amont et aval (comptés dans le scope 3), elle se rend aveugle au fait que si du jour au lendemain le transport lourd thermique est interdit ou très taxé, même si ses procédés de fabrication sont très peu carbonés, elle sera largement impactée ! En espérant avoir apporté quelques éléments de réponse

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