TotalEnergies finit le trimestre en recul, pénalisé par le gaz et le raffinage

  • AFP
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La quatrième major pétrogazière TotalEnergies a terminé le second trimestre sur un recul de 7% de son bénéfice, à 3,8 milliards d'euros, en deçà des prévisions des analystes, subissant une baisse des marges de raffinage et un repli des ventes et du prix du gaz.

Au premier semestre, TotalEnergies a dégagé un bénéfice net de 9,5 milliards de dollars, en léger recul de 1% sur un an, après un premier trimestre à 5,7 milliards, selon le communiqué publié jeudi par le groupe, qui avait engrangé des profits record en 2022 et 2023, des années hors norme.

Les analystes s'attendaient en moyenne à un bénéfice net trimestriel de 4,9 milliards de dollars, selon le consensus calculé par FactSet et Bloomberg.

Mais le groupe a été pénalisé par la baisse des marges de raffinage tandis qu'il a vu sa performance opérationnelle reculer dans son activité prioritaire du gaz liquéfié (GNL), "dans un contexte de moindre demande" en Europe et de repli des prix, selon le communiqué du groupe jeudi.

"Les résultats de TotalEnergies n'ont pas été à la hauteur des attentes du consensus, la faiblesse du raffinage et des produits chimiques ainsi que l'augmentation des coûts de l'entreprise étant à l'origine de cet écart", a commenté la banque RBC dans une note, les jugeant "décevants".

Malgré un recul de 15 % de son bénéfice semestriel net ajusté (hors éléments exceptionnels) - l'indicateur le plus suivi par les analystes - à 9,8 milliards de dollars, le groupe, confiant, a gratifié ses actionnaires. En plus de proposer un deuxième acompte sur dividende d'un montant de 0,79 euro, (+7% par rapport à 2023), il a autorisé des rachats d'actions jusqu'à 2 milliards de dollars au 3e trimestre.

"TotalEnergies a généré au deuxième trimestre des résultats financiers robustes", a déclaré dans le communiqué le PDG du groupe Patrick Pouyanné. Ce dernier a été reconduit en mai pour un 4e mandat afin de mettre en place "la stratégie de transition équilibrée", reposant d'une part sur le pétrole-gaz d'une part, et l'électricité d'autre part, notamment renouvelable.

"N'attendez pas que cela change", a assuré M. Pouyanné alors que ses concurrentes BP et Shell ont revu à la baisse leurs objectifs de transition énergétique. TotalEnergies a confirmé un niveau d'investissements nets de 17 à 18 milliards de dollars en 2024, dont 5 dédiés à l'électricité.

- La Golden share, c'est non -

Las de la frilosité des investisseurs européens pour le secteur pétrogazier, alors que le groupe estime investir beaucoup dans les énergies vertes, le PDG avait déclenché un tollé en France en évoquant en avril l'idée de déménager la cotation principale du groupe à New York.

Face à cette hypothèse, une commission sénatoriale a recommandé à l'État de prendre une action spécifique ("golden share") de TotalEnergies pour avoir un droit de regard sur ses évolutions actionnariales. Une idée rejetée par le PDG, notamment pour des raisons juridiques. "J'ai cru comprendre qu'ils avaient une meilleure utilisation à faire de l'argent que d'investir des milliards dans TotalEnergies", a aussi glissé M. Pouyanné interrogé par une analyste.

Dans le semestre, le groupe, très critiqué pour la poursuite de ses activités dans les énergies fossiles qui réchauffent l'atmosphère, a lancé plusieurs projets "qui confortent l'objectif de croissance de 2-3%/an de la production" de pétrole et de gaz, en Angola, au Brésil, à Oman et au Nigeria. En parallèle, le groupe se diversifie et a fait des acquisitions pour se renforcer dans l'électricité ces derniers mois, comme des centrales à gaz au Texas et au Royaume-Uni, et en Allemagne, avec des concessions d'éoliennes en mer et des projets de stockage par batteries.

Le géant pétrolier avait empoché en 2023 un bénéfice record de 21,4 milliards de dollars et de 20,5 milliards de dollars en 2022, année dopée par la flambée record des hydrocarbures, dans le sillage du début de l'invasion russe en Ukraine. Si les cours du pétrole ont depuis reflué, ils se maintiennent actuellement au-dessus de 80 dollars le baril.

Les prix du gaz, eux, ont en revanche bien dégringolé depuis leurs records en 2022, s'établissant actuellement autour de 30 euros le mégawattheure, en baisse de 40% sur un an.

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