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Le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy, a plaidé jeudi pour le caractère intégré de l'entreprise dans le cadre d'une éventuelle réorganisation, estimant qu'il s'agissait d'une "ligne rouge", et fait état de discussions "extrêmement difficiles" avec Bruxelles. Il a rappelé que le projet envisageait la possible création de trois entités, mais "logées au sein d'un groupe intégré", lors de l'assemblée générale des actionnaires, tenue à huis clos.
L'avenir d'EDF fait actuellement l'objet de négociations entre le France et la Commission européenne. Le degré de proximité ou d'indépendance des futures entités d'EDF est source d'âpres discussions entre la France et Bruxelles, qui veille à la concurrence en Europe. "Ces discussions sont extrêmement difficiles", a indiqué Jean-Bernard Lévy. "Rien ne permet de penser que les discussions pourront aboutir rapidement, rien ne permet non plus de penser qu'elles pourraient ne pas aboutir. Nous restons suspendus à l'aboutissement de ces discussions", a-t-il ajouté.
Bruno Le Maire "pose une détente du calendrier pour aller probablement, c'est une supposition, jusqu'à l'automne", a complété dans un message Sébastien Ménesplier, le secrétaire général de la fédération Mines et Energie de la CGT, au lendemain d'une nouvelle réunion avec le ministre de l'Economie lors de laquelle il l'a trouvé "moins pressé que précédemment pour obtenir l'aval du +corps social+".
Le leader syndical indique toutefois redouter "l'utilisation de la trêve estivale pour duper les agents, l'opinion publique et les parlementaires".
Le projet, anciennement surnommé Hercule, prévoit la création d'une société mère nationalisée en charge notamment du nucléaire. Une filiale cotée en Bourse s'occuperait essentiellement du développement des activités renouvelables et des réseaux de distribution (Enedis). Enfin les barrages seraient logés dans une "quasi-régie", filiale détenue à 100% par le "groupe de tête" public.
"L'unité stratégique du groupe EDF, qui est la condition sine qua non de notre projet de réorganisation, a été l'une des clefs du succès économique, environnemental, humain, industriel du modèle énergétique français depuis l'après-guerre", a encore déclaré Jean-Bernard Lévy. "C'est une condition essentielle de la préservation de nos missions de service public, une condition indissociable de notre projet de croissance", a-t-il insisté. "Rester un groupe intégré est donc pour moi, et pour l'équipe autour de moi, ce que l'on appelle une ligne rouge", a souligné M. Lévy.
Ses propos font écho à ceux tenus récemment par le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire. "Nous avons des lignes rouges qui ne sont pas négociables. La première de ces lignes rouges c'est l'unité d'EDF", avait-il déclaré. M. Lévy a par ailleurs jugé qu'EDF faisait face à un tournant "indispensable".
Selon lui, la réforme doit permettre de mieux rémunérer la production nucléaire française et accélérer le développement dans les renouvelables, tout en réglant un vieux contentieux avec Bruxelles sur les barrages hydroélectriques.
Les syndicats sont farouchement opposés à ce projet, qu'ils voient comme un démantèlement. L'interfédérale syndicale énergie et mines CGT, CFE-CGC, CFDT et FO vient de se dire toujours "soudée" dans son opposition.