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L'Etat français apporte de l'argent frais au spécialiste de l'uranium Orano, en souscrivant entièrement à une augmentation de capital de 300 millions d'euros sur fond de relance du nucléaire français, ont annoncé jeudi Orano et le ministère de l'Economie.
Cette augmentation de capital, d'un montant total de 299.999.952 euros, par la création et l'émission de 9.146.340 actions ordinaires nouvelles d'une valeur nominale de 0,50 euro chacune et une prime d'émission d'un montant de 32,30 euros par action, "a été entièrement souscrite et libérée par versement en numéraire par l'Etat français", a détaillé Orano dans un communiqué.
Cette opération fait monter la part de l'Etat dans le capital "à hauteur de 90,33%". Les actionnaires japonais Japan Nuclear Fuel Limited et Mitsubishi Heavy Industries Ltd, qui détenaient chacun 5% du capital, voient leur part passer à 4,83% chacun.
"Cette opération démontre la volonté de l'Etat actionnaire de contribuer à l'exécution du plan stratégique d'Orano et à son développement", a déclaré Orano.
"Cet investissement de l'Etat (...) confirme la volonté de la France de renforcer et de diversifier sa filière nucléaire pour garantir à nos concitoyens et à nos partenaires une énergie souveraine, durable et décarbonée", a renchéri Bercy dans un communiqué distinct.
"Le produit de l'augmentation de capital contribuera au financement de grands projets de croissance dans les activités nucléaires", a précisé le spécialiste du combustible nucléaire, évoquant notamment l'extension de son usine d'enrichissement d'uranium Georges-Besse II au Tricastin, dans le sud de la France, qui doit lui permettre d'augmenter d'un tiers ses capacités.
Ce projet vise à prendre des parts de marché au géant du secteur, le russe Rosatom.
L'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022 a mis en évidence une volonté dans des pays occidentaux comme les Etats-Unis, de moins dépendre de Rosatom pour l'uranium des centrales nucléaires.
Le marché de l'uranium compte seulement quatre acteurs "enrichisseurs" dans le monde: Rosatom (43%), premier exportateur, le groupement européen Urenco (31%), le chinois CNNC (uniquement pour son marché intérieur), et Orano (12%), qui traite de l'uranium naturel en provenance du Canada et du Kazakhstan.
Cette annonce intervient au lendemain de la décision d'Orano de "suspendre" sa production au Niger, à partir du 31 octobre, "faute de pouvoir continuer à travailler" et à exporter son concentré d'uranium, n'ayant pu trouver un terrain d'entente avec le régime militaire arrivé au pouvoir en juillet 2023.