- AFP
- parue le
"On ne raisonne plus de la même façon", a affirmé jeudi devant des députés la Première ministre Elisabeth Borne pour expliquer la relance accélérée du nucléaire décidée par le gouvernement.
"On ne raisonne plus de la même façon puisqu'on a maintenant une vision beaucoup plus ambitieuse sur la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre et donc sur les besoins de production en électricité", a justifié Mme Borne devant une commission d'enquête de l'Assemblée.
Cette commission, qui vise selon son intitulé "à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la France", poursuit ses travaux depuis l'automne et rendra son rapport fin mars. Ses députés cherchent notamment à comprendre comment la France s'est retrouvée en situation de pénurie d'électricité et a dû en importer de l'étranger cet hiver.
"C'est ce qui a conduit le président de la République à annoncer le lancement des six nouveaux (réacteurs nucléaires) EPR. C'est ce qui nous conduit aujourd'hui à demander l'étude notamment à l'ASN (Autorité de sûreté du nucléaire) sur les modalités de prolongations au-delà de cinquante ans de nos réacteurs nucléaires", a-t-elle ajouté.
Elle a aussi insisté sur les scénarios produits par l'entreprise gestionnaire du réseau électrique français RTE quand la décision a été prise, sous François Hollande, de réduire la part du nucléaire en France et de fermer des réacteurs, notamment Fessenheim en Alsace qui a effectivement fermé en 2020.
"En 2014, les informations qui étaient à ma disposition, c'étaient les bilans prévisionnels de RTE" qui "prévoyaient une évolution de la consommation d'électricité stable ou en baisse", a-t-elle relaté. "On voit bien qu'on a depuis complètement réévalué ces scénarios (...) mais à l'époque il n'y avait aucune alerte sur un quelconque risque sur la sécurité d'approvisionnement", a-t-elle indiqué, admettant : "Ça rend modeste sur les prévisions".
Elle a aussi affirmé que la décision de relance du nucléaire avait été prise sur la base de calculs de RTE "montrant que d'un point de vue économique comme d'un point de vue de sécurité d'approvisionnement un scénario 100% renouvelable n'était pas soutenable". "Et sans doute, sur la base des scénarios qui ont été produits par RTE, on sera autour d'une production de 50% d'électricité d'origine renouvelable, 50% d'origine nucléaire", a-t-elle dit.
Fin 2021, RTE a présenté six scénarios allant de 100% renouvelables en 2050 à un développement volontariste du nucléaire, présenté comme la voie la moins chère, de l'ordre de 10 à 20 milliards d'euros de moins par an.
La relance du nucléaire devrait coûter au moins 51 milliards d'euros pour les six premiers nouveaux réacteurs et environ autant pour la prolongation au-delà de 40 ans des réacteurs existants qui le peuvent, hors gestion des déchets.