- AFP
- parue le
La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont exhorté mardi l'Iran "à mettre immédiatement fin à son escalade nucléaire", selon les porte-paroles des trois ministères des Affaires étrangères, qui condamnent les mesures prises par Téhéran pour augmenter fortement le rythme de production d'uranium hautement enrichi.
Hausse du nombre de centrifugeuses
"Les actions de l'Iran (...) augmenteront le stock d'uranium hautement enrichi de l'Iran qui n'a pas de justification civile crédible, et se déroulent sans que l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique, ndlr) n'ait eu le temps de mettre en oeuvre les mesures de garantie supplémentaires nécessaires", déplorent-ils dans un communiqué conjoint.
Téhéran défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l'énergie, mais nie vouloir se doter d'une bombe atomique, ce que soupçonnent les pays occidentaux.
L'Iran a commencé à alimenter de nouvelles centrifugeuses qui vont lui permettre "d'augmenter fortement" son rythme de production d'uranium hautement enrichi, avait rapporté vendredi l'AFP sur la base d'un rapport confidentiel de l'AIEA.
Ce changement au sein du site de Fordo aura comme effet "d'augmenter de manière significative le taux de production d'uranium enrichi jusqu'à 60%", selon ce rapport que l'AFP a pu consulter. Ce taux, calculé par mois, pourrait être multiplié par plus de sept par rapport aux 4,7 kg d'uranium atteints "dans la période de rapport précédente" observée par l'Agence.
"Nous sommes également extrêmement préoccupés d'apprendre que l'Iran a encore accru ses capacités d'enrichissement, en augmentant le nombre de centrifugeuses utilisées et ayant débuté les préparatifs pour installer de nouvelles infrastructures d'enrichissement", soulignent mardi Paris, Berlin et Londres.
L'accord de 2015 vidé « encore davantage » de sa substance
Ils rappellent avoir rencontré le 29 novembre à Genève en format dit "E3" leurs interlocuteurs iraniens pour évoquer le programme nucléaire de l'Iran ainsi que les sanctions, "et réitéré leur engagement au dialogue et à un comportement constructif".
Les trois pays européens du groupe dit E3 souhaitent entamer des négociations avec l'Iran pour encadrer son programme nucléaire.
En 2015, l'Iran avait conclu à Vienne un accord avec la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Chine, la Russie et les États-Unis pour encadrer ce programme. Le texte prévoyait en contrepartie un allègement des sanctions internationales contre Téhéran.
Mais en 2018, Donald Trump, alors président des États-Unis, avait retiré unilatéralement son pays de l'accord - auquel se conformait Téhéran, selon l'AIEA - et rétabli de lourdes sanctions. En représailles, Téhéran a considérablement augmenté ses réserves de matières enrichies et porté le seuil à 60%, s'approchant des 90% nécessaires pour fabriquer une arme atomique, selon la définition de l'AIEA.
À la lueur des dernières mesures prises par Téhéran, l'Iran vide "encore davantage" de sa substance l'accord de 2015, connu sous son acronyme anglais JCPOA, regrettent les porte-paroles de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni.