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Des militants se sont réunis mercredi à Paris devant les bureaux de deux banques impliquées dans le financement d'un projet controversé d'exploitation pétrolière de TotalEnergies en Afrique de l'Ouest, dans le cadre d'une journée d'action organisée dans plusieurs villes dans le monde.
Une trentaine de jeunes activistes réunis sous la bannière "Stop Total" ont manifesté dans le 8e arrondissement devant les locaux parisiens de la banque japonaise Sumitomo Mitsui Banking Corporation (SMBC) et de la britannique Standard Chartered.
L'objectif était de faire pression sur les banques afin qu'elles se retirent du projet East Africa Crude Oil Project (EACOP), un oléoduc chauffé de 1 443 kilomètres développé conjointement par le géant français TotalEnergies, la China National Offshore Oil Corporation (CNOOC), ainsi que les compagnies pétrolières publiques d'Ouganda et de Tanzanie.
TotalEnergies possède 62% du consortium qui détient la licence pour exploiter l'oléoduc. La SMBC est, avec la Standard Bank d'Afrique du Sud, l'un des conseillers financiers des opérateurs d'EACOP. Standard Chartered aurait manifesté son intérêt à être un créancier du projet, qui devrait coûter 10 milliards de dollars (9 ,4 milliards d'euros) en comprenant les dépenses de développement des gisements pétroliers.
"Nous sommes ici pour pousser ces banques à rendre publics leurs rapports internes, dont nous connaissons l'existence, qui évaluent les risques environnementaux et sociétaux du projet EACOP", a dit à l'AFP Ulysse Vassas, membre du collectif Stop Total et coordinateur de la journée internationale d'action avec l'ONG 350.org. "Ils disent qu'EACOP est aligné sur les Principes de l'Equateur, mais nous n'avons aucune preuve", dit-il.
Les Principes de l'Équateur sont un ensemble de dispositions impliquant la prise en compte par les banques de l'impact social et environnemental des projets qu'elles financent. La SMBC et la Standard Chartered font partie des 138 signataires de ce programme volontaire. En juillet, un rapport rédigé par trois ONG a mis en évidence la non-conformité de l'EACOP à plusieurs critères énoncés dans les principes de l'Equateur.
Sollicitée par l'AFP, Standard Chartered a indiqué ne pas pouvoir "faire de commentaires sur des clients individuels." La SMBC n'a pas répondu.
Le projet s'est heurté à une forte opposition de la part des défenseurs des droits humains et de l'environnement, qui affirment que les champs pétrolifères en cours d'exploitation autour du lac Albert menacent l'écosystème fragile de la région et les moyens de subsistance de dizaines de milliers de personnes.
Devant Standard Chartered, rue de Monceau, puis devant SMBC, rue Paul Cézanne, les manifestants ont déroulé un ruban adhésif pour tracer une ligne rouge, censée symboliser les Principes de l'Equateur. "Which side are you on?" (De quel côté êtes-vous ?), pouvait-on lire sur une pancarte tenue par l'un des manifestants.
Vingt-quatre autres banques se sont déjà engagées à ne pas soutenir le projet EACOP, selon 350.org. "Les projets Tilenga et EACOP sont majeurs pour l'Ouganda et la Tanzanie et TotalEnergies met tout en œuvre pour en faire un projet exemplaire en termes de transparence, de prospérité partagée, de progrès économique et social, de développement durable, de responsabilité environnementale et de respect des droits de l'Homme", a de son côté assuré l'entreprise dans une déclaration à l'AFP.