Agnès Pannier-Runacher « regrette » le choix de TotalEnergies d'accroître sa production d'hydrocarbures

  • AFP
  • parue le

"Pourquoi développer de nouveaux actifs" pétrogaziers? La ministre de la Transition énergétique Angès Pannier-Runacher a dit "regretter" la décision de TotalEnergies de produire davantage à horizon 2030.

"C'est un fait et je le regrette: les entreprises pétrolières et gazières veulent poursuivre leurs activités d'exploration et de production", a-t-elle répondu dans une interview publiée mardi par Le Monde, qui l'interrogeait sur le choix du géant français de produire de plus grandes quantités à l'horizon 2030.

Pour la ministre, "le premier sujet est d'obtenir de l'ensemble du secteur des décisions sur les émissions liées à la production. Et pour agir sur les émissions liées à l'utilisation des hydrocarbures, il faut des politiques de baisse de l'utilisation des fossiles".

"C'est ce que nous mettons en place: à un moment, le pétrole sera mécaniquement absent du [bouquet] énergétique français et ce sera pareil pour tout le continent européen. Alors pourquoi développer de nouveaux actifs? Je le dis sans détour: une entreprise pétro-gazière qui ne sait pas inventer son modèle décaborné est sans avenir", a-t-elle ajouté.

Fin septembre, TotalEnergies a annoncé qu'il comptait "augmenter sa production d'hydrocarbures de 2 à 3% par an sur les cinq prochaines années", notamment pour répondre à la demande dans les pays émergents. Jusqu'alors, la major française ne communiquait pas d'objectif chiffré, et sa production pétrogazière entre 2019 et 2022 n'avait cessé de baisser.

Commentaires

guydegif(91)
Bien vu Mme la Ministre ! Au sein d'une politique globale pour le Pays et la Planète, faut savoir se donner les bons objectifs : Exploiter les actifs et réservoirs existants et connus, OK, MAIS ne pas prospecter et élargir le champ des actifs ! C'est vrai pour Total Energies, ainsi que Vermillon du côté d'Arcachon ! Sortir des fossiles et faire la Transition, c'est ds ces conditions-là : Slts Guy
Dominique Wenger
Déplorable réaction. Qu'elle commence par son ministère en supprimant les voitures de fonction et les allocations taxi. Ce ne sont pas les fournisseurs de pétrole qui sont fautifs, mais les utilisateurs. C'est juste comme les péripatéticiennes. Ce ne pas les pauvres filles du bois de Boulogne qu'il faut blâmer, mais les cochons qui viennent acheter leurs services.
Guillaume
Faux. Ce n'est pas qu'un problème de demande. Il faut aussi agir fortement sur le désinvestissement dans les énergies fossiles pour réorienter les capitaux vers les ENR. Regardez les 2 documentaires Pétrole et gaz diffusés actuellement sur Arte et Arte replay. Aussi : "Pour viser 1,5°C (scénario « NZE » sur le graphique), il faut opérer des changements drastiques qui réduisent massivement l’usage du pétrole pour les transports de personnes et de marchandises, et réduisent, dans des proportions moindres ceux de la pétrochimie. Si on se situe dans ce scénario, il faut dès aujourd’hui cesser les investissements de capacités. Comme l’écrit le rapport [de l'AIE]: « No room for new fields ». Source: https://www.connaissancedesenergies.org/tribune-actualite-energies/cop28-et-le-desinvestissement-des-fossiles-laie-met-les-points-sur-les-i
Guillaume
Faux. Ce n'est pas qu'un problème de demande. Il faut aussi agir fortement sur le désinvestissement dans les énergies fossiles pour réorienter les capitaux vers les ENR. Regardez les 2 documentaires Pétrole et gaz diffusés actuellement sur Arte et Arte replay. Aussi : "Pour viser 1,5°C (scénario « NZE » sur le graphique), il faut opérer des changements drastiques qui réduisent massivement l’usage du pétrole pour les transports de personnes et de marchandises, et réduisent, dans des proportions moindres ceux de la pétrochimie. Si on se situe dans ce scénario, il faut dès aujourd’hui cesser les investissements de capacités. Comme l’écrit le rapport [de l'AIE]: « No room for new fields ». Source: https://www.connaissancedesenergies.org/tribune-actualite-energies/cop28-et-le-desinvestissement-des-fossiles-laie-met-les-points-sur-les-i
Vlady
Solution : augmenter sensiblement les impôts des récalcitrants ....
Lecteur 76
On aimerait que les réflexions des uns et des autres sur les questions climato-énergétiques soient un peu plus informées ... Plutôt que condamner les grandes entreprises du secteur -- d'exiger en particulier la condamnation permanente et le sacrifice du seul grand acteur enregistré en France-- et de critiquer les projets de développement lancés ailleurs, sous le contrôle de gouvernements légitimes étrangers, les "vrais" mouvements et partis écologistes devraient nous proposer des politiques efficaces et plus radicales. On espère donc que les partis écologistes français, qui attendent beaucoup des élections européennes de 2024, vont construire leur programme autour de la fermeture immédiate des stations services puis des raffineries sur l'ensemble du territoire européen, à défaut sur le seul territoire français. Un effet brutal rapide sur nos émissions de gaz à effet de serre, un énorme progrès pour la planète. Chiche ?
Guillaume
Vous savez très bien que votre solution, qui est destinée à piéger votre interlocuteur, ne sera pas mise en œuvre dans l'immédiat au risque de provoquer une explosion sociale. Il faut aussi agir fortement sur le désinvestissement dans les énergies fossiles pour réorienter les capitaux vers les ENR ET la sobriété. Tant que des autorités étatiques n'édicteront pas des limites d'émissions contraignantes, effectivement les investissements pétro-gaziers pourront propsérer. Regardez les 2 documentaires Pétrole et gaz diffusés actuellement sur Arte et Arte replay. Aussi : "Pour viser 1,5°C (scénario « NZE » sur le graphique), il faut opérer des changements drastiques qui réduisent massivement l’usage du pétrole pour les transports de personnes et de marchandises, et réduisent, dans des proportions moindres ceux de la pétrochimie. Si on se situe dans ce scénario, il faut dès aujourd’hui cesser les investissements de capacités. Comme l’écrit le rapport [de l'AIE]: « No room for new fields ». Source: https://www.connaissancedesenergies.org/tribune-actualite-energies/cop28-et-le-desinvestissement-des-fossiles-laie-met-les-points-sur-les-i
Lecteur 76
Merci Guillaume, voilà des remarques utiles. Je suis bien loin de vouloir piéger l'interlocuteur ... En fait je cherche depuis longtemps à vérifier ce que cachent ou expriment 1/ le ton de l'urgence absolue adopté par nombre d'ONG écologistes et 2/ l'agressivité extrême des critiques les plus violentes des sociétés énergétiques. Quand on néglige la dimension temporelle des changements nécessaires, il devient facile de régler le problème de la transition énergétique et climatique. Quand on ignore que la problématique changement climatique implique chaque jour et à plusieurs titres, quelques 7 milliards d'individus (certes, certains plus que d'autres) sur l'ensemble de la planète et près de 200 gouvernements, et des milliards de transaction économiques, politiques et sociales chaque jour, alors, --si on néglige totalement ces aspects de l'immensité du défi énergétique et climatique, alors là aussi il devient très simple de prendre le problème par un seul bout et de tirer la ficelle d'un pseudo raisonnement, par exemple en condamnant la compagnie pétrolière que nous avons ici sous la main, dans un pays où il est facile de faire de l'agit-prop sans risque, et où une opinion publique sera ravie de se débarrasser du problème sur un unique responsable à sacrifier. Je ne suis pas encore pas bien sûr de savoir ce qui se cache derrière ces critiques radicales: sont-ce des gens qui ignorent l'extrême complexité du problème ou au contraire des gens qui la mesurent mais se refusent à entrer dans cette complexité car ils perdraient alors le charme de l'agit-prop et l'image de courage contestataire qu'ils veulent projeter.
Hélène de la R…
Cette séquence dévoile bien, pour ceux qui en doutaient encore, de l'impuissance de nos politiques face à la tyrannie de cette mutlinationale.
Lecteur 76
Merci. On attend donc de vous un peu de réalisme: faites campagne non pas contre des moulins à vent mais contre là où les choses se passent vraiment: dans les stations service, dans les raffineries. Faites l'impasse sur les faux objectifs (tenter, par exemple, d'éliminer une entreprise qui pèse ... moins de 1% des productions mondiales d'énergie fossile [et peut-être déjà --à vérifier-- plus de 1% des capacités de production d'ENR ?] ou contre des projets clefs pour certains pays/gouvernements, projets/réserves qui seront épuisé.e.s dans une trentaine d'années ...). Concentrez vous sur le réel: les stations services et les raffineries, plus d'importations (facile), fermeture également des usines pétrochimiques ensuite .... L'effet GES sera rapide: l'Europe ou la France selon le cas, cesseront d'émettre et vous aurons montré au monde que nous sommes capables du meilleur exemple. En outre, avec de telles mesures mises en place si rapidement, vous aurez évité d'avoir à gérer, comme le font les gouvernements et comme le font également ces entreprises que vous jetez en enfer, la dimension temps du problème ainsi que la dimension sociétale (i.e. économique et sociale). Une fois ces dimensions oubliées ou niées, bien sûr, la question climatique devient un tout petit peu plus simple - mais il restera quand même quelques problèmes sérieux dont nous parlerons plus tard. En attendant, faites vous élire sur ces objectifs efficaces dès le court terme aux élections européennes prochaines.
Hélène de la R…
Formidable. Merci pour tous vos conseils, d'une rare pertinence... Vous parlez du réel mais ne semblez pas hélas avoir les pieds sur terre. Comme Pouyanné au demeurant, lorsque en septembre face à Jean Jouzel sidéré que : "cette transition, je suis désolé Jean, mais elle prendra du temps. J’assume de poursuivre mes investissements pétro-gaziers car la demande croît. Je respecte l’avis des scientifiques mais il y a la vie réelle." Entre l’urgence à agir et les intérêts de la major du pétrole, il a vite choisi où était la "vie réelle" et vite balayé d'un revers de main les multiples alertes scientifiques émises ces dernières années. Le pire, c'est qu'en 2020 et 2021, TotalEnergies n’a pas payé d’impôt sur les sociétés en France, alors que la multinationale engrange des profits record.
Lecteur 76
C'est vrai que la réflexion de P. Pouyanné à J. Jouzel l'autre jour était un peu sèche... Mais même sur des sujets délicats et conflictuels, il faut que les choses soient dites et si ces choses sont inconfortables pour la plupart d'entre nous, vous pouvez être sûre que c'est P. Pouyanné qui les dira. A l'auditeur d'en prendre la mesure. Si c'est ça qui justifie votre anti-totalenergies ou si c'est son régime fiscal (mais la territorialité de l'impôt veut de jure que la quasi totalité de l'impôt d'une société pétrolière d'un pays non producteur soit payée ailleurs que dans son propre pays ...) ou bien encore si c'est votre anti-capitalisme qui justifie votre anti-totalenergies, alors je n'ai aucune bonne raison de contester votre opinion. Mais si c'est la transition énergétique et climatique qui vous anime, alors là il faut ajuster vos propos et être un peu réaliste: à l'échelle de la planète et du défi climatique et historique que nous vivons, totalenergies, l'adversaire que vous vous êtes choisie, est absolument insignifiant - ce qu'il fait ou ne fait pas n'aura aucune importance pour la suite de ces transitions qui se feront sans lui ou peut-être avec lui (après tout, Pouyanné affiche et réalise de nombreuses opérations dans les renouvelables, bien plus que ses consoeurs et évidemment bien plus que nos ONG écolos -- pardon de le rappeler); ces transitions se feront (elles ont commencé), tout le monde en est persuadé, y compris Pouyanné tout comme J. Jouzel et ses amis expert, et même la plupart des pétroliers savent que dans quelques dizaines d'années, l'humanité aura tourné la page et les énergies fossiles ne joueront plus qu'un rôle résiduel. Bien sûr, totalenergies étant un ennemi facile puisque français, on comprend que vous (et l'agit-prop nationale) préfèrez vous faire plaisir à La Défense plutôt qu'en Russie ou à Pékin ou bien encore à Mexico, Caracas, Ryadh ou Alger .... . Si vous pensez vraiment qu'on peut/doit aller très très vite et que ce sera facile, alors attaquez vous au sujet de la consommation, à commencer par les stations services et les raffineries : lancez une campagne électorale sur la base d'une politique de fermeture immédiate des stations et des raffineries et pour l'interdiction des importations de pétrole ... Si vous êtes élue, allez-y. On verra bien. Résultat GES immédiat. Résultat climatique à surveiller. Pour le reste de la problématique transition, à suivre de très près également. Normal de prendre des risques. Ce n'est pas au pied du mur qu'on peut juger du maçon, ou avant la vraie"action" qu'on juge des qualités d'une ONG ... C'est en haut du mur, une fois celui-ci construit. C'est la même chose pour les ONG.
Hélène de la R…
Les faits, rien que les faits. 1/ Alors que TotalEnergies engrange les profits record, le groupe n’a pas payé un seul euro d’impôt sur les sociétés en France en 2020 et 2021. Vous pouvez vérifier ces informations vous-même puisqu'elles sont consignées dans un rapport que TotalEnergies a publié en mars 2022 et qui n’a pas eu l’attention qu’il mérite (TotalEnergies, Tax Transparency, Report 2019-2020, mars 2022). Dans un effort, louable, de transparence, TotalEnergies y consigne des données portant sur les bénéfices réalisés et l’impôt sur les sociétés payé pays par pays. Si un tel rapport doit-être remis à l’administration fiscale depuis 2017, c’est la première fois que TotalEnergies le rend public, avec les données relatives aux exercices comptables des années 2019 et 2020. Qu’y trouve-t-on ? D’abord la confirmation que TotalEnergies n’a pas payé d’impôt sur les sociétés en France en 2021 suite à ses résultats de 2020. Ce n’est guère surprenant si l’on tient compte du fait que l’impôt sur les bénéfices d’une année donnée est calculé en fonction des profits de l’année précédente. Ce n’est guère surprenant : en 2020, année de la pandémie, une bonne part de l’économie de nombreux pays, dont la France, était à l’arrêt. Voyez-vous, cette année-là, TotalEnergies a annoncé avoir réalisé 5,9 milliards d’euros de pertes mondiales cumulées, dont 0,9 milliard euros environ en France. Il paraît donc logique que le groupe n’ait pas payé d’impôt sur les bénéfices l’année suivante. En 2020, Total a quand même versé 7,6 milliards d’euros à ses actionnaires, malgré ses pertes abyssales. Plus surprenant, ce rapport nous apprend que TotalEnergies n’a pas payé d’impôt sur les bénéfices également en 2020. Le groupe avait pourtant réalisé en 2019 un bénéfice mondial très confortable de plus de 10 milliards d’euros. Le groupe précise qu’il a réalisé cette année-là une perte fiscale en France, selon les règles fiscales françaises en vigueur, qui l’ont conduit à ne pas y payer d’impôts sur les sociétés. Il a même encaissé un chèque de 124 millions d’euros de la part du Trésor public en remboursement d’un trop perçu. Ici, l’étonnement est de rigueur. Comment un groupe qui fait 10 milliards d’euros de profits peut n’en avoir réalisé aucun dans un pays où son siège est installé et qui représente 21 % de son activité, 35 % de ses effectifs, 44 % du capital social de toutes les entités juridiques du groupe, ou encore 66,5 % des bénéfices cumulés et non distribués par le groupe ? Le fait que TotalEnergies ne paye pas d’impôt sur les bénéfices en France n’est pas nouveau. Déjà en 2015, le PDG du groupe, Patrick Pouyanné, reconnaissait que son groupe n’avait pas payé d’impôts sur les sociétés de 2012 à 2015 - alors que son groupe faisait des résultats mondiaux très largement positifs. Sachez que comme de nombreuses autres entreprises multinationales du CAC40, TotalEnergies recourt à des pratiques d’optimisation fiscale afin de ne déclarer chaque année que des bénéfices négatifs, nuls ou faibles en France afin d’y limiter son imposition. 2/ Bon pote vient de rédiger l'article le plus important depuis 4 ans. Le plus important parce qu'il a fallu des mois de travail pour éplucher les activités de TotalEnergies. Le plus important car il a été relu par des avocats et réécrit deux fois, pour que chaque mot soit pesé. Je vous invite donc à en prendre connaissance avant toute réponse de votre part. Il est important de ne pas demeurer fasciné par le miroir aux alouettes. En plus Bon pote a tout classé par chapitres, cela vous permettra de choisir les parties qui vous intéressent le plus, même si je ne saurais que trop vous conseiller la lecture intégrale. https://bonpote.com/totalenergies-est-elle-une-entreprise-criminelle/
Lecteur 76
Bonjour et merci pour votre dernier message (les faits, les faits et rien que les faits) et les deux sujets que vous évoquez. La question fiscale : je ne conteste pas le fond de ce que vous dites: une entreprise dont l'essentiel des bénéfices sont réalisées en dehors du pays dans lequel elle est enregistrée est donc habituellement taxée dans les pays où son activité et ses bénéfices sont réalisés, et non (ou beaucoup moins) dans le pays de son enregistrement juridique -- la territorialité de l'impôt .... En outre, si vous vous penchiez sur la fiscalité (complexe elle aussi) généralement applicable à la recherche et à la production d'hydrocarbures, vous verriez que celle ci est très généralement bien supérieure à tout ce que vous pouvez imaginer. Rien de tout cela est contestable, ce sont des faits et ils sont vérifiés "sous toutes les coutures" par un grand nombre de sociétés de conseils qui travaillent pour tous les acteurs (gouvernements, entreprises etc ...) et par toutes les autorités fiscales concernées. Concernant les impôts français, là encore, ne prenez pas les autorités fiscales de notre pays pour des administrations incapables de comprendre et le cas échéant contester la comptabilité des grandes entreprises et ne croyez pas que ces entreprises passent leur temps à essayer de tromper leurs autorités fiscales. Le sujet est trop sérieux pour croire que tout le monde triche et que seuls les ennemis de l'industrie s'en aperçoivent ... Il y a moins de méchants dans l'industrie et dans les affaires, même pétrolières, que ce que vous pensez ou craignez. Le sujet Bon pote: je connais les publications de bon pote depuis un bon bout de temps, comme tous ceux qui souhaitent lire des choses sérieuses sur le sujet climatique au sens large. C'est là un gros travail qui vient d'être publié que je n'ai pas encore épuisé. Forcément -- et cela ne vous étonnera pas-- j'y trouve une concentration de violence certainement excessive, en direction d'une entreprise finalement "normale" (pour son industrie), plutôt brillante (pour son histoire dans cette industrie) et dont la faiblesse principale est d'être juridiquement française, par conséquent soumise aux propos presque haineux de critiques "écologistes" français, comme si ces acteurs étaient incapables de prendre l'air, sortir du franco-français et développer une approche plus pacifiée et mieux renseignée. Rien ne semble trouver grâce aux yeux du bon pote qui dramatise à l'excès comme le font ceux qui écrivent pour le cinéma, cherchant l'émotion des lecteurs (les mots forts, les condamnations ...) plutôt que leur intelligence. Décidément les français resteront d'indécrottables gaulois plus prompts à ferrailler qu'à chercher à vraiment savoir et à comprendre. Je suis effrayé par tant d'acharnement contre une entreprise à qui le bon pote fait endosser tous les malheurs du monde [alors qu'à l'échelle de la planète et du problème climatique, elle est presque insignifiante) et utilise ici et là pour ce faire quelques papiers, au ton parfois universitaire, qui cachent souvent à grand peine la pauvreté de leur anti-totalenergies derrière des généralités si générales qu''elles ne sont pas toujours contestables. Beaucoup de bruit pour pas grand chose. Il faut que nos critiques français prennent un peu d'air pour retrouver l'intelligence qu'ils ont le droit et le devoir de revendiquer.
Hélène de la R…
Un peu facile de balayer d'un simple revers de main l'important travail d'enquête de Bon Pote, au motif qu'il serait animé par son émotion (!). C'est assurément la posture confortable et tellement conventionnelle des partisans du statu quo. Je ne peux que vous inviter vivement à lire le rapport (TotalEnergies, Tax Transparency, Report 2019-2020, mars 2022). Il nous apprend aussi que TotalEnergies n’a pas payé d’impôt sur les bénéfices également en 2020. Le groupe avait pourtant réalisé en 2019 un bénéfice mondial très confortable de plus de 10 milliards d’euros. En plus, les superprofits de TotalEnergies (et d’autres) sont des profits d’aubaine réalisés sans qu’ils ne résultent d’investissements nouveaux. Ils ne sont le fruit d’aucun effort ou prise de risque particuliers. Vous ignorez sans doute que pour les actionnaires, une augmentation de 5 % du dividende portant sur l’exercice 2022 est programmée, ainsi qu’un montant minimum de 3 milliards de dollars de rachats d’action pour le seul premier semestre 2022 – soit plus que sur toute l’année 2021. En parallèle, TotalEnergies continue à supprimer des emplois : 2300 en 2020 (dont 410 en France) et 4167 en 2021 (dont 700 en France). La multinationale profite ainsi d’une rente de situation qui lui permet de prélever une part croissante du pouvoir d’achat des consommateurs dont les dépenses en carburants sont pour partie contraintes, sans raison économique effective et sans contribuer à l’intérêt général. Comment justifiez-vous que TotalEnergies, qui se retrouve chaque année en haut du classement des profits réalisés par le CAC40 et des dividendes versés aux actionnaires, ne contribue pas à l’effort collectif pour financer les mesures prises face à la pandémie, la guerre ou l’inflation ? Comment selon vous un groupe qui fait 10 milliards d’euros de profits peut n’en avoir réalisé aucun dans un pays où son siège est installé et qui représente 21 % de son activité, 35 % de ses effectifs, 44 % du capital social de toutes les entités juridiques du groupe, ou encore 66 % des bénéfices cumulés et non distribués par le groupe ? Comme de nombreuses autres entreprises multinationales du CAC40, TotalEnergies recourt à des pratiques d’optimisation fiscale afin de ne déclarer chaque année que des bénéfices négatifs, nuls ou faibles en France afin d’y limiter son imposition. Si vous considérez que tout cela est parfaitement normal, si vous trouvez réellement qu’il n’y a pas quelque chose de pourri dans ce système, je me demande sincèrement avec quel genre de personne j’ai perdu mon temps à discuter. Quant à votre remarque sur les GES, elle renvoie à la responsabilité individuelle en dépolitisant la question. Les émissions engendrées pour la création d’un mégaprojet d'exploitation pétrolière comme celui là, et pour l’utilisation du pétrole qui en jaillira seront colossales et les conséquences environnementales désastreuses, mais on s’en fout hein ? C’est les Africains qui trinquent (en premier…). Les énergies fossiles appartiennent au passé, il est plus que temps de mettre à jour le logiciel de pensée.
Lecteur 76
Je vous dois une réponse et je me rapproche donc de mon PC, que j’avais abandonné pour quelques jours. Les questions que vous soulevez et les critiques que vous formulez mériteraient de ma part (comme de la part de mes semblables) de longs développements dont j’aimerais faire l’économie malgré mon goût pour le bavardage et le débat. La plupart des thèmes évoqués dans votre dernière livraison encombrent en effet la réflexion bien plus souvent qu’ils ne la nourrissent : par exemple le thème des superprofits … Faites un calcul simple : chercher le ratio résultat net/chiffre d’affaires - sauf exceptions rares, vous verrez que le « profit » qui reste dans l’entreprise minière/pétrolière par 100 unités de chiffre d’affaires est bien inférieur à ce qui se pratique dans d’autres secteurs (Apple et quelques autres vous donneront le vertige). La rente de situation du secteur primaire : oubliez un peu le Ricardo facile, la logique même du secteur minier est de précisément essayer de choisir très en amont des « sujets » (des actifs potentiels) qui se situeront peut-être 10 ou 20 ans plus tard le mieux possible dans l’économie future de l’industrie concernée … Fondamentalement, la « rente » récompense ici une politique de très long terme, pas (ou pas seulement) la chance ou les aléas des marchés …. Au passage –mais le propos est d’une importance fondamentale—la certitude --que portent les entreprises que vous n’aimez pas-- que les fossiles vont disparaître du paysage énergétique à moyen terme modifie très sensiblement le jeu de cette intelligence de mineur/pétrolier et si vous regardez les choses de plus près, vous pourriez être amenée à un peu moins de pessimisme. Curieux d’ailleurs que dans les années soixante dix, les pétroliers, par peur de manquer de pétrole (souvenez-vous, c’était pour beaucoup la fin du pétrole et la juste explication à l’augmentation de ses prix par l’OPEP) se sont lancés dans une diversification énergétique tous azimuts, qui a peu payé, que beaucoup de pétroliers ont fini par lâcher (mais tiens, pas l’entreprise française que vous n’aimez pas, paradoxalement, qui avait alors développé des intérêts multiples dans le solaire, est resté, contre vents et marées, dans ce secteur pour, plus récemment, les développer de manière assez disons …, solide. L’optimisation fiscale … : elle est inscrite dans toute réglementation fiscale et est commandée par la logique qui anime le législateur lui-même: n’y voyez pas le jeu du (plus) malin mais le résultat (légal) de la réglementation par ailleurs de plus en plus complexe et dans laquelle entreprises et législateurs et leurs conseils respectifs se perdent dans les milliers de pages et dans les mises à jour annuelles de la réglementation … Assimiler comme vous –et la plupart des anti-entreprises-- le faites optimisation fiscale et fraude relève au mieux d’une erreur d’analyse qui ne vise qu’à alimenter l'anticapitalisme, des émotions et des haines à la façon de l’agit-prop. Pas fortiche sur le plan intellectuel et moral. Enfin, en deux mots : c’est la première fois que 1/ je lis que la distribution de carburants n’est pas une contribution à l’intérêt général (par contre, à plus ou moins moyen terme, ceci deviendra une affirmation discutable) et aussi 2/ que la distribution de carburant dans notre pays permettait à ceux qui le font de gagner beaucoup d’argent … Comme un très grand nombre de citoyens (et citoyennes), je ne suis pas « partisan du statu quo » en matière énergétique et climatique, pas du tout. Notre profond désaccord réside dans ce qu’on pourrait appeler (pompeusement) nos philosophies de l’action respectives. Mes semblables comme moi-même, nous pensons que se limiter, comme la quasi-totalité des mouvements « écologistes », à crier au loup, rappeler chaque jour l’imminence de la catastrophe, à dénoncer (par ex.) la méchanceté des producteurs d’énergie non renouvelables ainsi que la nullité des gouvernements et entreprises, est la manière la plus moderne et la plus efficace de ne rien faire. Ne rien faire. Sauf se faire plaisir et avoir l’impression (comme de nombreuses générations avant la vôtre) de « mener un combat » pour le salut de l’humanité … Il faut que vous réalisiez que les messages basiques de la nécessité de la transition climatique sont maintenant parfaitement compris et acceptés par la majorité des gens normaux que vous croisez chaque jour, du moins dans la quasi-totalité des pays que je connais. Les cris, les injures, les appels à la radicalisation des « actions » etc … ne jouent plus aucun rôle positif, au contraire peut-être. Tout le monde le sait et vous faites perdre du temps à l’humanité. En rester sur ce mode de « combat » vous condamne progressivement (comme peut-être, je le crains, le bon pote) à rester impuissante face au problème et donc à vous radicaliser jusqu’à u « combat »,que chaque génération, pendant un temps, rêve de livrer contre des moulins. Les vrais problèmes –et celui-là en est un, bien plus compliqué que d’habitude-- se combattent autrement. Peut-être en parlerons nous un autre jour car c’est important.

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