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L'Allemagne "accepte d'être en désaccord" avec la France sur la proposition européenne d'octroyer un label vert à l'énergie nucléaire, a déclaré vendredi à l'AFP la secrétaire d'État allemande aux Affaires européennes.
"Je crois que nous avons une relation tellement étroite et profonde, nous nous connaissons tellement bien, que nous savons quelle est la position française sur le nucléaire, du côté français on sait très bien quelle est la position allemande sur ce sujet. Donc on peut aussi se dire on accepte d'être en désaccord sur ce point", a affirmé dans un entretien Anna Lührmann. "Nous pouvons ensuite nous concentrer sur les sujets sur lesquels nous voulons avancer (ensemble), et ils sont nombreux si on regarde les projets de la présidence française de l'UE : de la protection du climat aux investissements durables, à la question de la souveraineté stratégique européenne", a détaillé Mme Lührmann, membre du parti écologiste allemand et qui vient d'entrer en fonctions dans le nouveau gouvernement du chancelier Olaf Scholz.
Le 31 décembre, la Commission européenne a dévoilé un projet de labellisation verte pour les centrales nucléaires et à gaz, qui vise à faciliter le financement d'installations contribuant à lutter contre le changement climatique. La France, qui veut relancer sa filière nucléaire -source d'électricité stable et décarbonée - et des pays d'Europe centrale, comme la Pologne ou la République tchèque, qui doivent remplacer leurs centrales à charbon très polluantes, réclamaient un tel texte.
« Indépendance politique »
À l'inverse, l'Allemagne a, après la catastrophe ayant affecté la centrale nucléaire de Fukushima en 2011, décidé de se passer de l'atome en fermant progressivement ses centrales encore en activité. Ce sera le cas à la fin de cette année.
Vendredi dernier, trois de ses six derniers réacteurs allemands encore en activité ont été mis hors service, soit la moitié de la capacité nucléaire restante du pays.
"D'une manière générale, nous devons prendre une autre direction pour des raisons climatiques, mais aussi pour des raisons d'indépendance politique en matière d'énergie", a expliqué Mme Lührmann. "Et c'est pour moi un argument contre le gaz et le nucléaire, car l'uranium doit lui aussi provenir de quelque part. Nous ne voulons pas dépendre énergétiquement des grands fournisseurs de matières premières", a-t-elle dit. Selon elle, "le nucléaire n'est pas une énergie durable, parce que nous ne savons pas ce qu'il adviendra des déchets nucléaires".
Cependant, malgré ces divergences, l'Allemagne ne cherchera pas de conflit avec la France, qui vient de prendre la présidence tournante de l'UE, a-t-elle assuré. "Nous savons aussi que nous ne sommes pas majoritaires en Europe. Je pense que c'est ainsi qu'il faut aborder la question", a-t-elle admis.