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Deux start-up du nucléaire, Naarea et Newcleo, lancent "un partenariat stratégique et industriel" pour accélérer dans la course au développement des petits réacteurs innovants en Europe, dits de 4e génération, ont annoncé mardi à l'AFP les deux sociétés soutenues par le programme d'investissement France 2030.
Cette alliance aura vocation à s'étendre à l'ensemble des acteurs travaillant en Europe sur les technologies de réacteurs de 4e génération aussi appelés les AMR (Advanced modular reactors), selon le communiqué commun des start-up française Naarea et italo-anglo-française Newcleo.
"Ce partenariat stratégique et industriel (...) a pour ambition d'accompagner l'ensemble de ces acteurs dans leur déploiement industriel, technologique, scientifique et réglementaire", font valoir les deux sociétés, premières lauréates de l'appel à projets "réacteurs nucléaires innovants" de France 2030.
Il s'agit aussi de "simplifier le travail des pouvoirs publics" confrontés à une multiplicité de nouveaux acteurs nucléaires.
"C'est une course contre la montre", a résumé auprès de l'AFP David Briggs, directeur général adjoint de Naarea. "Dans un contexte global de compétition entre les Etats-Unis, l'Europe et la Chine, cela fait énormément de sens de mutualiser nos forces et nos moyens, et c'est aussi pour nous un moyen d'avancer plus vite", a-t-il dit.
Les deux sociétés ambitionnent de participer au renouveau de la filière nucléaire pour décarboner l'électricité et la chaleur industrielle. Newcleo travaille sur un mini-réacteur à neutrons rapides refroidi au plomb, et la start-up Naarea sur un micro-générateur à neutrons rapides et sels fondus.
Particularité de ces technologies: elles utilisent des déchets nucléaires comme combustibles, assurent leurs promoteurs qui visent des objectifs ambitieux pour 2030 - un démonstrateur industriel pour Newcleo et "un accès à l'énergie décarbonée et souveraine", pour Naarea.
Ces technologies de réacteurs de 4e génération font partie de la catégorie plus large des petits réacteurs modulaires connus sous le nom de SMR (small modular reactors). Au total plus de 80 projets sont actuellement en développement dans le monde, à des stades d'avancement divers.
"Le nombre grandissant et croissant d'acteurs ne facilite pas la prise de décisions", notamment des pouvoirs publics, constate Ludovic Vandendriesche, directeur général de Newcleo. D'où "l'idée de se fédérer et de se regrouper justement pour parler d'une seule voix", souligne-t-il.
Selon ces start-up, ce partenariat permettra aux deux sociétés et par la suite aux autres de travailler sur différents sujets et besoins communs: accès aux combustibles nucléaires usagés, "optimisation" des procédures auprès des autorités de sûreté, développement d'installations d'essais mutualisés, recherche de subventions...
Selon les deux sociétés, il s'agit d'une "démarche complémentaire" à l'alliance industrielle sur les SMR annoncée en novembre par la Commission européenne. Depuis le forum économique mondial de Davos, la commissaire européenne à l'Energie Kadri Simson a confirmé qu'elle serait lancée le 6 février.
Cette alliance "permettra à l'UE de progresser non seulement sur le plan intérieur, mais aussi dans le contexte de la concurrence mondiale pour le leadership industriel et technologique", avait souligné la commissaire en novembre dernier à propos de cette initiative réclamée par douze pays européens.