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Le réacteur nucléaire EPR de Taishan 2, en Chine, entrera en exploitation commerciale samedi, a annoncé le groupe chinois CGN, en charge du projet avec le français EDF, qui y voit une validation de cette technologie malgré des déboires sur d'autres chantiers.
L'unité numéro 2 de la centrale nucléaire de Taishan, dans le sud de la Chine, aura terminé samedi les tests de mise en service "et sera qualifiée pour les opérations commerciales, commençant la génération d'électricité sur le réseau", a indiqué vendredi CGN dans un communiqué publié sur le site de la Bourse de Hong Kong.
EDF est actionnaire à hauteur de 30% de la coentreprise chargée de construire et d'exploiter les deux réacteurs de 1 750 MW chacun sur ce site. Les groupes chinois CGN et Guangdong Energy Group ont des participations respectives de 51% et de 19%.
"C'est un moment important pour la filière française puisque, même si elle intervient sur le sol chinois (...), il s'agit de la mise en service du deuxième EPR dans le monde, une technologie développée par EDF et Framatome", a réagi Xavier Ursat, directeur de l'ingénierie et des nouveaux projets nucléaires chez EDF, interrogé par l'AFP.
Le réacteur numéro 1 de Taishan était déjà entré en exploitation commerciale en décembre 2018 et avait produit 7,93 térawattheure (Twh) début septembre, selon EDF. "D'entrée de jeu cet EPR fonctionne comme une horloge à Taishan 1", souligne Xavier Ursat.
D'autres EPR sont pourtant en construction depuis plus longtemps à Flamanville (Manche) pour EDF et en Finlande pour Areva SA, ayant connu pour leur part d'importants retards et surcoûts.
La mise en service de Flamanville sera encore retardée d'au moins trois ans et ne pourra pas être envisagée avant la fin de 2022 à la suite de problèmes de soudures, a admis EDF fin juillet. Le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire a commandé un audit sur la filière EPR, estimant que les problèmes rencontrés ne sont "pas acceptables".
"La technologie EPR fonctionne et clairement à Taishan elle le prouve", a défendu Xavier Ursat tout en admettant des difficultés de mise en oeuvre sur le chantier normand. "À Flamanville on a en effet cette vraie difficulté, que je ne nie pas et qui conduit à un délai, mais la technologie marche et Taishan 1 et 2 le prouvent", a-t-il souligné.
EDF voudrait construire d'autres EPR en Chine, qui est actuellement la locomotive du marché nucléaire dans le monde, même si les Chinois ont aussi développé leur propre réacteur de 3e génération, le Hualong. "La réussite de Taishan pourra les inciter aussi à envisager d'autres EPR", espère-t-il. "On est à un stade très préliminaire". "Dans un pays qui a de très gros besoins énergétiques dus à sa croissance et puis de très forts besoins de décarboner son électricité, la poursuite du programme nucléaire avec sans doute plusieurs modèles est envisagée", indique M. Ursat.
Les États-Unis avaient par ailleurs placé cet été CGN sur une "liste noire" d'entreprises, estimant que le groupe chinois avait avec d'autres cherché à dérober des technologies américaines pour un usage militaire. Cette décision interdit les exportations américaines vers ces entreprises, sauf dérogation.
La sanction est d'autant plus potentiellement gênante pour EDF que l'électricien est aussi partenaire avec CGN pour la construction de deux EPR en Angleterre. "C'est un sujet sur lequel nous sommes vigilants", a indiqué Xavier Ursat. "À ce stade l'évaluation que nous faisons est que cela n'a pas d'impact sur les projets qui sont en cours tant en Chine qu'au Royaume-Uni", a-t-il assuré.