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Dans la résidence du Nombre d'or, à Montpellier, labellisée "architecture contemporaine remarquable", les habitants vont enfin pouvoir fêter la rénovation, opérée sous la férule des bâtiments de France, de leurs logements dont les fenêtres datent de 1984.
Une chaleur insupportable l'été
Corniches romaines, balcons en pierre, fontaine centrale et 1 500 fenêtres qui respectent toutes les proportions du nombre d'or - présentes dans la nature et source d'harmonie, selon certains artistes : la résidence, située dans le quartier central d'Antigone, est loin du cliché de la barre HLM. Mais il s'agit bien de logements sociaux, appartenant à ACM Habitat, le bailleur social de Montpellier.
Ce quartier monumental a été bâti il y a 40 ans, par l'architecte espagnol Ricardo Bofill, à la demande du maire PS de l'époque Georges Frêche, avec l'objectif de créer des logements à proximité du centre-ville, dont 275 logements sociaux à moins d'un kilomètre de la très centrale place de la Comédie.
Au quatrième étage du bâtiment numéro 14, l'appartement témoin rénové arbore de toutes nouvelles fenêtres, de nouveaux radiateurs, les murs ont été repeints, le sol a été refait.
ACM Habitat va aussi "refaire les ventilations mécaniques contrôlées (VMC), installer des brasseurs d'air et des rideaux thermiques occultants", énumère Ethel Camboulives, directrice de la gestion du patrimoine du bailleur. Et cela va concerner l'intégralité des 275 appartements de la résidence.
Cette rénovation thermique est une excellente nouvelle pour Fatima, 30 ans, qui habite là depuis huit ans avec son conjoint et ses deux enfants: elle témoigne auprès de l'AFP d'un logement "très humide, aux fenêtres en très mauvais état". Et en été, en cas de fortes chaleurs, "on fuit" car "en journée, c'est pas vivable", déplore-t-elle.
Chez Brigitte, 73 ans, durant la période estivale, la température monte à 34 degrés "quasi en permanence" dans son appartement exposé plein sud.
"La chaleur est insupportable en juillet et août", dit-elle. Mais "je ne peux pas partir parce que je m'occupe de ma mère qui vit à 300 mètres d'ici", raconte-t-elle.
Même si chaque appartement de la résidence sociale est traversant - l'architecte était "déjà attentif à la question de la ventilation et du confort il y a 40 ans", assure Mme Camboulives -, ils ne sont plus adaptés aux températures actuelles.
Les périodes de canicule sont vouées à s'intensifier et à être plus fréquentes en raison du réchauffement climatique, selon les scientifiques.
Façades classées
La rénovation thermique de la résidence du Nombre d'or s'élèvera à 7,26 millions d'euros et devrait permettre un abaissement de la température de deux à trois degrés, selon les appartements et leurs orientations face au soleil.
Au contact des locataires, Ethel Camboulives a compris qu'il y avait "de fortes attentes" et la demande de "plus d'épaisseur des vitres pour leur confort sonore et thermique".
Le projet s'est cependant heurté à un obstacle de taille: tout le quartier Antigone, à l'architecture néo-classique inspirée de la Grèce antique, est labellisée "architecture contemporaine remarquable".
La moindre opération concernant les façades des 22 bâtiments du Nombre d'or est soumise à la consultation de l'Architecte des bâtiments de France, qui vérifie qu'il n'y ait aucune altération de l'architecture d'origine.
L'appartement témoin était d'ailleurs une obligation pour vérifier les éventuelles non-conformités avant de lancer la production sur-mesure des menuiseries et double-vitrages des fenêtres.
"Nous avions demandé une occultation extérieure, mais même des stores extérieurs avec des caissons positionnés à l'intérieur des logements ont été refusés", explique Ethel Camboulives.
Une contrainte qui agace Brigitte, l'habitante de la résidence, qui pense que "contre la chaleur, on ne peut rien faire, un tissu intérieur ne va pas nous protéger !"
Quant à la période hivernale, les rénovations devraient à terme permettre aux habitants d'économiser 250 à 300 euros par an sur leur facture énergétique. Mais, en attendant, beaucoup risquent de connaître un nouvel hiver précaire, les travaux se faisant cage d'escalier par cage d'escalier, pour se terminer fin 2025.