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L'agence spatiale européenne (ESA) étudie la propulsion nucléaire comme solution pour raccourcir le trajet des futures missions habitées lointaines, notamment vers Mars, et limiter l'exposition des astronautes aux rayonnements cosmiques, a annoncé mardi le CEA, qui va mener les recherches.
Les systèmes de propulsion dans l'espace permettent de booster les fusées une fois qu'elles ont été lancées, leur apportant une poussée supplémentaire pour atteindre l'orbite visée. Il s'agit de moteurs chimiques placés dans les étages supérieurs des lanceurs, qui diffèrent des systèmes de propulsion utilisés au lancement pour arracher les fusées à la Terre.
"Limités en poussée, en autonomie, les systèmes classiques de propulsion dans l'espace montrent aujourd'hui leurs limites pour les voyages lointains", selon le Commissariat à l'énergie atomiques (CEA).
L'organisme de recherche français va donc mener, pour le compte de l'ESA, "deux études de faisabilité sur la propulsion nucléaire", a-t-il indiqué à l'occasion du salon du Bourget.
En janvier dernier, la Nasa avait annoncé un partenariat avec le Pentagone pour développer et tester une fusée à propulsion nucléaire thermique "dès 2027".
L'une des pistes du CEA consiste à "chauffer de l'hydrogène liquide en le faisant passer dans le coeur d'un réacteur nucléaire pour le transformer en gaz et le porter à haute température, avant de l'éjecter pour générer une poussée avec une efficacité deux à trois fois plus grande qu'un moteur chimique classique", précise l'organisme public dans un communiqué.
Cela réduirait la durée des futurs voyages habités vers Mars, actuellement estimée à environ neuf mois, à seulement "quelques semaines", a expliqué à l'AFP David Fraboulet, coordinateur des activités spatiales au CEA.
Les astronautes à bord du vaisseau seraient ainsi moins exposés aux dangereuses radiations cosmiques, frein majeur aux missions humaines spatiales lointaines. De tels moteurs simplifieraient en outre l'envoi des gros équipements indispensables à la survie des astronautes.
Inerte au sol, le système de propulsion embarqué serait activé une fois que le vaisseau se trouvera loin de la Terre et donc sans danger, puisqu'il devra "résister à tous les évènements y compris une destruction du lanceur", selon M. Fraboulet.
Si ses recherches sont concluantes, le CEA développera un démonstrateur "à l'horizon 2035".