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Angela Merkel et Emmanuel Macron ont proclamé haut et fort mardi leur volonté de rapprocher leurs pays. Mais de la politique budgétaire à l'énergie ou aux ventes d'armes, derrière les amabilités les divergences persistent.
Première d'entre elles: l'énergie nucléaire. "Nous venons de deux mondes très différents", a expliqué la chancelière allemande lors d'un débat avec des citoyens français et allemands à Aix-la-Chapelle, où les deux dirigeants ont signé un nouveau traité censé renforcer leur coopération.
"Quand nous participons à des conférences sur le climat, Emmanuel Macron a un petit avantage sur moi parce qu'il a tellement de centrales nucléaires qu'il émet très peu de CO2", a lancé celle qui a décidé la sortie du nucléaire en 2011 après la catastrophe de Fukushima. "J'ai aussi une population qui, je crois, ne serait pas très enthousiaste si je venais remplacer les centrales au charbon par des centrales nucléaires. C'est pourquoi nous avons décidé d'éliminer progressivement l'énergie nucléaire", a-t-elle déclaré aux côtés du président français.
"Au niveau français, ma priorité, moi, n'est pas d'accélérer la fermeture des centrales nucléaires, ma priorité c'est d'accélérer la fermeture des centrales à charbon", a répondu M. Macron. "Du point de vue de ma stratégie CO2, c'est le plus cohérent : si je veux baisser les émissions, ce que je dois faire avant tout c'est baisser ma production fossile", a-t-il ajouté, relevant que ce qui pollue plus, "ce sont les mines de charbon, ensuite c'est le gaz, ensuite le nucléaire et à la fin c'est les renouvelables".
Autre désaccord, les ventes d'armes à l'Arabie saoudite. L'Allemagne a décidé de les suspendre en octobre, tant que les dessous du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi ne seront pas éclaircis. La France vend elle toujours des armes à Riyad. "Si nous décidions qu'avec nos partenaires stratégiques, du jour au lendemain, nous arrêtons tout, nous perdons toute crédibilité dans la région", a fait valoir le président français. "Notre priorité est la lutte contre le terrorisme islamiste et dans cette lutte, ils (l'Arabie saoudite) sont nos partenaires", a-t-il enchaîné.
Enfin, M. Macron a rappelé le fossé qui sépare encore les deux pays sur les questions budgétaires: "si je devais schématiser un peu, sans doute la France a-t-elle eu un goût immodéré pour l'augmentation des dépenses publiques et une très faible sensibilité à la notion de déficit public, et d'une autre côté l'Allemagne a un goût immodéré pour la consolidation budgétaire et une faible sensibilité à la relance par la dépense". Il a appelé, en présence de la chancelière, à "coordonner mieux" cette politique budgétaire.