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Les autorités de l'est de la Libye ont annoncé jeudi la reprise de la production des gisements pétroliers, concentrés majoritairement dans cette région, ainsi que des exportations, suspendues pendant une crise politique majeure avec le gouvernement rival de Tripoli.
« Levée de la force majeure »
Le gouvernement non reconnu installé dans l'est du pays a annoncé la "levée de l'état de force majeure sur tous les gisements et terminaux pétroliers" ainsi que "la reprise de la production et des exportations", dans un communiqué publié sur Facebook.
Cette décision intervient sur "instruction du président du Parlement" dont les efforts et ceux du Haut Conseil d'Etat (HCE), basé à Tripoli et qui fait office de sénat, ont été "couronnés de succès" pour résoudre une crise majeure autour de la Banque centrale de Libye (BCL) qui avait entraîné fin août la fermeture des gisements et terminaux pétroliers, ajoute le communiqué.
Dans la foulée, la Compagnie nationale de pétrole (NOC) a également annoncé la "levée de la force majeure sur tous les gisements et terminaux libyens à compter de jeudi", indique un communiqué sur son site.
Invoqué dans des circonstances exceptionnelles, l"'état de force majeure" permet une exonération de la responsabilité de la NOC en cas de non-respect de ses contrats de livraison. Après une rencontre avec le patron de la NOC à Tripoli, Farhat Bengdara, Stéphanie Koury, cheffe par intérim de la Mission d'appui de l'ONU en Libye (Manul) a mis en avant "l'importance de garantir que les ressources de la Libye soient gérées de manière transparente au profit de tous les Libyens".
"J'ai souligné la nécessité de préserver l'indépendance de la NOC", a-t-elle dit sur X.
La production pétrolière du pays divisée par 2
En proie au chaos depuis la chute et la mort du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est gouvernée par deux exécutifs rivaux : celui reconnu par l'ONU d'Abdelhamid Dbeibah installé à Tripoli (ouest), et un autre dans l'est, soutenu par le maréchal Khalifa Haftar.
Ripostant à l'éviction le 18 août par les autorités de l'ouest du gouverneur de la BCL, Seddik el-Kebir, leurs rivaux de l'est avaient déclaré, le 26 août, l'état de force majeure, suspendant la production et les exportations pétrolières sur des sites qu'ils contrôlent à près de 90%.
Le gouvernement de l'est, basé à Benghazi, avait alors dénoncé des "attaques et tentatives d'incursion" dans les locaux de la BCL, visant à prendre le contrôle de cette institution de manière "illégale", et ayant "bloqué et perturbé les transactions bancaires" dans le pays.
L'arrêt de la production et des exportations dans les principaux champs et terminaux pétroliers, dans des zones contrôlées par le clan Haftar, avait divisé par deux la production du pays, à environ 600 000 barils par jour, selon la NOC.
Un nouveau gouverneur
En Libye, la BCL engrange et redistribue aux régions et diverses administrations les recettes des exportations pétrolières, principales sources de richesse du pays.
Lundi, le Parlement, siégeant dans l'est, avait déjà entériné, par "un vote à l'unanimité et en présence de 108 députés", un accord signé entre son représentant et celui du HCE à Tripoli sous l'égide de l'ONU, pour désigner Naji Issa, un cadre de la BCL, comme nouveau gouverneur et Marii al-Barassi comme vice-gouverneur.
Ces derniers ont un délai de "dix jours pour reconstituer un conseil d'administration", a annoncé dans un communiqué Abdallah Bliheq, porte-parole du Parlement.
Après avoir prêté serment mardi devant le Parlement, MM. Issa et al-Barassi se sont rendus mercredi à Tripoli au siège de la BCL pour une passation de pouvoirs et la prise de leurs fonctions. Ils avaient auparavant été reçus par le président du Conseil présidentiel, Mohammed el-Menfi, qui avait validé le limogeage du gouverneur el-Kebir, et s'est "félicité de l'accord" sur leur désignation.
Le gouverneur el-Kebir, en poste depuis 2012, était très critiqué par l'entourage de M. Dbeibah pour sa gestion de la manne pétrolière, considérée comme trop favorable au clan Haftar. Après avoir insisté sur le maintien d'el-Kebir pendant plus d'un mois, le camp de l'est a finalement accepté, sous pression de l'ONU et de pays occidentaux, de s'entendre pour lui désigner un successeur convenant à toutes les parties impliquées.