L'intelligence artificielle « accélère la crise climatique », alerte la chercheuse Sasha Luccioni

  • AFP
  • parue le

Une intelligence artificielle (IA) générative utilise "30 fois plus d'énergie" qu'un moteur de recherche classique, alerte la chercheuse Sasha Luccioni qui veut sensibiliser la population à l'impact environnemental de cette nouvelle technologie.

Une démarche « beaucoup plus énergivore »

Reconnue comme l'une des 100 personnalités les plus influentes du monde de l'IA par le magazine américain Time en 2024, cette Canadienne d'origine russe cherche depuis plusieurs années à quantifier les émissions de programmes comme ChatGPT ou Midjourney.

"Je trouve ça particulièrement décevant qu'on utilise l'IA générative pour faire une recherche sur Internet", déplore la chercheuse rencontrée par l'AFP à la conférence ALL IN dédiée à l'intelligence artificielle à Montréal.

Les modèles de langage sur lesquels ces IA se fondent exigent en effet d'énormes capacités de calcul pour s'entraîner sur des milliards de données, ce qui nécessite des serveurs puissants. À cela s'ajoute l'énergie consommée pour répondre aux requêtes d'un utilisateur.

Au lieu d'extraire des informations, "comme le ferait un moteur de recherche pour trouver la capitale d'un pays par exemple", ces IA "génèrent de nouvelles informations", rendant le tout "beaucoup plus énergivore", souligne-t-elle.

Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), en combinant l'IA et le secteur des cryptomonnaies, les centres de données ont consommé près de 460 TWh d'électricité en 2022, soit 2% de la production mondiale totale.

Combien d'électricité votre box internet consomme-t-elle ?

Donner une note aux algorithmes, comme le Nutri-score

Précurseure dans la recherche sur l'impact de l'IA sur le climat, Sasha Luccioni a participé en 2020 à la création d'un outil destiné aux développeurs pour quantifier l'empreinte carbone de l'exécution d'un morceau de code. "CodeCarbon" a depuis été téléchargé plus d'un million de fois.

Celle qui dirige la stratégie climatique de la startup Hugging Face, une plateforme de partage de modèles d'IA en libre accès, travaille désormais à la création d'un dispositif de certification des algorithmes.

Similaire à celui d'"Energy Star", qui attribue des notes selon la consommation énergétique d'un appareil aux Etats-Unis, ce programme, qu'elle compare aussi au Nutri-score français dans l'alimentaire, permettrait de connaître la consommation énergétique d'un modèle afin d'inciter les utilisateurs et développeurs à "prendre de meilleures décisions".

"On ne prend pas en compte l'eau ni les matériaux rares", reconnaît-elle, "mais au moins, on sait que pour une tâche spécifique, on peut mesurer l'efficacité énergétique et dire que ce modèle-là a un A+, puis ce modèle-là a un D", précise-t-elle. 

Les émissions de Google en hausse de 48% entre 2019 et 2023

Afin de développer son outil, Sasha Luccioni l'expérimente sur des modèles d'IA générative accessibles à tous (open source) mais elle aimerait également le faire sur les modèles de Google ou encore OpenAI (le créateur de ChatGPT) qui restent pour l'instant réticents.

Bien qu'ils se soient engagés à parvenir à la neutralité carbone d'ici à la fin de la décennie, ces géants du monde de la tech voient leurs émissions de gaz à effet de serre augmenter en 2023 à cause de l'IA : +48% pour Google par rapport à 2019 et +29% pour Microsoft par rapport à 2020.

Si on ne fait rien pour réguler ces systèmes d'IA, "on accélère la crise climatique", soupire la trentenaire qui demande plus de transparence de la part de ces entreprises.

Et la solution, dit-elle, pourrait venir des gouvernements qui, pour l'instant, "naviguent à l'aveugle", sans savoir ce qu'il y a "dans les jeux de données ou comment sont entraînés les algorithmes". "Une fois qu'on a la transparence, on peut commencer à légiférer", soutient l'experte.

Un appel à la sobriété énergétique, en choisissant les bons outils

Pour la chercheuse montréalaise, il faut aussi "expliquer aux gens ce que l'IA générative peut faire et ne peut pas faire, et à quel coût". 

Dans sa dernière étude, celle qui fait de nombreuses interventions à l'international a ainsi démontré que produire une image en haute définition à l'aide d'une intelligence artificielle consomme autant d'énergie que recharger entièrement la batterie de son téléphone portable.

À l'heure où de plus en plus d'entreprises veulent démocratiser cette nouvelle technologie en l'intégrant sous plusieurs formats (robot conversationnel, appareils connectés, recherches en ligne), Sasha Luccioni prône la "sobriété énergétique".

L'idée ici n'est pas de s'opposer à l'IA, souligne-t-elle, mais plutôt de choisir les bons outils et les utiliser judicieusement.

Commentaires

ez
Qu'est-ce que l'IA ou plutôt le développement des LLM a t-il apporté jusqu'à présent qui pourrait contribuer au bien de l'humanité et à la préservation des conditions souhaitables de la vie sur Terre? RIEN, NADA, ZERO !!! Malgré les centaines de miliards de dollars investis, l'accaparement des ressources en eaux - pour refroidir les data center, pour fabriquer les composants éléctroniques... - ET le vol pur et simple de nos données. Combien de temps allons-nous encore nous laisser nous faire voler notre avenir et celui de nos enfants? La vie dans les années 80 avant la massification de l'Internet était-elle plus pénible? Combien de fausses promesses de "progrès" allons-nous encore avaler avant de nous réveiller? À qui appartient ces technoligies et ces outils? Pour quoi faire? Quel est le projet?
GV
L'IA n'est de toute façon pas faite pour améliorer la vie du commun des mortels ni pour l'intérêt général, elle sert avant tout l'industrie et le capitalisme.
Serge Rochain
Ho que si. Quand elle sera mieux développée, vous pourrez peut-être vous en apercevoir. Quand, par exemple, l'IA fera un diagnostic rapide et précis de la maladie rare dont vous êtes atteint à la simple énumération des symptomes que vous ressentez alors que votre généraliste n'en n'a même jamais entendu parler.
Serge Rochain
Sans l'apparition de la micro-informatique vous ne seriez pas en train de critiquer l'informatique au sens large du terme. L'apport de l'informatique à l'évolution humaine est comparable à la domestication de l'animal qui nous a remplacé au centuple par sa force physique, puis par la mécanisation qui a à nouveau multiplier par 100 la force physique nous permettant de construire le monde dans lequel nous vivons et qui n'aurait pas été possible sans les tractopel, les grues, les tracteurs, les excavatrices.... L'informatique a fait cela d'un seul coup sur le plan intellectuel. Avant l'informatique vous n'écriviez que rarement une lettre que vous deviez timbrer et porter à la boite à lettre pour n'avoir une reponse au mieux qu'une semaine plus tard quand aujourd'hui vous pouvez l'avoir dans les secondes qui suivent....les distances et le temps qui va avec ont été abolis...et je ne vous parle là que d'une seule application de cette informatique.....mais j'ai 100 application à égrener qui ont divisé par 10 à 1000 le temps que vous consacriez à la tache équivalente avant l'apparition de l'informatique.
GV
Ce que vous ne parvenez pas à comprendre (ou alors que vous ne voulez pas comprendre), c'est qu'une fois atteint un certain niveau de vie comme dans nos sociétés occidentales, l'ajout de nouvelles technologies inutiles et imposées et la fuite en avant techno-industrielle n'apportent pas de satisfaction supplémentaire, elles ne concourent pas au bonheur de la population, au contraire, elle ont mêmes des conséquences négatives. Relisez l'article ci-dessus ou celui-ci : https://www.actu-environnement.com/ae/news/intelligence-artificielle-menace-desinformation-climat-43699.php4 et vous comprendrez peut-être que ce n'est pas parce qu'on sait créer quelque chose qu'on doit absolument le développer, sans regard critique sur son utilité sociale, et sans se demander à qui cela profite-t-il.
Serge Rochain
Et vous, ce que vous ne comprenez pas c'est qu'à chaque étape de l'évolution, il y a toujours une bonne partie de la population qui décrete être arrivée au sommet de l'évolution et qu'il n'est pas possible de faire mieux, que tout évolution sera donc inutile à partir du "maintenant" de circonstance. Heureusement il y a une autre partie de la population qui fait avancer le monde. On retrouve cela à tous propos et sous toutes les latitudes, comme par exemple dans les moyens de se déplacer, en ce moment en plein conflit par exemple. Ainsi mon grand père était persuadé que ces machines fumantes et pétaradantes ne remplacerait jamais sa calèche et son cheval comme aujourd'hui beaucoup ne croient pas que les véhicules électriques vont remplacer les voitures à pétrole. Dans cet autre registre, les premeirs ordinateurs, bien que les plus puissants dans les années 60 ne dépassaient guère la puissance d'un honnête PC d'aujourd'hui, étaient fort critiqués des utilsateurs de machines à calculer électromécaniques. En effet, qui avait besoin de faire 1000 multiplications par seconde ? Quelle stupidité ! De plus ils coutaient des fortunes. Mais aujourd'hui ce sont bien des milliers d'opérations par seconde auxquelles se livre votre PC ne serait-ce que pour me transmettre votre leçon de morale sur la façon dont je devrais comprendre le monde.....car vous, vous savez bien sûr ce qui est utile pour le futur, tandis que moi vous devez me considérer comme un naïf qui ne comprend toujours rien à la vie après 83 ans d'existance et une carrière bien remplie. Que vous fassiez partie de ceux qui ont jeté l'ancre a votre époque n'est que votre affaire, mais ne comptez pas sur moi pour partager cette fin d'évolution, je continue le voyage. Serge Rochain
GV
83 ans ? Je comprends mieux votre indifférence pour les conséquences environnementales et sociales néfastes des "innovations" contemporaines.
Serge Rochain
Moi je comprends que vous ne comprenez toujours pas. Rien aujourd'hui n'est plus immortant que ce qui arrivera à mon arriere petit fils..... et je m'y interesse beaucoup plus que ce que vous pouvez imaginer ! Et surtout j'agis, pas comme vous en appuyant sur le frein. Et peu de jeunes gens comme vous, bien que j'ignore votre âge, sont aussi actifs que moi dans ce dommaine. Serge Rochain
Daphné
C'est vrai M. Rochain. Mais l'intelligence humaine et ses applications comme Stone Henge ou l'esclavage qui a permis d'ériger les pyramides, le Parthénon, le fanatisme religieux à l'origine des plus magnifiques monuments architechturaux et tant d'autres merveilles n'est pas mal non plus!Ne serait-ce que le numérique...Malgré cela, 25 ans ( une génération )pour construire une cathédrale au Xème siècle, 16 ans pour ne pas finir un EPR au XXIème...
Serge Rochain
Ais-je dit à un quelconque moment que ce que l'homme a fait dans le passé ne presentait aucun intéret ? Par ailleurs il faut que vous conprenier que lorsque l'on parle d'IA c'est toujours de l'intelligence humaine qu'il s'agit, simplement déportée vers un amplificateur de la vitesse d'exécution, comme l'homme qui pilote une tractopelle déporte sa faible puissance musculaire sur un appareil qui la démultiplie grace à des verins hydrauliques. Quant à la mise en parallèle entre une cathédrale et un réacteur nucléaire c'est comparer ma maison avec ma voiture .... aucun rapport, surtout dans la finalité, si ce n'est mettre face à face des temps de fabrication qui ne sont pas passés à fabriquer....... la même chose.
Astrid
Risque pour notre humanité, pour nos démocraties, pour la planète, les conséquences néfastes de l’IA ne manquent pas. Pourtant, nous continuons à investir des milliards d’euros, sans interroger ni débattre de la balance bénéfice/risque d’un système d’IA avant son déploiement. Le règlement européen récemment adopté ne prend pas en compte les aspects environnementaux et il ne sera réellement efficace que pour les systèmes d’IA embarqués dans des dispositifs déjà objet de contrôle (transports, jouets, santé.) Encore une fois, un lobbying intensif a vidé en partie la loi de son contenu. Notre société continue sa fuite en avant technologique, en croyant que la technologie est neutre et que l’intelligence artificielle pourrait nous sauver de nombreux maux. Ce sujet capital exige un débat à la hauteur des enjeux. Un débat politique où les mythes de science-fiction resteraient dans les salles de cinéma.
Serge Rochain
Et oui ma chere Daphné.... la peur de l'inconnue etait aussi à l'origine de la loi , heureusement abolie aujourd'hui, qui imposait que tout véhicule à moteur sur la voie publique devait être précédé par un piéton agitant un drapeau pour signaler l'arrivée d'un engin dangereux. Je vous suggère de venir avec Astrid, agiter un drapeau devant les ordinateurs qui font fonctionner un logiciel d'IA. Je vous invite d'ailleurs afin de vous desembuer les neurones à télécharger, par exemple, Chat GPT pour vous exercer à l'emploi qui peut en être fait. Et en dehors d'une nette progression de vos connaissance sur le sujet, vous vous amuserez beaucoup, comme moi, de le pieger et le pousser à se contredire jusqu'à ce qu'il décide de ne plus vous repondre... vous êtes loin d'avoir quelque raison de vous inquiéter, et vous pourez même constater que ces applications d'IA (j'en ai évalué plusieurs) ne répondent même pas à un des principaux critères de ce que doit être l'IA : Ils n'apprennent pas de leurs erreurs et on faisait déjà mieux avec des applications conventionnelles, mais comme on ne parlait pas d'intelligence cela n'inquiétait personne !
Daphné
Monsieur Rochain, j'ai compris: Vous n'êtes pas Serge Rochain mais une IA qui fonctionne en autodescription. Qui aurait cru?
Serge Rochain
Mais puisque vous savez la différence entre un moteur thermique et un moteur électrique et que vous pensez pouvoir donner la même réponse à propos de l'IA et de l'informatique conventionnelle vous allez nous expliquer cette différence ....on vous écoute ?
Serge Rochain
Ma chère Astrid, Vous êtes clairement dans la peur de l'inconnu car vous n'avez aucune idée de ce que peutêtre l'IA. et vous prétendez que vous pourriez discuter du sujet et être capable d'avoir un avis autorisé sur le sujet ! Vous auriez pu être terrorisée par votre PC, pourquoi cela n'a-t-il pas été le cas ? Vous en saviez plus sur la façon dont il fonctionne ? Evidemment non, mais personne ne vous a dit qu'il était plus intelligent que vous alors vous n'avez pas eu peur. Mais en remplaçant les deux lettres PC par les deux lettres IA, cela devient épouvantable, alors vous croyez en savoir assez pour discuter du droit à son existance alors que vous n'avez pas éprouvé le besoin de discuper de celle du PC au sujet duquel vous ne comprenez rien de plus ! Savez vous seulement comment fonctionne le programme de votre lave-linge ? et j'aimerais bien savoir ce que vous savez du PC qui vous sert à envoyer vos messages d'inquiétude ??? Je vous suggere la lecture de "De la mécanographie à l'informatique, 50 ans d'évolutions" parus chez ISTE Editions, et vous aurez, peut-être, une petite idée de ce qui se cache dans les machines d'IA....et vous cesserez de trembler.
Daphné
Mon cher M. Rochain, Vous devriez relire les Précieuses Ridicules mais ce n'est pas scientifique. On est en droit comme Astrid, d'autres et moi-même de se poser des questions sur les priorités des investissements pour l'avenir et tirer des leçons sur sur celles faites dans le passé. De toutes façons , un progrès ne se pérennise que s'il est accepté parce qu'il rend la vie plus facile et une action plus commode à éxécuter et financièrement accessible. Ce fut la règle, y compris pour le numérique, internet , le smartphone etc.( la machine à vapeur, le moteur à explosion qui a entraîné la courte ère des hydrocarbures) sauf que maintenant depuis la 2ème moitié du XXème siècle la religion des modes, la dictature des lobbies l'a biaisée et cela si ce n'est dangereux, demande au moins réflexionssss.
Daphné
PS: on ne me demande pas de passer un diplôme de mécanique pour obtenir un permis de conduire!Et, en aurais-je un, cela me rendrait-il plus prudent et me ferait-il connaître les règles de la circulation?
Rochain Serge
Non on demande de connaître le code de la route. Mais pour savoir s'il vaut mieux faire des voitures animées par un moteur thermique ou un moteur électrique il faut comprendre et les lois de la mecanique et celle de l'électricité... Vous voyez bien que vous ne savez pas mettre les connaissances necesdaires en face de la question à laquelle il faut répondre.... Soyez moins précieuse, vous avez tout à y gagner.
Daphné
On m'a appris le principe du moteur à explosion et celui du moteur électrique en physique au lycée. Mais ce qui m'intéresse en tant qu'éventuel consommateur n'est pas comment ça fonctionne mais lequel des deux moteurs est le plus commode, le plus simple à entretenir, celui qui a le consommable le plus disponible,le plus repidemment rechargeable, le plus économique, le meilleur rendement, et enfin le moins polluant. Cela ne demande pas une licence en mécanique et Rochain-IA trouvera lui-même la réponse même sans consulter internet.
Astrid
Dénoncer les conséquences de la course au high tech tout en utilisant un ordinateur, quelle contradiction ! N'est-ce pas aussi incohérent qu'un militant alter-mondialiste qui manifesterait contre l'impérialisme des États-Unis, une canette de Coca à la main ? D’ailleurs, Serge Rochain n’est-il pas tout content de nous dire : « Vous critiquez la techno-science, mais vous utilisez des ordinateurs et internet ! » A ce stade de la discussion, une mise au point s’impose. Le mode de vie occidental est une impasse écologique, sociale et économique : 6 milliards d’humains produisant et consommant autant que l'Américain-e ou l’Européen-ne moyen signifierait l'épuisement des ressources naturelles. Impasse sociale : l'industrie occidentale repose sur l'exploitation sauvage des pays du Sud. Impasse économique : alors que les profits capitalistes n'ont jamais été aussi élevés, les inégalités ne font qu'augmenter, au Nord comme au Sud. Partant de ce constat, un minimum de cohérence consiste à tenter de nuire le moins possible dans sa vie quotidienne : utiliser le moins possible sa voiture (ou ne pas en avoir), privilégier la marche à pied, le vélo, les transports en commun, manger des fruits et des légumes de saison produits localement, cultiver un potager, moins consommer (réduire ses besoins matériels, faire durer les objets de son quotidien, mutualiser des outils), réapprendre l'usage de techniques simples (écoconstructions, travaux manuels, fours solaires...), développer des réseaux d'entraide et d'échange, privilégier les relations humaines plutôt que les biens matériels, apprendre à ''vivre mieux avec moins'', etc. Ces démarches de ''décroissance'' ou de ''simplicité volontaire'' rassemblent des personnes soucieuses de diminuer leur empreinte écologique et d'accroître leur autonomie vis-à-vis du système techno-capitaliste. Certaines fuient la ville et démarrent des projets de vie collective à la campagne, espérant trouver un environnement moins pollué, auto-produire leur énergie et leur alimentation, devenir moins dépendants de l'économie marchande, etc. Cependant, tant qu'elles sont minoritaires, ces initiatives me semblent limitées. Comme tout projet de société ou toute lutte politique, la décroissance reste insuffisante si nous ne sommes pas plus nombreux. Se replier à quelques-uns au fin fond de la campagne n'empêchera pas le développement des biotechnologies ou le passage d'un nuage de Tchernobyl. Quelques obstinés du vélo ne sonneront pas la fin des 3 000 morts sur les routes chaque année. Construire une poignée d'éoliennes ne fera pas disparaître les déchets des centrales nucléaires. L'enjeu ne relève donc pas seulement de notre éthique individuelle, mais également de l'organisation de la société dans son ensemble, de son mode de production, de décision, de transports, etc. Nous sommes désormais tous concernés par la ''technification'' du monde et ses effets. Comment réussir à être plus nombreux sans participer à une prise de conscience collective de la nécessité d'une transformation sociale ? Pour atteindre cet objectif et partager publiquement mes analyses, mes enquêtes, mes propositions, je fais le choix d'utiliser les ordinateurs et internet. L'enjeu politique me semble plus important que les nuisances écologiques et sociales de l'informatique. Internet déshumanise les relations humaines, les ordinateurs contiennent des plastiques toxiques, des métaux lourds polluants tels que le cadmium, le mercure, le brome, le plomb, etc. Chaque Français-e produirait en moyenne 14 kg de déchets d'équipements électriques et électroniques par an. Ces déchets sont enfouis en décharge ou incinérés, voire envoyés en Chine, au Nigéria ou en Inde pour être ''recyclés'' dans des conditions moyen-âgeuses (cf. www.ban.org). Faible consolation : utiliser des ordinateurs d'occasion équipés de logiciels libres tels que Linux (cf. www.gnu.org). Cependant, ce choix mérite d'être sans cesse questionné : l’action que j’entreprends justifie-t-elle l’emploi de tels outils eu égard à leurs nuisances ? Ou s’agit-il d’une simple solution de facilité ? En quoi ces outils conditionnent-t-ils mes actions ? Est-ce que je passe plus de temps à brasser de l’information qu’à agir concrètement ? La possibilité de toucher virtuellement des millions d’individus offre-t-elle la même force que la rencontre physique de quelques personnes ? En quoi ces outils conditionnent-t-il nos vies ? Le temps passé derrière l’écran ne pourrait-il pas être mis à profit pour vivre pleinement nos projets et nos rêves ? L’accès à ces technologies ne nous impose-t-il pas des contraintes aliénantes (frais d’abonnement, renouvellement du matériel, maintenance logicielle et matérielle…) ? C'est pourquoi il me paraît tout aussi important de développer parallèlement des modes d’action indépendants de la production industrielle (rencontres, spectacles de rue, débats, organisations collectives…) car je souhaite le plus possible m’affranchir des technologies dont je n'approuve pas l’ensemble des tenants et des aboutissants économiques, sociaux et environnementaux. Par ailleurs, il devient impossible de refuser certaines technologies. A un postulant pour un travail de manutentionnaire, la responsable d'une agence d'intérim répond : « Vous n'avez pas de portable ? Mais ça va pas être possible ! » Cette petite anecdote illustre combien, dans notre société hautement technifiée, refuser certaines technologies entraîne des mécanismes d'exclusion sociale. Prenons un autre exemple, celui de la voiture. On peut certes refuser d'avoir une voiture et adapter sa vie en conséquence. Mais il est quasiment impossible de ne jamais l'utiliser, au risque de se couper totalement du monde dans lequel on vit (famille, amis, travail, etc.), tant la société actuelle, de par son mode de vie et ses infrastructures, est construite autour de l'automobile. Pour toutes ces raisons, les démarches individuelles de décroissance atteignent des limites sociales et structurelles, qui, pour être dépassées, nécessitent une transformation de l'ensemble de la société. Pour discréditer des idées dérangeantes, la caricature est un procédé efficace. Non, je ne rejette pas toute science, tout progrès, toute technologie. Qui pourrait rejeter la science en tant que méthode de « recherche et d'acquisition de connaissances sur les objets et le monde qui nous entoure » ? En revanche, je rejette ce qui motive l'essentiel de la recherche scientifique actuelle et ses applications technologiques : la course aux profits industriels et à la puissance militaire. Je rejette cette course parce qu'elle est : - irresponsable : elle néglige ses conséquences sociales, écologiques et économiques. Cette irresponsabilité s'exprime à travers l'indifférence aux dégradations des relations humaines, aux inégalités sociales, à la perte d'autonomie des individus, à l'épuisement des ressources naturelles, à l'exploitation sauvage des pays du Sud, à la destruction de la biodiversité, à la pollution généralisée et aux maladies qui l'accompagnent, etc. - obscurantiste : nous utilisons chaque jour un grand nombre d’objets techniques sans connaître l'origine exacte des matières qui constituent ces objets, leurs processus de fabrication et de diffusion, le travail humain que cela représente, son réel effet social et environnemental. La publicité est le premier vecteur de cet obscurantisme. - oligarchique : les moyens et les choix des orientations de la recherche scientifique sont concentrés dans les mains de L'Etat et des grandes entreprises. C'est pourquoi il est urgent d'interroger, partout où nous le pouvons, la réalité sociale des progrès techniques. A qui profitent les nouvelles technologies ? Qui décide d’octroyer des fonds sur telle ou telle recherche technologique ? Pourquoi tel sujet plutôt qu'un autre ? Qui pèse le pour et le contre de chaque technologie : son utilité sociale, ses bénéficiaires, son coût réel du point de vue de la santé humaine, des relations sociales, des effets écologiques ? Qui reconstitue rationnellement la chaîne d'implications qu'entraînent la production, l'utilisation et le devenir -une fois usagé- de toute technologie ? Élucider ces questions permet de prendre conscience combien la plupart des progrès techniques ne sont pas des progrès sociaux.
GV
Merci pour votre réponse détaillée et argumentée, j’ai peu ou prou le même point de vue. Elle semble laisser votre contradicteur groggy. N’en déplaise à ce zélé défenseur de l’innovation technologique à tout va, la prolifération de l’IA est aussi encouragée politiquement afin de laisser les coudées franches aux forces de police, à l’industrie de la surveillance et d’asseoir un contrôle social de la population. Formidable n’est-ce-pas ? La Quadrature du Net l'explique d'ailleurs très bien ici : https://www.laquadrature.net/2024/05/22/le-reglement-ia-adopte-la-fuite-en-avant-techno-solutionniste-peut-se-poursuivre/
Daphné
Bravo Astrid contente d'avoir le net pour vous avoir lue.Au moins une application utile: connaître les opinions d'autres personnes que soi et de voir avec qui on est en phase. Encore merci
Serge Rochain
Je pense qu'on aurait du cesser d'évoluer jusque avant la découverte du feu... non ?
Serge Rochain
ha non ! l'invention du net est maléfique.... vous ne comprendez pas comment fonctionne un ordinateur malgre les conseils que je vous ai donné pour combler cette terrible lacune et vous vous croyez autorisée à dire que c'est une invention utile ? Je vous ré-invite à lire "De la mécanographie à l'informlatique, 50 ans d'évolutions" paru chez ISTE éditions et vous verrez que cela a été une terrible erreur dont notre espèce ne se remettra jamais.
Serge Rochain
Astrid au pouvoir ! Astrid au pouvoir !Astrid au pouvoir ! Astrid au pouvoir !Astrid au pouvoir ! Astrid au pouvoir !Astrid au pouvoir ! Astrid au pouvoir !Astrid au pouvoir ! Astrid au pouvoir !Astrid au pouvoir ! Astrid au pouvoir !Astrid au pouvoir ! Astrid au pouvoir !Astrid au pouvoir ! Astrid au pouvoir !Astrid au pouvoir ! Astrid au pouvoir !Astrid au pouvoir ! Astrid au pouvoir !Astrid au pouvoir ! Astrid au pouvoir !Astrid au pouvoir ! Astrid au pouvoir !Astrid au pouvoir ! Astrid au pouvoir !Astrid au pouvoir ! Astrid au pouvoir !Astrid au pouvoir ! Astrid au pouvoir !Astrid au pouvoir ! Astrid au pouvoir !
GV
La réponse de M. Rochain est symptomatique de l’approche uniquement techno-centrée, oserais-je dire technocratique ? Peu préoccupé par la démocratie réelle et incapable de répondre sur les véritables enjeux sociétaux et environnementaux de l’IA (épuisement des ressources et de la biodiversité, consommation gigantesque d’énergie, perte d'autonomie des individus, exploitation sauvage des pays du sud, surveillance et contrôle de la population…) ni d’avoir une vision holistique des conséquences sociales de choix technologique, il botte en touche devant le raisonnement mutli-dimensionnel et étayé d’Astrid et préfère celui qui est simpliste, convenant mieux à son système de pensée. C’est qu’il ne faudrait pas trop remettre en cause sa vision tout de même… --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Il en vient même à manier l’insulte envers celles et ceux qui ne pensent pas comme lui, ce qui est le propre de celui qui est acculé par manque d’arguments. Ses interventions caricaturales du vieux sage qui a tout vu, tout compris, me rappellent l’existence de cette chanson qui lui est spécialement dédicacée : https://www.youtube.com/watch?v=rlarCLhzfoU
Rochain Serge
C'est bien ce que je dis... Pour GV, Astrid et quelques autres. Il aurait fallu cesser toutes recherches juste avant la découverte du feu... qui s'est montrée maléfique, allumant de terribles incendies.
Albatros
Ah oui, bravo pour la trouvaille, il est vrai que cette chanson sur l'ingénieur informaticien lui sied comme un gant !
Rochain Serge
Il ne vous reste plus qu'à trouver une chanson sur le primate qui ne veut pas sortir de sa caverne de peur de découvrir quelque chose au dehors. 😊
Albatros
Réponse de S. Rochain caricaturale et tellement pauvre sur le plan de l'argumentation face au commentaire/réponse développé et étayé d'Astrid !
Serge Rochain
Voir reponse précédente. https://www.istegroup.com/fr/auteur/serge-rochain/ http://climso.fr https://ssd.jpl.nasa.gov/tools/sbdb_lookup.html#/?sstr=1998%20SL10&view=VOP
Albatros
Vous n'êtes même pas fichu d'envoyer un lien qui fonctionne. Une suggestion : quittez ce site, vous passez pour un pitoyable pitre sans même en avoir conscience.
Serge Rochain
Vous n'êtes même pas fichu de faire un copié.collé depuis le contenu d'un message dans la zonr de l'URL.... vous êtes bien un primate du XIXe siècle :-)
Serge Rochain
Et bien sûr, vous êtes compétant pour en juger avec votre impressionnant passé dans le monde de l'informatique ! Rappelez moi vous références s'il vous plait..... vous semblez impressionné par le blabla sans concistance, mais tellement incapable de mesurer ce que l'évolution technologique nous à apporté que le terme de primate, vous vas au mieux. https://www.editions-complicites.fr/pages-auteurs/serge-rochain/
Albatros
Et toujours la même rangaine : "je suis plus qualifié que vous gna gna gna, c’est çui qui dit qui y est nananère, ..." Vous êtes resté au stade de la petite enfance manifestement.
Serge Rochain
Oui, il y a ceux qui prétendent savoir et ceux qui le prouvent .... c'est trrès dérangeant en effet, pour les premiers
Albatros
A lire vos interventions, on comprend effectivement que vous prétendez savoir, mais sans rien prouver. Mais au moins c'est honnête de votre part de l'avouer.
GV
Rochain aime tellement se gargariser avec ses livres désuets, que voulez-vous... ça lui donne l'impression d'être important. Alors ne perdons pas trop de temps avec ce personnage, laissons le hurler dans le désert...
Rochain Serge
Pour vous gargariser vous utilisez, semble t il, plutôt la bave de crapauds, faute de rédiger des ouvrages d'actualités. Quelles sont vos dernières publications ? Comment ? Vous n'avez jamais rien publié ? Incroyable ! Mais si voyons... Un peu de fiel sur les forums de l'internet, vous avez déjà oublié ?
Rochain Serge
Le simple fait que vous utilisiez un outil informatique pour écrire vos sornettes sur l'inutilité de l'évolution informatique (entre autres évolutions technologiques) démontrerait que je n'aurais rien prouvé en ce sens... En effet c'est vous même qui le prouvez à ma place... Bien que votre démonstration demeure imparfaite puisqu'il semble que vous ne sachiez pas utiliser une des fonctions parmi les plus élémentaires de l'outil informatique... Le copier/coller. Je ne saurais trop vous conseiller la lecture de "De la mécanographie à l'informatique, 50 ans d'evolutions" paru chez ISTE Éditions. Vous y apprendrez un tas de choses que vous croyez savoir.
GV
Bravo Rochain ! Grâce à vous et à l'informatique, le monde va être sauvé ! Terminé l'épuisement des ressources et de la biodiversité, fini les changements climatiques !
Serge Rochain
Vous aussi, d'ailleurs comme tous ces beelles et beau parleurs qui jouent aux maitres à penser ici, auriez tout à gagner à vous taire et vous instruire.

Ajouter un commentaire

Suggestion de lecture