Les objectifs de la Chine en matière de climat menacés par le charbon, selon Global Energy Monitor

  • AFP
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En Chine, l'expansion planifiée de l'exploitation des mines de charbon menace les objectifs climatiques du pays et risque d'augmenter considérablement ses émissions de méthane, alerte une étude de l'ONG Global Energy Monitor (GEM) parue mardi.

Un pic d'émissions visé en 2030

Cet avertissement survient alors que les recherches démontrent que la densité de ce puissant gaz à effet de serre augmente à un rythme accéléré. La Chine est le plus grand émetteur de gaz à effet de serre au monde. Elle reste extrêmement dépendante du charbon malgré l'installation de sites produisant des énergies renouvelables à une vitesse record.

Le pays s'est engagé à atteindre son pic d'émissions en 2030, pour finalement redescendre et parvenir à zéro émissions nette trente ans plus tard.

Pourtant l'année dernière, la Chine a produit un record de 4,7 milliards de tonnes de charbon, ce qui équivaut à 50% de la production globale, et en génère toujours plus, selon GEM.

Augmentation des émissions de méthane

Au total, la Chine dispose d'1,2 milliard de tonnes de charbon supplémentaire par an en capacité de développement, y compris des nouveaux sites et l'expansion de mines existantes, a ajouté l'ONG, ce qui représente plus de la moitié du réseau mondial.

"Si cela se matérialise, et sans mesures d'atténuation solides, ces expansions massives vont augmenter significativement les émissions de méthane", a averti GEM.

Après le dioxyde de carbone, le méthane est le deuxième plus gros gaz à effet de serre produit par l'activité humaine et ses sources principales sont l'agriculture, la production d'énergies et les déchets organiques enfouis. Si le méthane se décompose plus vite que le dioxyde de carbone, il est aussi plus puissant.

Par ailleurs, le méthane "augmente plus rapidement que n'importe quel gaz à effet de serre majeur en termes relatifs. Ses taux sont désormais 2,6 fois plus hauts que pendant l'ère préindustrielle", selon une autre étude, parue également mardi, du Global Carbon Project.

Calculs d'émissions complexes

La production de charbon est une source majeure de méthane, qui s'échappe des mines par des carrières à ciel ouvert et des fissures dans le sol. Plus de 150 pays se sont engagés à réduire de 30%, par rapport aux taux de 2020, les émissions de ce gaz à effet de serre d'ici 2030. Une promesse que la Chine, l'Inde et la Russie ont refusé de signer.

Les calculs d'émissions de méthane sont complexes. Depuis l'espace, les satellites sont de plus en plus habitués à observer des fuites difficiles à détecter. L'Agence internationale de l'énergie a chiffré les émissions des mines de charbon chinoises à 20 millions de tonnes en 2023, des taux qui devraient être significativement supérieurs selon GEM.

Se basant sur l'analyse des données sur l'activité minière à l'échelle du pays, l'ONG considère que les taux sont plus proches de 35 millions de tonnes, et s'inquiète que ces chiffres puissent augmenter d'encore 10 millions de tonnes si les projets de production de charbon se concrétisent.

Sommet conjoint sur le méthane avec les États-Unis

Pékin a continué d'investir dans sa production de charbon, tout en augmentant sa capacité en énergies renouvelables. Une approche prudente visant à assurer sa sécurité énergétique, selon des analystes, après que la Chine a subi des sécheresses et des coupures d'énergie qui ont nui à la production hydroélectrique.

Cependant, les projets de la Chine incluent des mines de charbon "inactives mais opérationnelles" qui pourraient être utilisées seulement en cas de manque d'approvisionnement.

Les permis pour les centrales à charbon ont chuté de 83% dans la première moitié de 2024 et certains experts estiment que les émissions de la Chine ont déjà atteint leur pic.

La Chine et les Etats-Unis vont accueillir un sommet conjoint sur le méthane et autres gaz (hormis le CO2) lors des négociations des Nations Unies sur le climat à Bakou cette année.

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