- AFP
- parue le
Pour les pays empêtrés dans les débats sur la façon de tenir les objectifs de l'accord de Paris sur le climat, un rapport du Fonds monétaire international (FMI) apporte jeudi une réponse simple : une taxe carbone de 75 dollars la tonne de CO2 d'ici 2030.
Des économistes du FMI ont calculé dans un rapport qu'une taxe de 75 dollars par tonne de carbone émise dans l'atmosphère, imposée dans tous les pays du G20, permettrait de réduire suffisamment les émissions pour limiter le réchauffement de la planète à 2°C d'ici 2100, qui est la limite supérieure fixée par l'accord de Paris. Le monde en est à + 1°C par rapport à la fin du XIXe siècle, et est sur une trajectoire de + 3°C.
En taxant de façon ambitieuse les énergies les plus émettrices, les États accéléreraient les changements de comportements des consommateurs qui seraient incités à consommer moins d'énergie, à acheter des véhicules électriques ou des appareils ménagers plus économes en électricité, etc.
Un montant de 75 dollars, soit 68 euros au taux de conversion actuel, est un niveau supérieur au prix moyen actuel de la tonne de carbone dans le monde, d'environ 2 dollars. Mais la Suède impose d'ores et déjà une taxe équivalente à 127 dollars, compare le rapport, soit la plus élevée de la planète. Dans l'Union européenne, la tonne est échangée à environ 22 euros (25 dollars).
La taxe carbone française est à 44,60 euros par tonne de CO2 (environ 50 dollars). Mais l'augmentation programmée a dû être annulée en raison de la crise des "gilets jaunes".
La taxe augmenterait le plus le prix du charbon, car c'est cette énergie qui contient le plus de carbone : en moyenne, il serait multiplié par trois dans les pays du G20. Mais le gaz naturel coûterait aussi plus cher, ainsi que l'essence à la pompe, de 14% en moyenne.
Les prix de l'électricité augmenteraient plus ou moins selon les pays : en France, où la majorité vient de centrales nucléaires, l'impact serait minimal, de l'ordre de 2%. Mais en Chine, en Australie, et en Inde, qui dépendent aujourd'hui beaucoup du charbon, la hausse serait supérieure à 60%.
Les experts du FMI calculent qu'une taxe carbone d'au moins 50 dollars en 2030 pour les pays avancés du G20, et de 25 dollars pour les économies émergentes, doublerait les réductions par rapport aux engagements actuels des pays. Les recettes fiscales récoltées seront conséquentes, de 0,5 à 4,5% de la richesse nationale selon les pays. Elles pourront servir à réduire d'autres impôts (sur le revenu...), ou être redistribuées aux ménages les plus pauvres, suggèrent les économistes du FMI.