Le gouvernement renonce à une hausse de l'électricité prévue au 1er août

  • AFP
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Le gouvernement a décidé de ne pas appliquer au 1er août une augmentation de 1% de la facture d'électricité, une façon d'éviter un "yo-yo" des prix incompréhensible pour les consommateurs, a justifié Bercy qui s'évite ainsi une nouvelle polémique sur les factures d'énergie, en pleine crise politique.

Face à la perspective d'une énième hausse des factures énergétiques, le gouvernement sur le départ a tranché: la hausse prévue de l'électricité ne s'appliquera pas au 1er août.

Cette hausse était liée à la revalorisation annuelle du TURPE (tarif d'utilisation du réseau public d'électricité), une des trois briques de la facture d'électricité à côté des taxes et du prix du courant lui-même.

La Commission de régulation de l'énergie (CRE) préconisait d'augmenter de 4,8% ce "tarif réseau", revu chaque année en août, pour tenir compte de la hausse des coûts d'acheminement du gestionnaire de la distribution Enedis, qui sont payés par les fournisseurs et répercutés aux consommateurs, particuliers et professionnels.

Finalement, "les évolutions prévues ne s'appliqueront pas au 1er août 2024", a annoncé lundi le gendarme de l'énergie, en précisant que l'annulation venait de Bercy.

Si cette révision avait été appliquée, la facture de 22 millions de ménages et entreprises au tarif réglementé de l'électricité aurait augmenté d'environ 1%.

Une hausse certes modeste, également applicable aux clients en offres de marché, mais sur deux ans, depuis 2022, les prix de l'électricité ont déjà bondi de plus de 43%... Et après avoir augmenté le tarif de l'électricité de près de 10% en février pour sortir du coûteux bouclier tarifaire lancé pendant la crise énergétique, le gouvernement tenait à éviter une polémique dans un contexte politique inflammable, les prix de l'énergie, au plus haut en 2021-22 du fait de la reprise post-covid et de la guerre en Ukraine, ayant largement agité les débats des élections européennes et législatives.

- "Yo-yo" des prix -

Selon les calculs de Bercy, cette revalorisation de la part réseau aurait entraîné un surcoût sur la facture d'environ 12 euros par an. Or justement, les prévisions annoncent une baisse des tarifs de l'électricité à partir de 2025 en raison du fort recul des prix sur les marchés de gros. Pour le gouvernement, il s'agissait donc d'éviter "un yo-yo" des prix, difficilement compréhensible pour les consommateurs.

"Je refuse toute augmentation des factures en août. Les consommateurs ont droit à la stabilité et à la visibilité des prix", a fait valoir lundi le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire, tandis que le ministre délégué à l'Energie Roland Lescure a défendu "une décision de bon sens et de protection d'une hausse inutile des tarifs pour les consommateurs".

"Je souhaite éviter une accumulation de recommandations ponctuelles par à-coup qui empêchent les consommateurs de se projeter sur le montant de leur facture à l'année", a ajouté M. Lescure.

Tout l'enjeu, indique Bercy, sera donc d'"intégrer" cette hausse dans la prochaine évolution tarifaire de février 2025 que le gouvernement, en partance, promet à la baisse.

"Conformément à mon engagement, les prix de l'électricité baisseront de 15% en février prochain", a d'ailleurs indiqué l'ex-futur ministre de l'Economie Bruno Le Maire, confirmant sa promesse du mois dernier.

Désormais, le gouvernement a un délai de deux mois pour demander une nouvelle délibération sur l'évolution du TURPE, précise la CRE, qui a connu un tel précédent. C'était en 2017: à l'époque, la ministre de l'Energie Ségolène Royal avait elle aussi bloqué une décision de la CRE sur une revalorisation du TURPE, qu'elle jugeait en revanche insuffisante pour accélérer dans la transition énergétique.

Le TURPE permet de financer l'entretien et la modernisation des réseaux électriques de transport (RTE) et distribution (Enedis) dont les coûts s'envolent pour tenir compte notamment de l'impérative intégration des énergies renouvelables. En tout, RTE prévoit 100 milliards d'investissements d'ici 2040, et Enedis presque autant - 96 milliards à cet horizon.

Bercy, malgré son refus, assure qu'il n'y aura pas de manque à gagner pour ces gestionnaires des réseaux, leurs dépenses étant prévues sur une période tarifaire pluri-annuelle de quatre ans (2021-2025).

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