Le conseil d'administration de TotalEnergies refuse une résolution d'actionnaires l'appelant à respecter l'accord de Paris

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Le conseil d'administration de TotalEnergies a refusé d'inscrire à l'ordre du jour de son assemblée générale une résolution d'actionnaires pour lui demander de se conformer à l'accord de Paris sur le climat, la jugeant irrecevable, a annoncé le groupe mercredi.

"Le Conseil a constaté que la proposition de résolution déposée par MN et 10 autres actionnaires n'est pas recevable, notamment car elle empiète sur la compétence d'ordre public du conseil d'administration de fixer la stratégie de la société", affirme TotalEnergies dans un communiqué.

Dans cette motion, ces onze investisseurs, représentant 0,8% des titres, appelaient "la compagnie à fixer et publier des objectifs cohérents avec l'accord de Paris". Pour TotalEnergies, "sous couvert d'une transparence de l'information à fournir dans le rapport de gestion, la proposition de résolution reviendrait en réalité à encadrer la stratégie" du groupe, alors que" la définition de la stratégie est de la pleine compétence du conseil d'administration".

"Le conseil souligne qu'il exerce pleinement ses compétences s'agissant de la définition des orientations de la société en matière de transition énergétique et que ces orientations sont l'objet d'un dialogue actionnarial nourri", affirme encore TotalEnergies. Dans un souci de "favoriser le dialogue avec ses actionnaires", le groupe invite cependant "les porteurs du projet de résolution à s'exprimer lors de l'assemblée générale sous forme d'une question écrite ou d'une question orale qui sera traitée en priorité". Celle-ci se tiendra le 25 mai.

Un autre groupe d'actionnaires, qui réclamaient une meilleure information sur la stratégie climatique du groupe, a retiré la semaine passée son projet de résolution, estimant avoir été entendu après que l'entreprise s'est engagée à publier un certain nombre d'indicateurs. Son PDG Patrick Pouyanné s'est ainsi engagé notamment à publier les objectifs de réduction absolue et relative des émissions de gaz à effet de serre à court (2025) et moyen terme (2030), couvrant toutes les activités de l'entreprise.

Cela concerne tous les périmètres d'activité, y compris les émissions indirectes dites de "scope 3", qui concernent l'utilisation des produits vendus par le groupe par ses clients, comme l'essence brûlée dans les moteurs de voitures.

La société s'engage aussi à soumettre annuellement sa stratégie climat au vote consultatif de l'assemblée générale. Les assemblées générales annuelles des groupes d'hydrocarbures sont de plus en plus dominées par la question climatique. L'an dernier, les actionnaires de TotalEnergies avaient largement approuvé la stratégie climatique de la direction, malgré la rébellion d'une minorité.

Commentaires

Lecteur 92
Curieux d'ailleurs que les AG des sociétés d'hydrocarbures soient dominés par la question climatique - ce n'est le résultat que de l'initiative de quelques actoinnaires ultra minoritaires qui souhaitent faire le buzz en formulant des exigences impossibles à satisfaire - comme les demandes de même nature portées par les mouvements écologistes. Non pas que le climat ne soit pas un sujet d'une importance fondamentale pour les autres actionnaires à la fois pour l'intérêt de l'entreprise dont ils détiennent des actions et, plus encore, pour l'intérêt de la planète. Mais le sort climatique de celle-ci ne se résoudra pas sur un tapis vert, évidemment, Il faut être simple pour penser ça, ou bien en faire son gagne pain.
Eric
Je crois que ce qui est très simple, c'est qu'une entreprise comme TotalEnergie doit être amenée à disparaître à 90% (pour sa branche pétrolière tout au moins) pour protéger le climat, et qu'aucun actionnaire de Total n'ira bien évidemment dans ce sens - conscience ou pas de l'urgence climatique. Le plus simpliste est donc de leur faire confiance, et de croire que le problème se règlera tout seul. La seule façon de traiter le problème du climat est de laisser les ressources dans le sol. Donc d'arrêter l'extraction.
Lecteur 92
(suite au texte de Eric) ... et mettre fin (à quelle vitesse) à la demande qui s'exprime tous les jours, partout dans le monde, avec une ampleur considérable, et même parfois violente lorsque ça manque et qu'en conséquence les prix augmentent ...La demande? pas seulement de carburant mais de dizaines et de centaines de produits qui incorporent des milliers (des millions) d'objets usuels et d'objet non usuels dont au moins certains nous apparaissent (et même à vous mais vous ne ne savez pas) nous semblent indispensables [pensons aux chars russes, ils ne fonctionnent qu'aux énergies fossiles, comme les nôtres)... Ce sera facile n'est ce pas, de stopper brutalement l'extraction ? Simple, comme vous dites, très simple. Merci pour votre contribution.
Eric
Bonjour, Voir ci-dessous une réponse que j'ai rédigé et qui concerne aussi cette discussion. Bonne journée,
BEE
L'avis de TOTALENERGIES précise "Sous couvert d'une transparence de l'information à fournir dans le rapport de gestion, la proposition de résolution reviendrait en réalité à encadrer la stratégie "pour aligner ses activités avec les objectifs de l'Accord de Paris" et "pour (i) fixer des objectifs de réduction en valeur absolue (...) des émissions directes ou indirectes de gaz à effet de serre (...) et (ii) les moyens mis en œuvre par la Société pour atteindre ces objectifs" alors que la définition de la stratégie est de la pleine compétence du Conseil d'Administration." Il devrait être nécessaire de rappeler que les lois qui régissent les sociétés sont de plus en plus contraignantes pour tous, y compris les ONG. Il faut que les ONG les respectent. Les fossiles sont l'énergie qui a permis le développement que nous connaissons (voir Jancovici pour les explications). Remplacer les fossiles doit se faire par l'arrêt de la demande (et non de la production) à iso consommation d'énergie par personne.
Eric
Bonjour, "Remplacer les fossiles doit se faire par l'arrêt de la demande" : ceci n'est pas suffisant dans un monde libéral, où chacun à le droit d'acheter s'il en a les moyens financiers. C'est effectivement ce que l'on pourrait rêver de mieux mais le mécanisme est différent : les consommateurs ne restreignent leur consommation que parce qu'ils n'ont pas les moyens de consommer plus. Et même s'ils tentent de ne pas acheter des produits polluants, ils achèteront autre chose, duquel ils ne se rendent pas compte qu'il est lui aussi consommateur en énergie, ou en tout autre matière première finie, ... Pour faire ce que vous dites il faut en même temps baisser et l'offre, ET la demande, de telle façon à ce que le prix pour le consommateur l'incite (ou l'empêche) d'utiliser des énergies fossiles. Cela ne peut se produire que s'il y a une trajectoire définie d'arrêt d'extraction des énergies fossiles du sous-sol. Si vous baissez la demande sans baisser la production, le cours du baril s'effondre et permet à des acteurs qui ne pouvaient pas le consommer de devenir solvables, et il y a suffisamment d'habitants sur terre qui n'ont pas accès à l'énergie et qui aimeraient bien pouvoir en utiliser un peu pour pouvoir trouver un débouché. D'autres usages peuvent aussi apparaître si le prix du baril est trop bas. La planète consomme ce qu'elle extrait, et il n'y a pas de raison dans notre système économique pour que des acteurs se restreignent volontairement. Au contraire tout est fait pour inciter les gens à consommer toujours plus pour créer de la croissance. L'autre solution est de ne pas donner la liberté aux consommateurs de consommer ... Et de restreindre avec des quotas individuels ... Bref de passer à des économies de rationnement, donc des économies qui n'ont été mises en place qu'en temps de guerre ... Tout le monde pense aujourd'hui qu'il faut agir sur la consommation ... Parce que ça permet de ne pas parler de la production, ça culpabilise les gens, et ça ouvre de nouveau marchés économiques. L'Agence Internationale de l'Energie, l'ONU, etc ... Le disent : il faut laisser les énergies fossiles dans le sol ...
Lecteur 92
Merci car je suis bien d'accord avec vous Eric. Par "arrêt de la demande", je ne voulais pas dire ... laissons la demande s'arrêter toute seule, sans rien faire. Bien sûr qu'il faut progressivement agir (le mot "agir" est un peu fort mais on ne doit pas rester les bras croisés] et sur ce plan, le signal prix,sans être seul, est à l'oeuvre depuis longtemps et on sent bien que le resserrement est à l'oeuvre (baisse considérable de la consommation relative, modification des habitudes, quelques négociations internationales, de la recherche, des politiques nationales, des mesures et des comparaisons etc etc ..) sauf que (1) cela ne suffit pas évidemment pour comprendre ce qui se passe en sous-sol - les ONG anti fossiles elles-mêmes ne se rendent pas compte qu'on est entré dans un nouveau monde et les consommateurs non plus mais avec 1000kcal de fossiles on fait aujourd'hui beaucoup plus qu'il y a 50 ans - (2) donc il faut continuer à resserrer l'étranglement ... et que (3) on ne peut que regretter que le populisme ambiant exigé par les consommateurs se soit traduit, dans l'actualité, par une attaque en règle du signal prix. Donc "agir" sur la demande, autant que possible. Côté offre, les producteurs d'hydrocarbures doivent gérer leur risque: ne pas produire avec une demande folle leur sera reproché (cf. aujourd'hui) et trop produire (trop d'actifs de production à long terme) face à une demande qui baisse leur coûtera très très cher ... C'est le risque lourd du producteur, il sait à quoi s'en tenir. Qu'il faille "laisser les énergies fossiles en terre", c'est un slogan évident. Comme tous les slogans il mobilise mais ne nous apprend pas grand chose sur que faire, sans devenir hyper autoritaire, autorité d'ailleurs qui n'existe pas, qui n'existe pas du tout : il y a des dizaines de pays qui produisent, des milliers de compagnies et d'investisseurs plus ou moins autonomes qui travaillent et des milliards de consommateurs : personne n'a la main sur tout cela, soyez en persuadé (ref. votre avant dernier paragraphe) : qui, où et à quel rythme ... comme si nous avions des réponses pour chacune de ces simples questions, comme si nous avions le contrôle d'un tel processus ... Restons modestes, ne faisons pas semblant de contrôler tout ceci (parce que intellectuellement bien sûr on comprend à peu près d'où on vient et où on va) , ce serait une mensonge - restons modestes donc, et on sera alors plus intelligent.
BEE
Je ne souscris pas du tout à votre approche. Pour arrêter la demande de fossile, il suffit d'offrir une alternative au trade-off meilleur que le fossile. C'est comme ça que s'est imposé le pétrole, face au charbon il y a plus de 100 ans. Je vous invite à oublier de vouloir "éduquer de force les gens", personne ne vous suivra. Tout le monde cherchera une ou des alternatives plus efficaces pour délivrer l'énergie dont il aura besoin. J'attire votre attention que votre raisonnement "très européen voire Français" n'aura aucune prise sur d'autres cultures qui sont dans des contextes de besoins de développement bien différents. Si vous croyez qu'un Indien, ou un Africain, ou un Chinois va suivre votre "injonction", vous faites fausse route. Ces pays ont une électricité peu fiable, avant l'électrification des véhicules, et n'ont pas les moyens de payer une voiture électrique à plus de 15k euros. Commençons par résoudre le développement de ces pays avant tout. Je ne partage pas du tout votre raisonnement. Mon expérience dans 4 continents ne me le permet pas.
Eric
Il suffit d’observer pour comprendre comment fonctionne le libéralisme mais aussi et surtout l’histoire de l’énergie. Le pétrole n’a pas remplacé le charbon, il s’y est ajouté. Vous voyagez sur des continents bravo, je l’ai fait aussi. Je suis d’accord avec vous, il y a quelque chose qui ne tient pas dans ce que je dis (mais pas dans le raisonnement) : aucun état extracteur de pétrole n’acceptera qu’on lui dise de ne plus en sortir simplement parce que les occidentaux ne veulent plus que personne ne consomme d’énergie fossile. Donc non ça n’arrivera jamais. Mais pourtant le raisonnement n’est pas à remettre en cause. Votre raisonnement a aussi un problème : il n’existe aucune solution durable pour substituer l’énergie fossile. Pas les panneaux, pas l’éolien, ce sont des solutions de court terme… la fusion nucléaire ? À voir Et pourtant si Total ne réduit pas son extraction ça veut dire que quelqu’un consomme le pétrole…. Et qu’on continue à polluer : moins vite si on arrive à baisser un peu la cadence effrénée actuelle… Mais à notre échelle ce qui compte c’est la quantité de gaz que l’on émet pas la dynamique. Plus on va vite plus les problèmes arrivent vite, mais ils arriveront de toute façons proportionnellement à la quantité de GES. On voit bien aujourd’hui combien le système mondialisé est dépendant des énergies fossiles… Il est temps de faire ce qu’il est possible de faire en sorte que nos écosystèmes en dépendent le moins possible … Est-ce utile pour protéger le climat ??? C’est très loin d’être sûr
BEE
"Le pétrole n’a pas remplacé le charbon, il s’y est ajouté." vous dites. Pas exactement : pour le chemin de fer, les bateaux, le chauffage domestique et la chimie : le pétrole et le Gaz naturel ont supplanté le charbon. La carbochimie (celle de Carling par exemple), a été remplacée par la pétrochimie (d'où le déclin de Carling). La pétrochimie aujourd'hui c'est plus de 20% du pétrole et Gaz naturel (composants C2, C3 et C4) consommé, et d'ailleurs très difficile à transformer en bio-sourcée. Un sujet très peu traité, alors que la mobilité occupe tout l'espace médiatique, probablement plus facile à délayer par des journalistes peu techniques. Pour ces usages, c'est bien le trade-off operabilité-efficacité des process-coût qui a permis au pétrole de supplanter le charbon, aujourd'hui cantonné à quelques usages (génération électrique et coke pour acierie). " il n’existe aucune solution durable pour substituer l’énergie fossile". Eh Bien le nucléaire. Il y a beaucoup de recherche dans ce domaine, mais certains porte-voix médiatiques (pas très malins ou ne maitrisant pas bien le sujet) interdisent d'en parler, ce qui me parait peu intelligent. Il y a beaucoup de science et de technicité à l'oeuvre et cela mérite d'en parler positivement. Le pétrole n'est pas qu'une énergie fossile, c'est surtout un matériau "chimique", un feedstock. Le bois est un matériau noble que d'aucuns le considèrent uniquement comme de l'énergie. Il faut que l'on soit plus précis dans le langage et ne pas être "Anti fossile" sans autre précision. Ce qui compte c'est de ne plus dépendre du fossile pour l'énergie, mais traiter le bois comme un matériau et non comme de l'énergie et traiter le pétrole (O&G) comme un matériau chimique et chercher une substitution bio-sourcée. Je veux dire par là, que STOPPER le P2TROLE (son extraction et sa recherche) c'est se priver du pétrole pour la pétrochimie, et cela poserait d'énormes problèmes à nos économies. La chimie du Carbone, chimie organique, est aussi à la base de la vie, ne l'oublions pas. Il est clair que simplement brûler le pétrole, ce matériau si riche, est simplement une bêtise.
Eric
Bonjour, Merci pour cette réponse et ces précisions, que je partage. Le pétrole a remplacé des usages, au même titre qu'il a permis d'en créer de nouveaux, et il est particulièrement stupide de l'utiliser comme énergie thermique !!! Par contre c'est certain, la quantité de charbon consommée année après année n'a jamais baissé. L'arrivée du pétrole n'a pas entraîné une réduction de la consommation du charbon, il l'a rendue moins noble, et le charbon a été destiné à des usages plus appropriés au fait qu'il soit plus difficilement transportable, qu'il ne soit pas liquide, et qu'il ait une densité énergétique inférieure. On constate aussi aujourd'hui que l'arrivée des ENR sur le marché n'entraîne pas plus une réduction de la consommation de pétrole. Notre société est tellement gloutonne, qu'elle consomme tout ce qui est disponible. Si vous ajoutez de l'énergie nucléaire sur le marché de l'énergie, mais que vous ne le faites pas en contrepartie d'une réduction des autres sources d'énergie, vous ajouterez de nouveaux usages d'énergie sans pour autant réduire l'utilisation des "anciennes". La croissance de notre société (le graal de tous nos décideurs) s'accompagne d'une croissance du besoin en énergie. Donc vous pouvez toujours ajouter de l'énergie sur le marché ... Elle sera utilisée. S'il n'y a pas d'approche globale (mondiale) sur l'énergie, si chaque "propriétaire" des terres sous lesquelles il y a du pétrole décide qu'il ne se restreint pas, alors ce n'est pas parce que la France passe au nucléaire, que le problème est réglé. Elle réduit sa dépendance aux pétrole/gaz (ce qui est une TRES bonne chose) mais ne traite pas la question des GES. De même si Total n'exploite plus de champs pétroliers et se converti 100% ENR, mais qu'en parallèle il n'y a pas de décision de fermeture définitive de ses puits, d'autres moins vertueux prendront sa place ... si les financements existent ... La guerre économique et la recherche de profits étant ce qu'elles sont ... Je ne prédis pas non plus que le secteur de la finance (mondiale) soit capable d'un tel revirement ... Même si elle s'est lancée dans une belle campagne de green washing. C'est là que quelques activistes qui arrivent aux conseils d'administration de certaines entreprises peuvent mettre quelques grains de sable... Si la population ne s'empare pas de ces sujets pour "forcer" la main aux décideurs, ma conviction est que nous continuerons dans le "business as usual", et que cette course en avant aura des conséquences toujours pire... Car pour chaque année qui passe, nous détruisons un peu plus la branche qui nous supporte : notre écosystème naturel. Bonne soirée.
Zamur
Pour commencer il faudra réduire la température de chauffage des institutions publiques, et notamment des ministères. La température réglementaire c'est 19°C. J'en ris d'avance.

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