Le bénéfice annuel de Shell plombé par les marges du gaz et le prix du pétrole

  • AFP
  • parue le

Le géant britannique des hydrocarbures Shell a annoncé jeudi un bénéfice net en recul de 17% en 2024, plombé par la baisse des marges et des prix, un an après avoir déjà vu son bénéfice annuel fondre de moitié.

Les bénéfices s'affichent à 16,1 milliards de dollars en 2024, une année marquée par le rétropédalage du groupe sur le renouvelable et ses objectifs climatiques.

Shell avait réalisé en 2022 le bénéfice annuel le plus élevé de son histoire, quand le prix des hydrocarbures avait atteint des sommets, mais celui-ci avait réduit de moitié en 2023.

Shell explique ses résultats de 2024 par des dépréciations d'actifs, mais aussi le recul des prix du pétrole et "une baisse des marges" dans l'ensemble de ses activités.

Le chiffre d'affaires de l'entreprise est lui aussi en baisse d'environ 11%, à 289 milliards de dollars.

Son directeur général, Wael Sawan, souligne dans le communiqué qu'il présentera le 25 mars "les prochaines étapes" d'une "stratégie visant à produire plus de valeur avec moins d'émissions".

L'entreprise avait annoncé au début du mois que les résultats de son quatrième trimestre seraient bien en-deçà du troisième. De fait, le bénéfice net du trimestre écoulé est en chute de 78% par rapport aux trois mois précédents, ce qui affecte les comptes annuels.

Shell est touché par le cours du gaz européen, faible durant une majeure partie de l'année 2024, surtout en comparaison des années précédentes marquées par l'invasion russe en Ukraine, avant de remonter en fin d'année.

Il a même dépassé le 31 décembre, la barre des 50 euros le mégawattheure, une première en plus d'un an, porté notamment par l'expiration d'un accord sur le transit de gaz russe par l'Ukraine.

Le groupe britannique a par ailleurs fait machine arrière ces derniers mois sur certains de ses objectifs climatiques, pour se recentrer sur les hydrocarbures et doper ses bénéfices, au grand dam des militants écologistes. Il a encore annoncé en décembre qu'il ne développerait plus de nouveaux projets d'éoliennes en mer.

"S'il y a bien une chose qui continue d'affluer, c'est le cash", souligne Derren Nathan, analyste chez Hargreaves Lansdown, relevant également que la dette a baissé de 11% sur un an. Cette "solidité financière" permet à l'entreprise de proposer à nouveau un plan de rachat d'actions.

"Toutefois, le groupe reste à un carrefour, tiraillé entre l'inéluctable transition énergétique et les attentes de ses actionnaires", ajoute-t-il, estimant que la stratégie annoncée en mars sera "probablement suivie de très près".

"Même les actionnaires qui ne se préoccupent pas du risque climatique et qui ne se soucient que de la valeur de leurs actions dans Shell devraient s'inquiéter", considère pour sa part Mark van Baal, le fondateur de Follow This, un groupe d'actionnaires activistes du géant des hydrocarbures.

"Shell devrait plutôt utiliser les profits actuels pour explorer de nouveaux modèles commerciaux au lieu de continuer à produire du pétrole et du gaz", sans quoi l'entreprise "risque de voir la valeur de ses actions chuter de façon spectaculaire à mesure que le marché s'adaptera aux réalités", ajoute-t-il.

zap/pml/abx

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