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L'autorité en charge de la sûreté nucléaire (ASN) a demandé à EDF de "corriger" certains plans de soudures du futur EPR de Flamanville comportant des "ratures" qui les rendaient peu lisibles, à la suite d'une visite de contrôle du chantier.
Lors d'une inspection le 24 octobre dernier, les inspecteurs ont constaté que "la nomination de soudures (...) avait été barrée et renommée manuellement (...), surchargeant ainsi les plans", a déploré l'ASN dans un courrier en date du 15 février, adressé au directeur du projet Flamanville 3, confirmant des informations du Canard Enchaîné.
"Compte-tenu (du fait ) que ces éléments rendent très difficile l'utilisation de ces plans en exploitation, les inspecteurs ont souhaité savoir si ces derniers étaient à l'état provisoire ou si ce sont des plans définitifs prévus pour l'exploitation du réacteur", indique l'ASN dans sa lettre.
Les représentants de l'entreprise chargés de la conception des lignes de tuyauteries présents lors de l'inspection ont fait savoir aux inspecteurs "que tous les plans avec la mention CAE (conforme à l'exécution) étaient des plans validés destinés à l'exploitation et qu'aucune mise à jour de ces plans n'était prévue", selon l'ASN.
Les inspecteurs ont demandé "une mise à jour de l'ensemble des plans isométriques ayant fait l'objet de ratures ou de modifications manuscrites".
L'ASN indique qu'EDF a précisé par courrier "qu'un groupe de travail EDF/Framatome avait réalisé un passage en revue de la qualité des isométries du circuit secondaire principal (CSP), et qu'à l'issue de ce travail, 13 plans devaient être mis à jour pour mi-février 2024".
"Au vu de la réponse d'EDF, les inspecteurs ont souhaité réaliser un nouveau contrôle par sondage de la qualité des plans pour une exploitation de ceux-ci dans les années futures" et ont constaté que certains plans comportent "des références ou des dimensions rayées rendant son utilisation complexe".
"EDF est conscient que les plans sont chargés, mais a confirmé maintenir les plans en l'état", a précisé l'ASN. Les mêmes vérifications ont été réalisées sur d'autres plans ayant fait apparaître d'autres ajouts.
"Même si actuellement les représentants de l'exploitant ont une bonne connaissance ainsi qu'une maîtrise de l'interprétation des plans, la surcharge des plans peut présenter des difficultés de repérage des matériels et notamment des soudures, lors d'interventions ou d'épreuves dans les prochaines années durant l'exploitation du réacteur", note l'ASN. Elle craint que ces "difficultés d'interprétations" n'entraînent "une augmentation du temps d'exposition radiologique pour les intervenants".
L'ASN demande à EDF d'"envisager une correction à terme des plans surchargés afin de n'y faire apparaître que la représentation définitive des équipements" et de l'informer des dispositions retenues.
Contacté par l'AFP, EDF n'a pas souhaité faire de commentaires.
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