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L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) demande à EDF de lui transmettre "rapidement" des éléments permettant de justifier au regard de la sûreté l'hypothèse d'une prolongation des réacteurs actuels "jusqu'à 60 ans et au-delà", selon un avis publié mercredi.
Alors que les centrales nucléaires françaises ont entre 30 et 40 ans de moyenne d'âge, le gouvernement veut prolonger le plus possible celles qui peuvent l'être, dans le cadre de son vaste plan de relance de la production d'électricité nucléaire.
Dans cette perspective, "l'ASN a demandé qu'EDF justifie de manière anticipée l'hypothèse d'une poursuite du fonctionnement des réacteurs actuels jusqu'à 60 ans et au-delà, d'ici fin 2024", avant une prise de position de l'ASN fin 2026, selon une note du gendarme de la sûreté nucléaire publiée sur son site internet. Les plus anciens réacteurs auront 60 ans à l'horizon 2040.
L'ASN a notamment identifié "deux sujets techniques qui doivent être analysés prioritairement par EDF". Selon une note citée par l'ASN, EDF indique que la résistance mécanique de certaines portions de tuyauteries du circuit primaire de cinq réacteurs, appelées "coudes E", "peut être insuffisante" en vieillissant, en fonction de leur composition chimique. Des "pistes d'action" ont été proposées par EDF, mais l'ASN souhaite des "développements complémentaires".
Le deuxième sujet concerne le site de Cruas, en Ardèche. Selon l'ASN, "la prise en compte du retour d'expérience du séisme survenu au Teil", en Ardèche, "le 11 novembre 2019 nécessite des investigations complémentaires", en cours à EDF, "afin de mieux caractériser la géologie" du site.
De magnitude 5 sur l'échelle de Richter, "ce séisme, situé dans la même zone sismique que le site de Cruas, a mis évidence la présence de failles qui n'étaient pas forcément considérées comme actives, et qui ont créé une rupture, se propageant jusqu'à la surface du sol".
"S'il y a une faille qui passe sous le site nucléaire, et qu'il n'est pas exclu qu'elle puisse se propager au sol, cela pose des problématiques de résistance qui n'ont pas été examinées jusque-là", a expliqué à l'AFP Julien Collet, directeur général adjoint de l'ASN.
Outre ces deux sujets, d'autres questions cruciales seront aussi à étudier, comme la prise en compte du changement climatique et le vieillissement de la cuve des réacteurs, un élément qui ne peut être remplacé.
Contacté par l'AFP, le groupe EDF se dit "confiant dans sa capacité à remplir les conditions de sûreté nécessaires à la poursuite de fonctionnement de tous ses réacteurs, au-delà de leurs 5e réexamens périodiques", une phase qui débutera en 2029.
En France, l'ASN délivre tous les 10 ans un permis d'exploiter les centrales françaises à l'issue d'un réexamen périodique approfondi, appelé "visite décennale". "Quelques réacteurs présentent une sensibilité technique particulière, mais pour chaque situation, des solutions de traitement ou de modifications existent ou sont en cours de développement", a indiqué un porte-parole d'EDF.