La Serbie se dit visée par une "attaque hybride" après l'explosion sur un canal au Kosovo

  • AFP
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Le président serbe Aleksandar Vucic a dénoncé dimanche une "attaque hybride" contre la Serbie, accusée la veille par les dirigeants kosovars d'avoir "orchestré" un attentat contre un canal d'eau crucial pour le Kosovo, niant à nouveau toute implication.

"Hier, c'est une tentative d'attaque hybride, grande et féroce, qui a eu lieu contre notre pays", a déclaré M. Vucic en conférence de presse, en ajoutant que la Serbie n'avait "aucun lien" avec l'explosion et qu'elle menait sa propre enquête.

"Nous souhaitons contribuer (à l'enquête). Il n'y a pas un intérêt plus grand pour la Serbie que d'apprendre la vérité", a dit M. Vucic à Belgrade.

Un canal crucial pour l'approvisionnement en eau potable et en électricité de milliers de foyers kosovars a été endommagé par une explosion survenue vendredi soir près de Zubin Potok, dans le nord-ouest du Kosovo, une région frontalière de la Serbie et majoritairement peuplée par des Serbes.

Long de plusieurs dizaines de kilomètres, il prend sa source dans le lac artificiel de Gazivode (nord-ouest) et approvisionne les circuits de refroidissement de deux centrales thermiques dans la région de la capitale kosovare, Pristina.

Ces centrales produisent plus de 90% des besoins du Kosovo en électricité et leur arrêt plongerait le pays quasiment entièrement dans le noir.

L'acheminement de l'eau a été rétabli par une solution "temporaire" durant la nuit de vendredi à samedi, et l'attaque n'a eu aucune conséquence sur la production d'électricité, mais a perturbé l'approvisionnement en eau potable.

L'"attaque" a été condamnée dimanche par Washington, le porte-parole du département d'Etat américain, Matthew Miller, assurant dans un message sur X qu'il soutiendra les efforts visant à "retrouver et punir les responsables".

Le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, avait fustigé samedi "une attaque terroriste" et "un acte abject de sabotage contre les infrastructures civiles essentielles du Kosovo".

Le gouvernement du Kosovo a dénoncé "la pire attaque contre les infrastructures" depuis la fin de la guerre contre Belgrade (1998-1999).

"Des organisations professionnelles spécialisées dans ce type d'attaques terroristes sont derrière tout cela. La Serbie est la seule entité ayant la capacité, les moyens et l'intérêt de commettre de tels actes", a accusé samedi le Premier ministre Albin Kurti.

- "Suspicions" -

"Nous n'avons aucun lien avec cela", a rétorqué dimanche le président serbe.

"Je ne vais pas aujourd'hui affirmer que l'attaque a été ordonnée par Kurti (...). Nous menons aussi notre propre enquête", a ajouté M. Vucic.

Selon lui, les autorités serbes disposent de "certaines suspicions" sur l'identité du commanditaire et de "certains éléments sur un possible auteur" de l'attaque.

Sans préciser davantage cette accusation, le dirigeant serbe a dénoncé une "attaque hybride". Les stratégies hybrides consistent notamment à mobiliser, en temps de paix, des moyens indirects, comme les cyberattaques, la désinformation ou le sabotage.

Le ministre kosovar de l'Intérieur, Xhelal Svecla, a annoncé samedi soir l'arrestation de huit suspects, soupçonnés d'avoir participé à des "activités criminelles et terroristes".

Le chef du bureau du gouvernement serbe chargé du Kosovo, Petar Petkovic, a indiqué dimanche matin que seules "deux personnes" étaient encore en détention.

Le directeur de la police kosovare, Gazmend Hoxha, a de son côté indiqué que "200 uniformes militaires, 6 lances-grenade, deux fusils, un pistolet, des masques et des couteaux" ont été saisis par la police.

Les forces de l'ordre kosovares ont été déployées depuis l'attaque autour des "installations essentielles", notamment des ponts, des transformateurs, des antennes, des lacs et des canaux, a indiqué le gouvernement.

Les relations entre Belgrade et Pristina demeurent difficiles depuis la fin de la guerre. Ancienne province serbe, le Kosovo a proclamé en 2008 son indépendance, jamais reconnue par Belgrade.

Les tensions connaissent des pics réguliers, notamment dans le nord du Kosovo où vit une importante communauté serbe.

L'attaque de vendredi fait suite à une série d'incidents dans le nord, notamment des grenades lancées contre un bâtiment public et un poste de police quelques jours plus tôt, et survient à l'approche des élections législatives qui doivent se tenir le 9 février.

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