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La Russie s'est inquiétée mercredi du projet d'introduire une taxe carbone aux frontières de l'Union européenne, une mesure qui coûterait cher à Moscou, très dépendant de ses exportations d'hydrocarbures, notamment vers l'Europe.
"La volonté de nos partenaires européens d'introduire une taxe carbone sous couvert d'agenda climatique a suscité des inquiétudes dans un certain nombre de pays", a déclaré Dmitri Medvedev, ex-Premier ministre et vice-président du Conseil de sécurité, cité par les agences russes. "Cela aura également des conséquences très graves pour l'économie russe, nos industries de base, telles que la métallurgie ferreuse et non ferreuse, l'industrie chimique, énergétique pourraient en souffrir", a-t-il indiqué, citant en particulier les exportations de pétrole et de charbon russes.
Citant des estimations de l'Académie des sciences russe, il a affirmé que "les pertes financières des exportateurs nationaux s'élèveront à des milliards d'euros".
Pour surmonter la crise du coronavirus, l'UE a annoncé cet été un plan de relance à 750 milliards d'euros, dont les fonds sont tirés d'une dette inédite et commune aux pays membres de l'UE. Pour rembourser cette dette, l'UE prévoit entre autres de créer avant 2023 une taxe carbone sur les produits importés.
Qualifiant la mesure de "protectionnisme latent (...) qui entravera l'accès des marchandises (russes) au marché de l'UE", M. Medvedev a souligné la nécessité de négocier à la fois en format bilatéral, avec l'UE, et avec les organisations internationales compétentes, telles que l'OMC.
Grande productrice de matières premières et en particulier d'hydrocarbures, la Russie tire une partie importante de ses revenus budgétaires de leur exportation, notamment vers l'Europe. La Russie a déjà subi un revers avec l'arrêt du projet de gazoduc Nord Stream 2, qui devait abreuver l'Europe et notamment l'Allemagne en gaz russe. Bien que quasiment terminé, le projet est à l'arrêt en raison des menaces de sanctions américaines.
Vladimir Poutine s'est donné pour objectif d'augmenter d'ici 2030 "d'au moins 70%" les exportations de produits autres que les hydrocarbures.