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La Cour des comptes appelle les acteurs du nucléaire, EDF et Etat en tête, à renforcer l'adaptation des réacteurs au réchauffement climatique notamment en appréhendant mieux le problème de l'eau nécessaire au refroidissement des centrales, dans un rapport publié mardi.
Plus qu'un enjeu financier, "l'adaptation des réacteurs nucléaires au changement climatique représente un défi d'anticipation, surtout à l'heure où notre pays s'engage sur le projet ambitieux du nouveau nucléaire," a résumé devant les sénateurs Annie Podeur, présidente de la 2e chambre de la Cour des comptes.
"Les conséquences du changement climatique affectent les installations (la résistance des matériels, la compatibilité avec des conditions de travail acceptables) et l'environnement proche en lien avec l'exploitation (le débit et la température des cours d'eau mais aussi le niveau de la mer)", a rappelé la magistrate.
Estimé par EDF, le coût des investissements (construction de digues, rénovation de tours aéroréfrigérantes...) demeure "modeste", à environ 960 millions d'euros entre 2006-2021 et 600 millions pour les 15 ans à venir, souligne le rapport, qui appelle à une évaluation plus complète.
Mais le pays manque de projections pour ces 10-15 ans quant à la disponibilité en eau douce et au débit des fleuves, alerte la Cour.
"La disponibilité en eau représente le principal enjeu", souligne Mme Podeur, car les réacteurs en dépendent pour leur refroidissement, en "circuit ouvert" (eau prélevée puis rejetée, ce qui augmente la température des cours d'eau) comme "fermé" (moins de prélèvement d'eau mais évaporation).
La Cour appelle à "mettre à jour les fondements scientifiques justifiant les limites réglementaires des rejets thermiques, et cela de manière concertée".
Et pour le "nouveau nucléaire", susceptible de démarrer dès 2035, les contraintes climatiques seront encore plus fortes, insiste le rapport, qui invite à "examiner" les sites fonctionnant à l'étranger sous des climats chauds: "C'est une forme d'alerte adressée aux acteurs du nucléaire", dit Mme Podeur.
De fait, la cour constate que les 6 futurs EPR2 souhaités par le gouvernement ne comportent "pas d'évolution technologique marquée" en terme de système de refroidissement "sobre en eau". Ne sont pas considérées non plus les projections les plus extrêmes en terme d'élévation de niveau des mers.
La Cour invite à "produire rapidement des études de préfaisabilité" quant à la localisation des huit EPR supplémentaires aujourd'hui en option, et appelle à "une approche territorialisée et commune à l'ensemble des acteurs directement concernés".