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Si elle se fixe des objectifs ambitieux lors de ses prochains engagements, les progrès rapides de la Chine en matière d'énergies renouvelables lui permettraient de réduire ses émissions de près d'un tiers d'ici 2035, a déclaré jeudi le centre de recherche sur l'énergie et l'air pur (CREA), un think tank basé à Helsinki.
Pékin a jusque février 2025 pour mettre à jour ses "contributions déterminées au niveau national" (NDC), soit une description de ses plans de réduction de CO2 en vertu de l'accord de Paris sur le climat.
Le pays s'est engagé par le passé à stabiliser ses émissions de carbone d'ici à 2030, puis à atteindre la neutralité carbone d'ici 2060.
Mais afin de tenir ses engagements, pris pendant la Cop21 de Paris en 2015, Pékin doit réduire ses émissions liées au secteur de l'électricité d'au moins 30% d'ici 2035, a déclaré le think tank.
Elle devra également réduire d'un quart les émissions provenant de l'industrie et devrait se fixer pour objectif de réduire de plus de 35% les émissions autres que le CO2, a ajouté le groupe.
Les émissions totales du pays pourraient alors décroître de 30% en l'espace d'une décennie. Un but atteignable, selon l'organisation, compte tenu de la trajectoire récente de la Chine.
"C'est un objectif ambitieux, puisqu'il exige des réductions d'émissions importantes dans tous les principaux secteurs, mais il n'est réalisable que si les tendances actuelles en matière de déploiement d'énergies propres continuent et que la demande d'électricité reste limitée", affirme Belinda Schaepe à l'AFP, l'une des principales auteures du rapport.
Le groupe mentionne par ailleurs que la Chine enregistrait un nombre record d'installations d'énergies renouvelables, qu'elle adoptait massivement les véhicules hybrides et électriques et que les émissions de l'industrie étaient en baisse.
Cette semaine, le Conseil chinois de l'électricité (CEC), une association qui regroupe des entreprises et les institutions du secteur de l'électricité en Chine, a déclaré que les énergies non fossiles représentaient 40% de la consommation d'électricité et que la production de cette énergie dans le pays avait augmenté de près de 80% par rapport à 2021.
Pourtant, ces mesures extrêmes semblent "trop ambitieuses pour être réalisables" selon Teng Fei, le directeur adjoint de l'Institut de l'énergie, de l'environnement et de l'économie de l'Université de Tsinghua, à Pékin.
"Je pense que la Chine est en phase de stabiliser ses émissions, il est donc plutôt incertain, pour cette période, de savoir jusqu'où le pays peut réduire ses émissions globales" a-t-il déclaré à l'AFP.
Mais alors que le CREA préconise une réduction de 25% des émissions industrielles, un potentiel rebond du marché immobilier chinois entraînerait une hausse de la demande de matériaux.
Cette semaine, de grandes villes chinoises ont facilité l'achat immobilier avec pour objectif de relancer ce secteur en difficulté.
Les progrès réalisés par la Chine dans certains secteurs restent inégaux: l'installation de centrales au charbon se poursuit afin de garantir l'approvisionnement en énergie de base et les émissions de méthane augmentent également.
"Nous constatons de nombreux progrès significatifs dans presque tous les secteurs, mais la difficulté est de savoir comment les coordonner", a déclaré Teng Fei
Le pays est le plus grand émetteur de gaz à effet de serre au monde, de par son immense population (1,4 milliard d'habitants) et son statut de pays manufacturier avec de nombreuses usines. Ses prochains engagements seront suivis de près.
John Podesta, l'émissaire américain sur le climat, s'est rendu à Pékin en septembre pour discuter de la coopération en matière de politique climatique avant les négociations des Nations unies sur le climat qui se tiendront en Azerbaïdjan en novembre.