Hydrogène: la bataille des financements reste âpre pour la filière

  • AFP
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Entreprises et collectivités sont sur la ligne de départ, prêtes à inventer de nouveaux usages pour l'hydrogène, mais la bataille pour obtenir des financements reste âpre, près d'un an après l'annonce par le gouvernement d'un plan de soutien à la filière.

Principalement utilisé dans l'industrie, l'hydrogène suscite les convoitises. Cet élément qui intervient dans le raffinage et la fabrication de produits chimiques est désormais considéré par certains comme un outil clé pour la transition énergétique, car il permet de stocker et de restituer de l'électricité.

Afin de donner une impulsion au secteur, le gouvernement a élaboré un plan doté d'une enveloppe de 100 millions d'euros. Près d'un an après sa présentation, deux appels à projets ont été lancés, l'un dédié à la mobilité, l'autre à l'industrie. "Cette année toute la dépense ne sera pas encore engagée", a indiqué à l'AFP le ministère de la Transition écologique, qui estime qu'environ 70 millions d'euros seront investis en 2019 et le solde en 2020.

"La filière est en ordre de marche" mais "nous butons sur un problème: nous n'avons pas de visibilité", a commenté auprès de l'AFP Philippe Boucly, président l'Afhypac, association rassemblant les acteurs de l'hydrogène, qui demande un soutien pérenne de l'État. "Il y a un véritable enjeu de création de valeur, mais le manque de clarté peut freiner les ambitions des acteurs", a averti auprès de l'AFP Charlotte de Lorgeril, associée au cabinet Sia Partners.

Le fonds "air mobilité" de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), doté d'un budget de 30 millions d'euros cette année, doit financer des projets de transports moins polluants, notamment ceux autour de l'hydrogène. Or, "les demandes de subvention dépassent largement les budgets prévus", a indiqué à l'AFP David Marchal, directeur exécutif adjoint de l'expertise et des programmes à l'Ademe. "Nous finalisons les arbitrages budgétaires avant une annonce de résultats qui pourrait intervenir dans les prochaines semaines", a-t-il ajouté.

Concurrence de l'électrique à batterie

La France parie surtout sur le développement de flottes à hydrogène captives à usage professionnel (autobus, transport de marchandises, etc.). Elle ambitionne d'atteindre un peu plus de 5 000 véhicules en circulation d'ici 2023 et une centaine de stations de recharge.

"Le seul véhicule à hydrogène qui a de l'avenir, c'est celui utilisant de l'hydrogène produit avec l'électrolyse de l'eau, ce qui suppose de suffisamment développer les énergies renouvelables en amont", a jugé auprès de l'AFP Jacques Percebois, professeur à l'université de Montpellier.

Cette technique, qui consiste à décomposer l'eau à l'aide d'un courant électrique afin d'isoler les atomes d'hydrogène, ne produit pas de gaz à effet de serre. Mais dans un calcul global, il faut tenir compte de l'origine de l'électricité utilisée. Relativement coûteuse, la méthode reste pour l'heure marginale: l'hydrogène est produit à 95% à partir des énergies fossiles.

Autre difficulté: le véhicule à hydrogène fait face à la concurrence de différents moyens de locomotion propres. "L'argent n'est pas investi en priorité dans le véhicule à hydrogène car les gens croient davantage à l'électrique", a estimé M. Percebois, précisant que la recherche sur les batteries captait beaucoup de financement au niveau mondial. Mais "cela ne signifie pas pour autant qu'il n'a pas sa place, il peut y avoir un partage de marché", a-t-il complété.

S'ils restent onéreux, les véhicules à hydrogène répondent aux besoins des professionnels, grâce à leur autonomie importante et à leur rechargement rapide. "L'avenir de la filière hydrogène dépendra beaucoup de l'engagement des pouvoirs publics", selon une étude de Sia Partners, publiée en janvier. Or, les moyens financiers présentés jusqu'à présent semblent "insuffisants au regard des investissements nécessaires", a-t-elle relevé.

Mais les dés ne sont pas encore jetés. Au titre des perspectives, le gouvernement indique que "les appels à projets lancés en 2019 sur la mobilité et l'industrie permettront de déterminer les suites à donner".

Commentaires

Bruno Lalouette
"l’hydrogène énergie (ou vecteur hydrogène) se heurte encore à plusieurs limites : le stockage de l’hydrogène nécessite des quantités d’énergie importantes en raison de sa faible densité (il peut être stocké sous forme comprimée, liquide ou encore d’hydrure métallique) ; l’efficacité de son transport (énergie transportée par unité de volume) est beaucoup moins forte que celle du pétrole ou du gaz en raison de cette faible densité ; des risques d’inflammabilité et de détonation avec l’air existent (bien que moindres que pour le gaz naturel) ; le coût du procédé de production d’hydrogène le plus prometteur, l’électrolyse de l’eau, reste élevé ; son utilisation grand public dans les transports nécessite la mise en place d’un réseau de stations à hydrogène (de type stations services) qui requiert des investissements considérables..." https://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/hydrogene-energie
RV
Ca commence enfin à bouger; espérons que les régions investirons dans ce marché plein d'avenir. Nos élus devraient communiquer sur le sujet. Je suis 100% d'accord sur le rapport de dec 2013 "L’HYDROGÈNE : VECTEUR DE LA TRANSITION ÉNERGETIQUE ?"par MM. Laurent KALINOWSKI, député, et Jean-Marc PASTOR, plein d'espoir.
Clay Suddath
Vu de chez l'industriel français, l'on peut imaginer que l'Etat, dans sa grande sagesse, attend que les meilleurs candidats se présente pour procéder avec caution et certitude pour consentir ses largesses. Vu de Sirius, si l'Etat n'agit pas avec célérité, détermination et conviction, il trouvera que quelqu'un d'autre le fera à sa place, lui usurpant tout sa crédibilité et contrôle dans la matière. L'Etat a intérêt à agir.

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