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Les ministres des Affaires étrangères d'Egypte, d'Éthiopie et du Soudan ont clôturé sans accord mardi leurs négociations à Kinshasa sur le barrage que l'Éthiopie construit sur le Nil et qui suscite des tensions avec les deux autres pays, situés en aval du fleuve.
Initialement prévues pour durer deux jours, dimanche et lundi, les discussions se sont clôturées mardi sans qu'un compromis soit trouvé entre les trois protagonistes, réunis sous la médiation du chef de l'État de la République démocratique du Congo (RDC) Félix Tshisekedi, président en exercice de l'Union africaine (UA).
Malgré plusieurs heures consacrées à son élaboration, le lapidaire communiqué final lu par Marie Tumba Nzeza, ministre congolaise des Affaires étrangères, n'a apporté aucun élément pouvant attester d'une avancée dans les discussions sur le Grand barrage de la Renaissance (GERD).
L'Éthiopie "menace les peuples du bassin du Nil, et le Soudan directement", a déclaré devant les journalistes Mariam Al Mansoura Elsadig Almahdi, ministre soudanaise des Affaires étrangères, à l'issue des négociations. "Nous espérons que le jugement du président Tshisekedi puisse mettre fin à (...) ces négociations interminables et insuffisantes où la partie éthiopienne met tout le monde devant le fait accompli, d'une façon qui viole clairement le droit international et les principes de bon voisinage", a-t-elle ajouté.
Les négociations de Kinshasa constituent "le premier pas sur lequel le président Tshisekedi va bâtir les alternatives et les approches de travail" dans la feuille de route et le calendrier qu'il définira pour la suite, a expliqué à la presse David Tshishiku, chef des experts congolais.
Le GERD est une source de tensions entre les trois pays depuis la pose de la première pierre en avril 2011. Ce méga-barrage est construit dans le Nord-Ouest de l'Éthiopie, près de la frontière avec le Soudan, sur le Nil bleu qui rejoint le Nil blanc à Khartoum pour former le Nil.
Il pourrait devenir le plus grand barrage hydroélectrique d'Afrique avec une capacité annoncée de près de 6 500 mégawatts. Addis Abeba a annoncé en 2020 que la première phase des opérations de remplissage avait été menée au mois d'août.
L'Éthiopie affirme que l'énergie hydroélectrique produite par le barrage est vitale pour répondre aux besoins en énergie de ses 110 millions d'habitants. L'Égypte, qui dépend du Nil pour environ 97% de son irrigation et son eau potable, considère le barrage éthiopien comme une menace pour son approvisionnement en eau. Le Soudan quant à lui craint que ses propres barrages ne soient endommagés si l'Ethiopie procède au remplissage complet du GERD avant qu'un accord ne soit conclu.
"Nous parlons de prendre en compte tous ensemble les 250 millions d'âmes qui vivent dans les trois pays et leurs intérêts", a déclaré la ministre soudanaise des Affaires étrangères. "Sans nouveau programme (pour les discussions), l'Éthiopie a un boulevard devant elle pour mettre les peuples de la région et tout le continent africain en danger imminent", a-t-elle estimé.