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Le président gabonais Brice Oligui Nguema a décidé mardi de placer sous administration provisoire la société nationale de fourniture d'eau et d'électricité SEEG, après de fortes perturbations de ses livraisons et des détournements de ses recettes.
Une « crise multiforme »
"Le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema a décidé ce qui suit : la mise en administration provisoire de la SEEG et la nomination au prochain conseil des ministres de l'administrateur provisoire", a annoncé un communiqué officiel pointant "faiblesses et fautes de management" internes.
La SEEG "s'enfonçait dans une crise multiforme entraînant coupures d'approvisionnement et délestages au mépris des usagers", selon le communiqué publié par le porte-parole du gouvernement de transition (CTRI), le colonel Ulrich Manfoumbi Manfoumbi.
Fin août, la capitale gabonaise a été privée de courant pendant plusieurs jours avec un système de délestage tournant bien plus important que d'habitude : l'électricité a été coupée pendant plusieurs heures dans certains quartiers pour permettre l'alimentation d'autres parties de la capitale.
Selon la SEEG, ces perturbations étaient consécutives à des problèmes d'infrastructures. Mais plusieurs médias locaux ont révélé mi-août un différend pour retard de paiement entre la SEEG et l'entreprise britannique Aggreko, prestataire dans l'exploitation de centrales au Gabon.
« Vaste système de détournement »
Aggreko exigeait le paiement de 15 milliards de francs CFA (23 millions d'euros), en menaçant de "procéder à l'arrêt complet de (sa) centrale". Le différend a été apaisé par le paiement d'une première partie de la dette, selon les médias locaux
Mi-août, la SEEG a par ailleurs fait état d'un "vaste système de détournement" du système de recharge des compteurs individuels "causant des pertes financières significatives pour l'entreprise et menaçant la sécurité des données et la confiance des consommateurs".
En forme de réponse, le porte-parole du CTRI a annoncé mercredi "la digitalisation et la sécurisation de tout le système informatique" et "la création d'une direction de la sécurité et de la lutte contre la fraude dirigé par un membre du CTRI".
À quelques jours du premier anniversaire du coup d'État qui a marqué la fin de la dynastie Bongo, le nouveau pouvoir annonce aussi dans son communiqué la remise de 22 500 compteurs et la réduction des tarifs d'installation pour "résoudre le lancinant problème de disponibilité des compteurs". Le communiqué précise aussi que l'audit de la SEEG lancé vendredi à la demande du chef de l'État se fera sans réduction d'effectif et sans impact sur les salaires des agents.