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Le dioxyde de carbone (CO2) semble plus efficace que l'eau dans la fracturation hydraulique pour extraire pétrole et gaz de schiste, selon une expérience menée par des scientifiques dans des puits chinois et dont les résultats ont été publiés jeudi.
La fracturation hydraulique consiste à injecter des fluides sous pression dans le sous-sol pour fracturer des roches et en extraire les ressources (pétrole et gaz). De l'eau mélangée à des produits chimiques est aujourd'hui utilisée, à raison de millions de litres par puits. Aux Etats-Unis, ce mode d'extraction a permis une explosion de la production d'hydrocarbures depuis les années 2000. Mais la pratique est controversée : modification des sols, accusations de contamination des aquifères, mini-séismes, etc.
L'idée de remplacer l'eau par le CO2 pour réduire l'impact environnemental est étudiée depuis des années. Des scientifiques de l'Académie chinoise des sciences et de l'université chinoise du pétrole à Pékin l'ont testée en laboratoire et en conditions réelles, dans cinq puits du champ pétrolier de Jilin, dans le nord-est de la Chine.
"À notre grande satisfaction, la production de pétrole a augmenté d'environ 4 à 20 fois" avec le CO2 par rapport à l'eau, rapportent les auteurs dans leur étude, publiée par la revue américaine Joule. Le gaz fracture mieux les roches, selon eux. "Ces résultats du monde réel révèlent que, comparée à la fracturation hydraulique, la fracturation par CO2 est une alternative importante et plus verte", poursuivent-ils. A fortiori dans les régions arides, qui aujourd'hui obligent les producteurs à transporter de l'eau par camions-citernes.
Les scientifiques arguent que la technique permettrait de stocker du CO2 dans le sol. C'est le principal gaz à effet de serre émis par l'activité humaine, responsable du réchauffement climatique, et en retirer activement de l'atmosphère est un objectif pour de nombreux climatologues.
Mais l'idée d'injecter du CO2 pour extraire des hydrocarbures dont la combustion émettra ensuite... du CO2, peut paraître vaine. Hannah Chambers, de l'université d'Édimbourg, relève ainsi que l'étude n'inclut pas d'analyse de l'impact général sur les émissions mondiales de CO2.