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EDF a annoncé lundi pour la première fois "la signature de prêts bancaires verts" dédiés au financement de la maintenance et de l'extension de la durée de la vie de son parc nucléaire existant, pour un montant d'"environ 5,8 milliards d'euros".
Investissements « dans les réacteurs nucléaires existants en France dans le cadre de l'extension de leur durée de vie »
Ces prêts dont le remboursement sera étalé sur une durée de trois à cinq ans "ont été conclus avec de grandes banques internationales dont BNP Paribas, Bank of America, Crédit Agricole CIB, ING, Natixis CIB, Société Générale, Wells Fargo", a détaillé EDF dans un communiqué.
C'est "la première fois" qu'EDF souscrit des "prêts verts", catégorie qui répond à une classification européenne, pour financer ses activités nucléaires, a précisé une porte-parole à l'AFP.
Les fonds permettront de financer "des investissements dans les réacteurs nucléaires existants en France dans le cadre de l'extension de leur durée de vie", qu'EDF souhaite porter jusqu'à 60 ans, voire plus.
Taxonomie verte européenne
Ces investissements figurent dans le "Green Financing Framework" d'EDF, un cadre définissant les activités de l'énergéticien français (électricité renouvelable ou nucléaire, efficacité énergétique...) compatibles avec la taxonomie verte européenne. Ce système de classification a été mis en place par l'UE pour mobiliser les investissements privés vers des activités économiques considérées comme durables sur le plan environnemental.
En juillet 2022, le Parlement européen a officiellement inscrit le nucléaire et le gaz parmi les énergies "durables" contribuant à la lutte contre le changement climatique, une décision controversée qui avait provoqué la colère des écologistes.
Les réacteurs français avaient été autorisés à l'origine sans limitation de durée de fonctionnement, mais EDF avait initialement envisagé une durée de vie de 40 ans.
Grand carénage : 66 milliards d'euros selon l'estimation d'EDF
En 2015, EDF a lancé le "grand carénage", un vaste programme pour moderniser et prolonger la vie de ses centrales au-delà de 40 ans, dont le coût cumulé s'élève à 66 milliards d'euros pour ses première (2015-2021) et seconde phases (2022-2028), selon une estimation fournie par EDF en mars 2023.
Alors que les centrales françaises ont entre 30 et 40 ans en moyenne, le gouvernement veut construire jusqu'à 14 nouveaux réacteurs et prolonger le plus possible ceux qui peuvent l'être dans le cadre de son plan de relance de la production d'électricité décarbonée qui doit permettre à la France de sortir des énergies fossiles, responsables du réchauffement de la planète.
Confronté à des besoins d'investissement colossaux pour concrétiser ce programme, EDF est lesté d'une dette abyssale de 54,4 milliards d'euros.
Le parc nucléaire français compte 56 réacteurs en fonctionnement, mis en service entre 1979 et 2002.