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Le puissant lobby pétrolier américain, American Petroleum Institute (API), a apporté officiellement jeudi son soutien à l'idée de fixer un prix au carbone pour réduire les émissions et ralentir le changement climatique.
Concrètement, donner un prix au carbone revient à modifier les prix relatifs des biens et des services en fonction des quantités d'émission de gaz à effet de serre qui ont été nécessaires pour les produire et les consommer.
Cette décision marque un tournant important pour l'organisation, qui regroupe les industriels du secteur des hydrocarbures aux États-Unis et qui a longtemps résisté à l'idée de toute action réglementaire destinée à protéger l'environnement. Elle intervient au début du mandat du président Joe Biden, qui a fait de la lutte contre le changement climatique une de ses priorités de campagne.
"Alors que notre secteur accélère ses efforts dans le développement de nouvelles technologies, dans la réduction des émissions et dans la publication de rapports climatiques transparents et cohérents, nous appelons les législateurs à soutenir des politiques basées sur le marché qui encouragent l'innovation, y compris la tarification du carbone", a indiqué l'organisation dans un communiqué.
Deux mécanismes principaux peuvent être utilisés pour "faire payer" le carbone : un système de quotas d'émissions ou une taxe. Toutes les grandes entreprises des secteurs pétrolier et gazier font face à la pression croissante de défenseurs de l'environnement et d'actionnaires inquiets de l'impact du changement climatique sur leur rentabilité.
La décision d'API reste "une déclaration de soutien théorique" qui est "loin de répondre à ce qui devront sans doute être des règles fortes et contraignantes pour limiter l'utilisation de combustibles fossiles et les émissions de méthane", a réagi le directeur de l'ONG environnemental InfluenceMap, Dylan Tanner, dans un communiqué. Il faut que le lobby "se concentre sur les détails et les mesures" plutôt que sur un "large concept", a-t-il ajouté.
Organisation centenaire, API compte plus de 600 sociétés, dont les majors Chevron et ExxonMobil. Elle s'est heurtée ces derniers mois à plusieurs de ses membres européens, plus actifs dans la lutte contre le changement climatique et la transition vers les énergies renouvelables.
Mi-janvier, le groupe français Total a ainsi annoncé son départ de la fédération, estimant que les positions de l'API étaient seulement "partiellement alignées" avec les siennes sur le climat.
Le PDG d'ExxonMobil, Darren Woods, avait déjà souligné début mars qu'attribuer un prix au carbone était à ses yeux "fondamental" pour permettre au marché "d'allouer efficacement les ressources afin de réduire les émissions de CO2 au coût le moins élevé possible pour la société".