Energie: l'AIE sonne l'alarme pour l'Ukraine et la Moldavie cet hiver

  • AFP
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L'Ukraine risque d'avoir froid cet hiver après les destructions massives de centrales électriques, ciblées par les troupes russes, alerte jeudi l'Agence internationale de l'énergie (AIE) qui s'inquiète aussi pour la Moldavie et appelle les nations occidentales à aider ces deux pays.

"Le système énergétique ukrainien a survécu aux deux derniers hivers (...) mais cet hiver sera, de loin, son test le plus sévère à ce jour", a mis en garde le directeur général de l'AIE, Fatih Birol, lors d'un point presse à Bruxelles avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

La cheffe de l'exécutif européen se rendra à Kiev ce vendredi pour rencontrer le président Volodymyr Zelensky. "Nos amis ukrainiens ont besoin de notre aide pour garder la lumière allumée. Il faut que les Ukrainiens restent au chaud", a-t-elle martelé.

L'Union européenne va apporter 160 millions d'euros supplémentaires pour de l'aide humanitaire et les infrastructures énergétiques, notamment des panneaux solaires, a-t-elle déclaré, en mentionnant une enveloppe globale de 2 milliards d'euros depuis le début de l'invasion russe.

L'AIE craint que l'arrêt annoncé pour fin 2024 du transit de gaz russe en Ukraine menace également la Moldavie de pénurie énergétique grave.

Après la perte de "plus des deux tiers" de la capacité de production électrique de l'Ukraine depuis l'invasion russe, l'Agence préconise dans un rapport publié jeudi une dizaine de solutions à mettre en place rapidement pour réparer les centrales du pays endommagées, détruites ou occupées par la Russie.

La situation en Ukraine "constitue aujourd'hui l'un des problèmes de sécurité énergétique les plus urgents au monde", avertit l'agence basée à Paris.

L'AIE presse notamment les pays européens de hâter la "livraison d'équipements et de pièces détachées" pour réparer les centrales endommagées ou détruites, et d'augmenter les capacités d'importation d'électricité et de gaz venant de l'Union européenne.

Pour le gaz, l'agence juge que la Slovaquie, la Hongrie et la Pologne devraient travailler avec le reste de l'UE pour pérenniser "sur le long terme" les augmentations de capacité d'exportation accordées en urgence après l'invasion russe.

Le rapport souligne aussi le besoin de renforcer "la sécurité physique et informatique des infrastructures critiques", notamment via la construction de protections anti-drones sur les centrales électriques.

Avant l'invasion russe, l'Ukraine dépendait du nucléaire pour la moitié de son électricité, de centrales à charbon pour 23% et de centrales au gaz pour 9%.

L'AIE estime le montant des besoins pour réparer les dommages et moderniser le réseau électrique "autour de 30 milliards de dollars".

- Générateurs et bois de chauffage -

L'agence calcule même l'ampleur du blackout qui menace l'Ukraine cet hiver: au pic de l'hiver, la demande en électricité pourrait s'élever jusqu'à 18,5 gigawatts (GW). Or il lui manquerait 6 GW de capacité de production, soit l'équivalent de ce que consomme le Danemark lors d'un pic de demande.

Pour le chauffage, 18 centrales thermiques et électriques ont été endommagées, ainsi que 815 chaufferies et 354 kilomètres de tuyaux de chauffage urbain. Pour ce seul secteur, le montant des dommages est estimé à 2,4 milliards de dollars.

En Moldavie aussi, "l'hiver pourrait être déstabilisant", prévient l'agence.

Même si le petit pays n'est pas exposé à des bombardements russes comme l'Ukraine, il dépend de la Russie pour deux tiers de son approvisionnement en électricité, car la principale centrale au gaz qui l'alimente est située dans la région séparatiste prorusse moldave de Transnistrie.

Or l'arrêt du transit du gaz russe via l'Ukraine au-delà du 31 décembre "crée une incertitude significative pour les livraisons de gaz à la région de Transnistrie et pour la sécurité en électricité de la Moldavie", note le rapport.

L'Ukraine a annoncé fin août son intention de ne pas renouveler le contrat la liant jusqu'au 31 décembre à la Russie pour faire transiter le gaz russe vers l'Europe via son réseau étendu de gazoducs.

Un renforcement des interconnexions avec les pays européens, relève l'AIE, "est essentiel pour soutenir la sécurité énergétique de la Moldavie". La construction d'une troisième nouvelle ligne haute tension entre la Moldavie et la Roumanie a été approuvée et "devrait être opérationnelle en 2031" après deux autres prévues en 2025 et 2027 (Vulcanesti-Chisinau et Balti-Suceava), rappelle l'AIE.

Mais pour cet hiver, la Moldavie dépendra surtout de "générateurs diesel et de stocks de bois de chauffage et de biofuels".

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