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Douche froide pour les salariés de la centrale à charbon de Cordemais (Loire-Atlantique): son propriétaire EDF a annoncé mardi son intention d'abandonner la conversion de la centrale à la biomasse et d'arrêter la production d'électricité à l'horizon 2027, le projet étant "très éloigné" de la rentabilité.
"EDF envisage d'arrêter la production électrique de la centrale thermique de Cordemais en 2027", a indiqué le groupe dans un communiqué, "les conditions technico-économiques pour réaliser ce projet n'étant pas réunies".
EDF souhaite toutefois maintenir "une activité industrielle" sur le site - qui représente quelque 500 emplois dans la région dont 340 emplois directs -, à savoir la fabrication de tuyaux pour de futures centrales nucléaires pour le compte de sa filiale Framatome.
Les termes très prudents utilisés par EDF pour cette dernière centrale à charbon dans le giron du groupe, traduisent son obligation d'engager les discussions avec les représentants du personnel pour "voir les conditions de mise en oeuvre de cette décision".
Le projet "prévoira un accompagnement des salariés tout au long du processus et la possibilité de rester sur le site jusqu'à la finalisation de leur projet professionnel et en tout état de cause jusqu'à 2029", date à laquelle l'usine de Framatome doit entrer en production, a ajouté le groupe.
Cette usine, si elle se concrétise, représentera, "à sa création une centaine d'emplois environ, pour monter jusqu'à 200 emplois à terme", selon Guirec Maugat, vice président exécutif de la base installée de Framatome en France.
Départs vers d'autres centrales, du groupe, retraites anticipées ou reconversions au sein de la nouvelle usine, "nous veillerons à accompagner chacun", a déclaré lors d'un point presse Olivier Lamarre, directeur de la division thermique d'EDF, pour qui EDF "n'a pas vocation à faire des licenciements".
Mais la décision était selon lui inéluctable. Car si "les aspects techniques étaient maitrisés", le bilan économique du projet "était très éloigné des conditions qui lui auraient permis de se réaliser", a-t-il assuré.
Le projet supposait qu'EDF s'engage auprès de son partenaire Paprec sur quinze ans d'achats de pellets de bois, substitués au charbon, selon M. Lamarre, qui a chiffré à "plusieurs centaines de millions d'euros" les pertes qu'aurait eu à subir EDF dans ces conditions.
- "Désillusion" -
C'est également la mise en service de l'EPR de Flamanville et, plus largement, la meilleure disponibilité du parc nucléaire d'EDF qui a scellé le sort de Cordemais, dont le gestionnaire du réseau RTE avait recommandé jusqu'alors le "maintien en fonctionnement" afin d'assurer "l'équilibre offre-demande du Grand Ouest", dans un rapport publié en septembre 2023.
La CGT, qui a porté ce projet depuis le début, a jugé cette décision "incompréhensible, prématurée et inconcevable eu égard au travail fait par le site pour engager sa conversion".
"C'est une véritable désillusion pour les salariés", auxquels "on a laissé espérer une reconversion du site avec le projet Eco-Combust", a déploré auprès de l'AFP Amélie Henri, secrétaire nationale de la CFE-CGC chez EDF, premier syndicat au sein de l'entreprise.
Après avoir annoncé l'abandon de Cordemais en juillet 2021, notamment en raison de son coût, EDF avait annoncé en mai 2022 relancer le projet de conversion de la centrale à la biomasse, c'est-à-dire à partir de granulés prioritairement issus de déchets de bois. La "décarbonation progressive" de Cordemais s'était déployée depuis 2023.
L'annonce de l'abandon du projet de conversion de Cordemais a suscité des craintes dans l'autre centrale à charbon encore en activité en France, à Saint-Avold (Moselle), propriété de GazelEnergie, également dans l'attente de voir se concrétiser un projet de ce type.
La CFDT du site a sollicité un rendez-vous avec la nouvelle ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, afin de dissiper les craintes des salariés.
En septembre 2023, le président de la République, Emmanuel Macron, avait annoncé que les dernières centrales à charbon de France seraient converties "complètement" à la biomasse à l'horizon 2027, alors que la France cherche à respecter ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui réchauffent le climat.