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Rendre plus visible la lutte contre le projet "Hercule" de scission d'EDF: c'était le pari de près de 200 militants CGT qui ont déversé mardi des compteurs Linky devant le siège de La République en marche (LREM), dans le IIe arrondissement de Paris.
Arrivés en autobus, les militants se sont massés devant le discret porche du parti pour vider toutes sortes de sacs (à dos, en tissu, poubelle...) remplis de compteurs Linky, mais aussi de quelques compteurs orange Gazpar.
Pendant quelques minutes, mardi à midi, le bruit des compteurs vert anis heurtant le bitume a résonné dans l'étroite rue Sainte-Anne, avant d'être remplacé par le chant des militants : "L'électricité et le gaz, c'est pas pour le privé ! C'est un droit pour tous les usagers !" Un slogan également inscrit sur une banderole déroulée par des manifestants qui vise directement le projet "Hercule" de scission d'EDF en deux voire trois entités, qui devrait entraîner l'ouverture du capital de certaines branches de l'énergéticien à l'actionnariat privé.
"Une spoliation du bien commun", s'est ému le sénateur PCF de Seine-Saint-Denis Fabien Gay, présent au rassemblement, qui a rappelé sa "détermination", aux côtés des agents présents, "à lutter contre le démantèlement d'EDF". La CGT, de loin le premier syndicat du secteur, défend une position totalement à contre-courant du projet Hercule: "redevenir ce qu'on était avant, EDF-GDF", comme l'a rappelé Nadia, parmi les rares commerciaux présents à ce rassemblement.
« Fossoyeurs du service public »
La CGT a choisi d'associer deux symboles, le siège du parti présidentiel, mais aussi les compteurs Linky longtemps contestés et aujourd'hui installés dans plus de 30 millions de foyers en France, soit quatre sur cinq.
Ces compteurs, synonymes selon la CGT de suppressions d'emplois puisqu'ils peuvent être installés par des prestataires et évitent les déplacements d'agents pour les relevés, "on les dépose devant les fossoyeurs du service public", a conclu Cédric Liechti, secrétaire général de la CGT Energie Paris.
Les manifestants se sont ensuite rapidement dispersés alors que s'approchaient quelques policiers munis de boucliers anti-émeutes, lesquels ont écarté à coups de pieds les compteurs jetés devant le siège discret du parti fondé par Emmanuel Macron. "C'était une action symbolique pour dire à ceux qui prennent des décisions contre l'intérêt général qu'elles ont un impact", a expliqué Salim, l'un des participants, avant d'ajouter: "C'était l'occasion de montrer qu'on ne se résigne pas à ce démantèlement, et de sensibiliser les usagers".
Des actions ont eu lieu dans plusieurs villes françaises et devant certains sites d'EDF mardi, à l'occasion de l'appel à la grève de l'interfédérale (CGT, CFE-CGC, CFDT, FO). La CGT appelait plus particulièrement ses militants à se coordonner localement pour mener des actions.
« Intelligence ouvrière »
Avant de se rendre devant le siège de LREM, les cégétistes d'Île-de-France s'étaient donné rendez-vous mardi matin dans un complexe sportif de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). C'est là que les organisateurs ont pu distribuer le matériel aux militants, criant "Qui n'a pas son compteur ?" ou encore de "Récupérez votre chasuble !"
Là aussi que le député PCF de Seine-Maritime Sébastien Jumel a pris la parole pour se féliciter de "l'intelligence ouvrière" et de "la fierté ouvrière", réunies pour cette action. "À travers Hercule, c'est la souveraineté de la nation qui est en jeu", a-t-il ajouté. Là enfin que Cédric Liechti a mobilisé les troupes : "Si on ne se bat pas, tout va nous être retiré", a-t-il prévenu avant d'appeler les agents présents à monter dans les trois autobus qui les attendaient.
Le message est passé : "On reste solidaires, on ne se laisse pas faire et on ne se laissera pas faire jusqu'à la fin", a martelé Cédric, employé d'Enedis et encarté CGT.