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Accusé de perturber l'équilibre de l'écosystème de l'étang de Berre, Electricité de France (EDF) a accepté un accord à l'amiable visant à mieux gérer ses rejets d'eau douce dans cette lagune salée de Provence, a annoncé vendredi le parquet de Marseille.
Une gestion « adaptée [...] en fonction des saisons »
"Par cet accord, EDF s'engage à adopter une gestion adaptée de la production d'électricité en fonction des saisons", précise le communiqué du parquet.
Le Groupement d'intérêt public pour la réhabilitation de l'étang de Berre (Gipreb), plus grande lagune méditerranéenne de France, avait entamé une procédure judiciaire contre le fournisseur d'électricité, les rejets d'eau douce dans l'étendue d'eau salée ayant notamment asphyxié une partie de la faune et la flore locale à la suite d'un épisode de forte chaleur en 2018.
Le tribunal correctionnel se déclarant d'abord incompétent pour trancher le litige, le parquet a finalement ouvert une enquête par le biais du pôle santé publique environnement, menant à cette résolution à l'amiable.
Le parquet a toutefois précisé que des dérogations concernant les rejets seront possibles "lorsqu'elles sont liées aux besoins d'exploitation (...) ou pour des raisons d'intérêt général de sécurité du réseau ou de sécurité publique". En contrepartie, le Gipreb a accepté d'abandonner les poursuites judiciaires contre EDF.
Une chaîne de centrales hydroélectriques
Et pour s'assurer que le phénomène de 2018 ne se reproduise pas, un programme de suivi écologique de la zone a été mis en place pour quatre ans.
Non polluée, l'eau rejetée provient de la Durance, nourrie des neiges alpines. EDF dérive une partie de cette rivière pour produire de l'électricité, via une chaîne de centrales allant des Alpes à Saint-Chamas. C'est là que l'eau douce, une fois turbinée, finit sa course, déversée dans l'étang de Berre.
En 2004, après une condamnation de la France par la Cour européenne de justice, EDF avait vu ses rejets d'eau douce limités à 1,2 milliard de m3 par an - soit plus de 300 000 piscines olympiques - contre plus de deux milliards auparavant.
Le volume d'eau "restera le même, mais il ne sera plus rejeté sur des périodes sensibles", a précisé à l'AFP Didier Khelfa, maire de Saint-Chamas et président du Gipreb. "Nous avons réussi à faire en sorte qu'il n'y aura plus de relâchés d'eau dans l'étang en juin, juillet et août", période où ils peuvent causer le plus d'effets négatifs sur la flore et la faune en créant un effet asphyxiant dans les eaux profondes, a-t-il poursuivi. "Sur les autres mois, nous avons des lâchés possibles que sous certaines conditions", a-t-il ajouté.
Après 2022 et sa sécheresse historique, État, élus, agriculteurs, défenseurs de l'environnement et EDF ont tenté de trouver des solutions pour mieux valoriser cette eau douce qui finit dans l'étang de Berre, tout en maintenant la production électrique.
Parmi celles à l'étude, l'utilisation d'une partie de l'eau rejetée par les centrales pour arroser les terres agricoles, renforcer les nappes phréatiques ou encore la construction d'un nouveau canal pour desservir l'industrie foisonnante dans le secteur de l'étang de Berre.