Des patrons appellent l'Etat à s'engager pour la transition de la zone industrielle de Fos

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Une centaine de chefs d'entreprises ont appelé mercredi l'Etat à créer une "gouvernance" spécifique pour piloter la décarbonation de la zone industrielle de Fos-sur-Mer, près de Marseille, afin de sécuriser rapidement les "20 milliards" d'euros d'investissements espérés.

Fos, immense zone industrielle au nord de Marseille, où sont notamment installés le Grand Port Maritime (GPMM) et des industries pétro-chimiques ou sidérurgiques, est le deuxième site industriel le plus polluant de France, avec 17% des émissions industrielles de gaz à effet de serre - responsables du réchauffement climatique- du pays.

Elle a été désignée début 2023 par le gouvernement pour devenir une des premières "zones industrielles bas carbone" du pays, avec celle de Dunkerque.

Et "31 projets d'implantation et de transformation industrielle représentant au total près de 20 milliards d'euros d'investissements ont été annoncés" dans la région de Marseille pour les années à venir, souligne le collectif "Provence, fabrique des possibles" qui réunit sous l'égide d'organisations professionnelles tous les patrons concernés, dont Luc Rémont, le Pdg d'EDF, Eric Trappier, celui de Dassault aviation, ou Rodolphe Saadé de l'armateur CMA-CGM.

A la clé, selon les promoteurs de l'initiative, la création en une décennie de 10.000 emplois directs et quatre fois plus d'emplois indirects. Mais à condition que les infrastructures suivent.

Principale inquiétude, l'approvisionnement en électricité, les projets cités nécessitant un doublement de la consommation actuelle en terme de puissance, selon les pouvoirs publics. Un projet de ligne à très haute tension reliant le Gard à Fos en traversant notamment une partie du parc naturel de Camargue suscite de fortes oppositions locales.

Sans se prononcer sur le fond de ce dernier projet, Jean-Michel Diaz du Groupement maritime industriel de Fos a souligné lors d'une conférence de presse à Marseille que "les porteurs de projet n'attendront pas, nous devons leur apporter rapidement des garanties". "Ce virage, il ne faut pas qu'on le loupe car la concurrence est européenne et mondiale" pour attirer les nouveaux projets industriels, a-t-il insisté.

Pour piloter et coordonner tous ces projets, l'appel demande la création d'une structure unifiée, au delà du commissaire délégué à la transition industrielle, écologique et énergétique de la zone Fos-Berre récemment nommé.

"Cette gouvernance doit être portée par l'Etat," insiste Christine Baze, présidente d'Industries Méditerranée. "C'est le socle qui garantit à la fois la cohérence territoriale mais aussi le lien avec les actions de l'Etat. Et cette gouvernance doit intégrer l'ensemble des acteurs de notre territoire, que ce soit industriels, collectivités, aménageurs".

Un tel appel n'est-il pas paradoxal en pleine période d'économies budgétaires ? Non réplique Pascal Kuhn, président de l'UIMM (syndicat du patronat de la métallurgie) Alpes Méditerranée, pour qui "c'est précisément maintenant qu'il faut investir pour créer de la richesse future en salaires, taxes et cotisations. Sinon on accepte le déclassement industriel et la perte d'emploi".

Les projets en cours de développement, sur 700 hectares de terrains du GPMM et autour de l'étang de Berre, vont de Gravithy (production de fer pré-réduit à base d'hydrogène pour la sidérurgie) à Fos-sur-Mer au projet d'éolien flottant Deos, également au large de Fos, en passant par celui d'Elyse Energie pour produire des e-carburants ou la production de panneaux photovoltaïques (Carbon).

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