Les chambres d'agriculture s'opposent aux « démarches anarchiques » de centrales solaires au sol sur les terres agricoles

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L'implantation de panneaux solaires doit "par principe être interdite" sur les sols agricoles, soutiennent mercredi les chambres d'agriculture, qui redoutent la multiplication des "démarches anarchiques".

"L'État affiche une ambition très forte de soutien aux énergies renouvelables" qui "donne lieu à des démarches anarchiques de porteurs et des développeurs de projets, sans associer suffisamment la profession agricole", déplorent les chambres d'agriculture dans un communiqué. Elles "considèrent que l'implantation de panneaux solaires sur des sols agricoles, naturels ou forestiers doit par principe être interdite, en évitant l'implantation de centrales solaires lorsque les surfaces concernées ont conservé une vocation agricole et sont susceptibles d'être rétrocédées pour un usage agricole".

Selon les chambres, de telles implantations ne peuvent s'envisager "qu'à titre exceptionnel dans des conditions à établir en Commission départementale de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers (CDPENAF) en se fondant sur des critères objectifs". Elles précisent en revanche qu'elles "porteront une attention particulière aux retours d'expériences sur les projets d'agrivoltaïsme", pratique consistant à installer des panneaux solaires mobiles au-dessus des plantations. En juillet, un rapport parlementaire suggérait de soutenir ces projets qui évitent d'utiliser du foncier supplémentaire.

Selon ce rapport, le secteur agricole, avec au moins 50 000 exploitations concernées, assure déjà 20% de la production d'énergies renouvelables (soit 3,5% de la production nationale d'énergie), dont 96% de la production nationale de biocarburants, 26% du biogaz, et via son foncier 83% de l'éolien et 13% du solaire photovoltaïque.

Commentaires

Abadie
Je soutiens fortement les agriculeurs qui sont des personnes admirables. Les centrales solaires faites de panneaux voltaiques stérilisent les sols sur lesquels elles sont posees, de surcroît des terres cultivables, empêchant leur exploitation agricole. Il faut lancer un appel a idée sur l'utilisation conjointe de la terre et du solaire.
Thomas
Bonjour, sauf qu'aujourd'hui la principale cause de disparition des terres agricoles n'est pas le solaire au sol mais l'urbanisation galopante. Les études du CEREMA et de France Stratégie indiquent une perte de terres naturelles et agricoles de l'ordre de 25000 hectares par an à cause de l'urbanisation et des infrastructures types ZAC, routes, etc. Quant au solaire, son implantation sur des terres agricoles peut permettre un loyer stable à un agriculteur pendant 25 ou 30 ans, pour lui permettre de cultiver à côté une production. Le solaire est aussi intégralement réversible contrairement à l'urbanisation qui une fois installée ne sera jamais démantelée... Enfin, si la totalité des objectifs PV de la PPE étaient réalisés sur des terres agricoles, (environ 40000 hectares), cela ne représenterait que moins d'1% de la surface agricole utile (28 millions d'hectares)... Donc les projets PVdoivent etre faits intelligement mais de là a tout interdire...
Christophe DUPERRIER
Bonjour, Merci pour ces argumemts. Pourriez-vous indiquer s'il vous plait où l'étude conjointe du CEREMA et de France Stratégie est disponible ? Merci
Thomas
Bonjour Voici le lien pour France Stratégie : https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-rapport-2019-artificialisation-juillet.pdf Et celui du CEREMA: https://www.cerema.fr/fr/actualites/artificialisation-du-sol-rapport-determinants-consommation Bonne lecture ;-)
Thomas
une question me titille, vaut-il mieux mettre du solaire au sol, ou cultiver des betteraves pour des agrocarburants? Je ne connais pas la surface utilisée actuellement pour les carburants..?
Abadie
@Thomas, je suis d'accord avec vous, la cause principale de disparition c'est l'urbanisation, la pression foncière. Vous ne pouvez neanmoins nier qu'à ce jour, les panneaux photovoltaïques empêchent son exploitation agricole, le soleil ne passe plus, idem pour le engins agricoles. De surcroît, vous semblez ignorer d'ou vient cette critique, des chambres agricoles, donc des paysans eux-mêmes, et même s'ils touchent quelques royalties sur le solaire implanté sur leurs terres, ils perdent leur métier, passant d'agriculteurs à rentier. Ce n'est pas ce veulent les paysans. Ne trouvez-vous pas triste de ne plus pouvoir tirer des richesses nourricières des terres agricoles. Les bienfaits d'une technologie ne doivent pas se faire à l'encontre d'une partie de la population. Il faut beaucoup y réfléchir avant.
Thomas
Bonjour, L'installation de centrales solaires classiques ne permet pas l'exploitation de certaines cultures en effet, mais si elles sont réalisées sur une partie d'une exploitation et que l'autre partie reste dédiée à la production agricole, cela me semble tout à fait cohérent. D'autant que nos agriculteurs sont aujourd'hui largement sous payés et un revenu fixe peut les aider dans le maintien en vie de leur exploitation. Et n'oublions pas que les projets jusque-là autorisés ont reçu l'approbation des agriculteurs concernés, des services de l'Etat, des communes, des chambres d'agricultures... Ayons la même réflexion lorsqu'une commune rend constructible une zone agricole, où la aussi les agriculteurs perdent vraiment leur métier et leurs terres.
Serge Rochain
On peut se demander qui tire les ficelles des mécontentements de l'arrivée des ENR. Personne ne criait au scandale à propos du plantage de 300 000 pylônes de 90 m de haut et supportant 105000 Km de lignes THT zébrant le pays, indispensables pour transporter les superpuissances se chiffrant en GW sorties de seulement 19 centrales nucléaires pour apporter l'électricité à 65 millions de personnes, mais il a suffit de 6500 malheureuses éoliennes pour que la supposée sauvegarde du paysage devienne un drame. C'est au tour du photovoltaïque que se focalise maintenant les hurlements de loups sortis des campagnes, peut-être briffées par quelques intérêts contrariés. Régnant en maitre absolu depuis plus de 60 ans, le nucléaire est pour la première fois attaqué dans sa suprématie par un concurrent de taille appeler ENR, et cela lui est insupportable, tous les coups..... bas, sont permis. Si tout le bâti du pays était équipé de PPV aux performances actuelles, c'est deux fois la production de l'ensemble du parc nucléaire qui serait produit à partir des photons du Soleil. Sachant que la plus grande partie de la surface bâtie est agricole, commençons par là, même si la rentabilité est un peu moins bonne que sur le solaire au sol qui offre de plus grandes surfaces contiguës, c'est un bon début, puis continuons avec plus spécifiquement les éleveurs qui peuvent faire paitre sous les PPV offrant leur ombre aux herbages qui n'en seront que plus verts. Dans tous les cas, le monde agricole ne peut être que celui qui tirera le mieux son épingle du jeux avec les ENR, alors, qu'il s'en fasse plutôt un allier, lequel sera lui aussi bien content d'en trouver un pour une fois. C'est une des rares parties gagnant-gagnant qui ne soit pas un jeu de dupes aujourd'hui.
JJB17
merci Thomas pour votre argumentation sensée et pragmatique , que je soutiens . nos politiques industrielles , agricoles , et environnementales sont pleines d'incohérences et d'intérets divergents ( cf Serge ) ; si on y rajoute les divergences politiques et écologiques ...on est en plein magma , on n'y comprend plus rien , bref , on est en France !!! pour étre très basique et terrien, très concerné par le sujet , et non politique , comment peut-on se priver d'une telle manne financière, des milliards d'euros , tombant gratis du ciel ( le solaire ) et ne pas utiliser intelligemment des milliers d'hectares bois improductifs à l'abandon , souvent sans propriétaires connus , repères de serpents et sangliers dévastateurs , des landes rocheuses incultivables , des plans d'eau ( partiellement ) loin de tout , des carrières géantes abandonnées , des terrains pollués incultes , des milliers d'hectares de vignes qui seraient + rentables si protégées , ( tout celà ne modifiant nullement le PIB agricole à la baisse , mais plutot à la hausse pour les propriétaires du foncier ) ??? soyons réalistes , avec un peu de discernement , on ne va pas déforester bétement de beaux massifs productifs ou classés , et profitons de ce levier financier énorme qui nous aménera peu à peu à la production dérivée d'hydrogène .

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