- AFP
- parue le
Le Liban, qui s'enfonce dans une crise sans précédent, pourrait faire face à une pénurie de gaz d'ici une semaine à défaut de paiement par la Banque centrale des fonds nécessaires aux importateurs, a averti mardi le président du syndicat des distributeurs de bonbonnes de gaz.
La crise économique inédite marquée notamment par une dégringolade de la monnaie nationale et une inflation galopante engendre, depuis des mois, des pénuries en tout genre, la Banque centrale s'abstenant d'ouvrir de nouvelles lignes de crédit, sur fond d'une fonte de ses réserves en devises étrangères.
Depuis mardi matin, des queues se sont formées dans plusieurs régions du pays devant les fournisseurs de gaz domestique.
"Le stock actuel nous suffit encore pour une semaine. Si le problème n'est pas résolu, les bonbonnes de gaz seront disponibles uniquement sur le marché noir", a indiqué à l'AFP Farid Zeinoun, président du syndicat des distributeurs de bonbonnes de gaz.
"La raison de la pénurie actuelle (...) est la non ouverture de nouvelles lignes de crédit par la Banque du Liban", sachant qu'un navire chargé de 5.000 tonnes de gaz attend au large depuis 17 jours, a-t-il ajouté.
La livre libanaise a perdu plus de 90% de sa valeur par rapport au dollar depuis l'automne 2019.
La bonbonne de gaz domestique coûte aujourd'hui 60.000 livres libanaises, soit 40 dollars aux taux de change officiel et trois dollars au taux du marché noir.
Le salaire minimum s'élève à 675.000 livres libanaises, soit désormais un peu plus de 30 dollars, contre 450 dollars avant la crise.
Aujourd'hui, 78% de la population vit sous le seuil de la pauvreté --contre 55% l'an dernier et moins de 30% avant la crise--, a indiqué la semaine dernière le Bureau de la coordination des Affaires humanitaires (Ocha).
Et au moins 36% de la population vit dans la pauvreté extrême alors que le pays est englué dans l'une des pires crises économiques de l'histoire, selon la Banque mondiale.
A Saïda (sud), des dizaines de personnes ont fait la queue mardi devant une compagnie de distribution de gaz munis de bonbonnes vides.
"Y a-t-il plus humiliant?", s'est indigné Mohammad Ali Hassan. "Que Dieu maudisse les autorités".
A Akkar (nord), les distributeurs de gaz font face à une ruée "sans précédent", a indiqué l'Agence nationale de l'information.
La classe dirigeante, largement honnie par la rue, est accusée de laisser le pays couler.
Le Liban est déjà à court d'essence, de fioul et de médicaments, tandis que les coupures de courant atteignent plus de 22 heures par jour.